Synopsis
François Donge se réveille dans une clinique, il vient de subir un empoisonnement et son estomac lui donne des douleurs insoutenables. Ce serait sa femme Elisabeth (Bébé) qui lui aurait versé le poison dans son café. François Donge est un riche entrepreneur dont la fortune vient du tannage et de la vente de peaux. Mais il a aussi des parts dans divers secteurs de l’industrie. C’est un coureur de jupons. En rentrant de Paris où il est allé pour affaires mais aussi pour préparer le mariage de son frère, il croise dans un magasin de la place de la Madeleine une jeune femme qui rafle tous les loukoums, il tente de négocier avec elle, en vain…
CRITIQUE
Enfin Danielle Darrieux obtient un rôle qui ne la cantonne plus dans celui de la jeune femme légère. C’est son ex mari Henri Decoin qui lui offre son premier rôle dramatique.
Son interprétation de la jeune femme idéalisant l’amour et qui 10 ans plus tard se rend compte qu’elle s’est fourvoyée avec l’homme qu’elle a épousé est assez saisissante. Il faut la voir vêtue de noir hanter la chambre de la clinique où son mari agonise. Elle même n’est plus qu’un fantôme.
Le portrait du mari qui au début de son mariage veut en finir avec sa vie d’homme volage, mais qui peu à peu replonge dans ses travers est tout aussi réussi.
Jean Gabin bien qu’il ne soit pas tête d’affiche (c’est Danielle Darrieux qui est créditée la première au générique et en très gros plan sur l’affiche) montre qu’il n’a pas perdu son talent durant la guerre et que l’on peut encore compter sur lui bien qu’il ait physiquement changé et que sa toison ait blanchie.
Henri Decoin et son scénariste Maurice Aubergé noircissent le roman de Georges Simenon duquel est tiré ce film. Ils font bien ce n’en est que plus fort.
Ils utilisent l’effet du flash-back et de la date anniversaire du mariage pour dramatiser leur propos faire avancer le récit et donner du contraste sur les relations du couple au fil des ans. Excellent travail.
Aujourd’hui le film ne correspond plus aux mentalités de ce début de XXI ème siècle, mais il aura la force dramatique pour traverser les âges et voir que dans la bourgeoisie de l’après guerre, des marieuses intervenaient dans la formation des couples où l’intérêt financier était tout aussi primordial que celui des personnes à vivre ensemble. Il soulignera aussi que le vernis compte bien plus que la matière qu’il couvre. Ainsi le crime sera-t-il occulté le plus longtemps possible à la société.
La musique de Jean Jacques Grünenwald contient un morceau époustouflant avec un solo de piano magnifique.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La lugubre scène de la fête de l’anniversaire de mariage des deux frères qui s’achève par l’arrivée du juge d’instruction et d’un commissaire de police.
L’ANECDOTE
Le film lors de sa sortie en salles est un échec. (300 000 entrés à Paris et 1.2 millions en France, de nos jours ce serait vu comme un résultat encourageant) Ce n’est que le temps passant que le film trouve sa place dans le panthéon du cinéma français.