Michel Legrand est tombé dans la marmite de la musique dès sa naissance. En effet il est le fils de Raymond Legrand (1908-1974), Chef d’orchestre et compositeur notamment pour la musique de film. Il est aussi un théoricien de musique et a écrit des ouvrages sur l’harmonisation, l’instrumentation et l’orchestration. Raymond Legrand a épousé la sœur de Jacques Hélian. De cette union naîtra donc Michel et Christiane.
Par son père qui durant l’occupation reprend le flambeau du jazz à la place de Ray Ventura parti en zone libre, il sera influencé par le jazz.
Michel Legrand entre au conservatoire de Paris de 1942 à 1949 et étudie notamment dans la classe de Nadia Boulanger (1887-1979) pianiste, organiste, chef d’orchestre et de chœur mais surtout pédagogue parmi les plus influents de l’époque. IL ressort pianiste virtuose et compositeur en devenir.
En 1951 Michel Legrand écrit ses premiers arrangements pour l’orchestre jazz de son père. Il se fait ainsi connaître de quelques artistes qui lui demandent des partitions. Henri Salvador, Zizi Jeanmaire, Catherine Sauvage…
En 1952 il fait les arrangements pour une de ses idoles du jazz, le trompettiste Dizzie Gillespie (1917-1993) qui vient de quitter les Etats-Unis pour s’installer en France quelques temps.
Les années 1950 sont par ailleurs essentiellement consacrées au jazz. En 1954 il arrange des tubes français en version jazz. Puis il prend la tête de big bands. Son album « Legrand Jazz » est une sorte de consécration il y dirige les grands jazzman du moment (Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans).
Même si dans les années 1950 il a composé une poignée de musiques de film, ce n’est qu’en 1960 qu’il commence à s’y consacrer véritablement. Il écrit entre autres pour Agnès Varda avec « Cléo de 5 à 7« , Jean-Luc Godard avec « Une femme est une femme » (1961) « Vivre sa vie » (1962) et Jacques Demy avec lequel il connaîtra une collaboration hors normes.
Avec Jacques Demy il invente la comédie musicale à la française. Cela commence par « Les parapluies de Cherbourg » (1964) dont la forme est totalement innovante. Toutes les dialogues sont chantés. Le résultat est à la fois stupéfiant et irritant.
Les comédies musicales suivantes n’emprunteront pas cette voie et alterneront dialogues courants et chants. « Les demoiselles de Rochefort » (1967), « Peau d’âne » (1970), deux immenses succès public. « Une chambre en ville » (1982), « Parking » (1985), « 3 places pour le 26 » (1988). Les deux derniers seront des échecs.
Il travaillera pour trois grandes comédies de Jean-Paul Rappeneau « La vie de château » (1966), « Les mariés de l’an II » (1971), « Le sauvage » (1975).
Dans la deuxième partie des années 1960 il s’installe à Los Angeles. Sa nomination aux Oscar pour les parapluies de Cherbourg ainsi que quelques solides amitiés (Quincy Jones et Henry Mancini) lui permettent d’accéder à la Babylone du cinéma.
1968 il compose pour un thriller chic « L’affaire Thomas Crown » (« The Thomas Crown Affair« ) pour Norman Jewison avec Faye Dunaway et Steve MacQueen. Il dégaine une chanson sublime avec un air entêtant « The windmills of my mind », « Les moulins de mon cœur » en français. Premier Oscar pour la chanson originale. La chanson maintes fois reprise dans les langues les plus diverses et variées, avec des orchestrations plus ou moins inspirées et des voix pas toujours très assurées.
Deux ans plus tard il compose pour un film de Robert Mulligan « Un été 42 » (« Summer of ’42« ). Oscar pour la bande originale. La bluette de Mulligan, en grande partie grâce à la musique de Michel Legrand, est un succès populaire.
Les années 1960-1970 sont très fructueuses sur le plan cinématographique. « Enfants de salauds » (« Play dirty« ) (1968) de André de Toth, « Destination Zebra, station polaire » (« Ice station zebra« ) (1968), « Un château en enfer » (« Castle keep« ) (1969) de Sydney Pollack, « Le messager » (« The go-between« ) (1970) de Joseph Losey, « La maison de poupée » (1973) de Joseph Losey, « Breezy » de Clint Eastwood (1973), « Les trois mousquetaires » (1973) de Richard Lester…
Les années 1980 sont moins prolifiques. Mais pour son amie Barbra Streisand qui réalise et interprète la comédie musicale « Yentl » (1983), il lui écrit la partition. Oscar de la meilleure musique de film!
En 1989 il écrit un scénario basé sur ses mémoires d’enfance durant la deuxième guerre mondiale et le réalise sous le titre de « 5 jours en juin« . Gros échec public.
Michel Legrand à partir des années 1990 continue (de moins en moins) à faire de la musique de film mais il se consacre aussi à des concerts dans des festivals de jazz, ou des tournées en tant que pianiste solo ou accompagné d’un orchestre. Parfois il chante et ce n’est pas ce qu’il fait de mieux.
Sur la fin de sa vie il compose pour des œuvres orchestrales et symphoniques.
Il meurt dans son sommeil aux côtés de sa femme l’actrice Macha Méril le 26 janvier 2019.