Synopsis
Rome, années 1980, Annibale Salvemini, est un procureur adjoint. Depuis des années il monte des dossiers de prévarications dans les cercles de l’industrie et de la politique. Mais le juge pour lequel il travaille est un homme prudent qui ne signe pas à la légère des ordres d’arrestation. Il fait tourner plus de 7 fois sa plume entre ses doigts avant d’engager les procédures judiciaires contre les puissants. Annibale allie plaisir et travail et va en boîte de nuit quand ses futures victimes y vont pour observer ses relations. C’est là qu’il rencontre un ancien ami d’enfance Corrado Parisi…
CRITIQUE
Derniers soubresauts de la comédie à l’italienne. Celle vacharde qui dépiaute au scalpel la société italienne, ses petites gens et ses grands industriels, ses politiciens pas nets, ses bourgeois égocentriques et ses magouilleurs à la petite semaine qui tâchent de survivre la comédie italienne des années de plomb sans concession…
Alberto Sordi (1920-2003) un des quatre piliers de ce genre cinématographique typiquement transalpin avec Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman et qui dès 1966 a décidé de se lancer (en partie) à la réalisation depuis 1966 et son premier film « Fumo di Londra » signe ici son 15 ème film et son 140 ème rôle.
Et quel film! Genre d’objet prémonitoire de ce qui se passera l’année 1992 avec une opération « Mains propre » (mani pulite) lancée par un pool de juges à Milan dans laquelle le financement occulte des partis politiques « tangentopoli » est mis à jour et décimera en quelque mois les partis politiques italiens, parmi lesquels la Démocratie Chrétienne (DC) et le Parti Socialiste Italien (PSI).
Et de « tangente » (pot-de-vin) il en est grandement question dans le film.
Quelques centaines de millions de lires par-ci quelques milliards par là, le juge romain Annibale Salvemini, fait feu de tout bois et lance une vaste vague d’arrestation qui va de la chanteuse au journaliste, en passant par un industriel du pétrole et un ministre, même un moine est pris dans le filet pour avoir abrité dans son abbaye corrupteurs et corrompus. Tout cela le ramène vers Corrado Parrisi, son ami d’enfance récemment retrouvé (tiens donc?) et dont le métier est « homme d’influence ». Le genre de personnage à vous offrir des costumes sur mesure à 6000 euros pièce. Et à vous foutre dans la merde alors que vous vous présentez à l’élection présidentielle d’une façon ou d’une autre… suivez mon regard…
Comme l’on est dans la comédie à l’italienne tout cela va prendre des proportions inattendues pour le magistrat. Et le spectateur de rire des malheurs judiciaires des uns et des autres.
Alberto Sordi et ses scénaristes Rodolfo Sonego et Augusto Caminito ne signent pas le meilleur film du genre. Cependant celui-ci conserve quelques bonnes scènes comme les interviews du juge sur les marches du palais de justice. Et aussi les scènes où il doit justifier son amitié avec Corrado Parisi.
Alberto Sordi les cheveux frisottés qui lui tombent sur les épaules est bien entendu impérial. C’est le grand art dans l’interprétation au service de la comédie à l’italienne de laquelle Alberto Sordi est rarement sorti.
Il écrase de par sa présence le reste de la distribution. Même Joe Pesci est d’une sobriété inhabituelle et ses apparitions ne sont pas si nombreuses. Quant à Dalila Di Lazzaro elle est carrément transparente et ses scènes chantées font un peu remplissage.
La musique de Piero Piccioni de par le montage annonce à l’avance le ton des scènes à venir. Cela donne une étrange sensation.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Annibale Salvemini remplace son supérieur qui part à la retraite. Au moment de fermer la porte, il demande un ultime conseil. Son ex supérieur lui dit de penser à Talleyrand : « Surtout pas trop de zèle« . Image d’après : les voitures de police sillonnent la ville pour exécuter plus de 150 arrestations.
L’ANECDOTE
« Tutti dentro » signifie « Tous dedans« . Sous entendu « Tous en prison« .