Synopsis

Milan années 1970 les années de plombs font rage sur fond d’élection législatives. Les ouvriers et étudiants s’en prennent au quotidien proche de la démocratie chrétienne (DC) « Il giornale » jetant des cocktails molotov à travers les fenêtres. Giancarlo Bizanti, le rédacteur en chef prévient la police et prend bien soin de photographier les dégâts assez minimes. Au même moment le meurtre d’une adolescente secoue la province de Milan. L’enquête se dirige vers les mouvements d’extrême gauche. Un jeune militant fréquentait la victime. Le jeune journaliste Roveda sans grande expérience est dépêché sur les lieux par Bizanti qui a bien l’intention de le manipuler à des fins électorales…

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CRITIQUE

Il est impressionnant de voir comment les scénaristes et réalisateurs italiens ont pris à bras le corps (et très tôt) la problématique des années de plomb et de la politique de tension mise en oeuvre par la démocratie chrétienne. Avec en sous entendu la tentation dictatoriale d’une extrême droite.

Quand la France des années Pompidou et et Giscard était (hormis Yves Boisset) plutôt timorée sur le genre du cinéma politique. Peu ou pas de films sur la guerre d’Algérie et les tentatives putschistes de l’OAS, quasiment rien sur une droite omnipotente depuis la libération qui commence à se pervertir dans des magouilles immobilières et dans des rapports obscurs avec les pays africains récemment décolonisés.

La Nouvelle Vague est déjà à l’agonie prisonnière d’une idéologie restrictive. Le cinéma italien domine l’Europe par sa foisonnante inventivité du drame ou de la comédie. Les plus grands réalisateurs sont transalpins et même des petits maîtres comme Marco Bellocchio parviennent à tirer les marrons du feu et se faire une belle place au soleil.

C’est le cas avec ce film écrit par Sergio Donati qui s’empare d’un fait politique et d’un fait divers réel qui a plus qu’ému la région de Milan.

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Avec ces deux faits non concomitants dans la réalité, il parvient à faire un film qui se tient et rappelle les faits du mouvement bourgeois et réactionnaire nommé « Majorité Silencieuse » créé pour faire face aux troubles de l’extrême gauche jetant de l’huile sur le feu et embrasant encore plus la société italienne.

Marco Bellocchio signe une réalisation carrée. Sa grande réussite est de faire vivre le spectateur la rédaction et la mise sous impression d’un journal. Il a eu aussi le bon goût de mettre en tête de la distribution Gian Maria Volonté acteur éminemment politique. Aussi doué pour jouer les fascistes que les communistes.

Laura Betti est assez sensationnelle en femme mûre bafouée par un jeune homme qui profite de sa solitude.

Enfin la musique de Nicola Piovani qui n’est pas un grand mélodiste comme Armando Trovajoli, Piero Umiliani ou Ennio Morricone signe une musique fonctionnelle et pas désagréable.

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Giancarlo Bizanti regarde la télévision avec sa femme. Celle-ci gobe la propagande diffusée. Son mari cynique et écœuré par la naïveté de sa femme la traite de tous les noms d’oiseaux.

L’ANECDOTE

Sergio Donati scénariste de Sergio Leone pour les trois derniers westerns italiens devait réaliser ce film. Mais un désaccord avec Gian Maria Volontè a fait qu’il y a renoncé.

NOTE : 14/20

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