Synopsis
Une ville de la côte méditerranée fin des années 1980, Bernard Barthélémy propriétaire d’une concession automobile reçoit Colette Chevassu une nouvelle secrétaire intérimaire. Dès leur premier regard les deux se sentent attirés. Colette est physiquement un peu tarte elle n’est pas repoussante pour autant. Mais Bernard est marié à Florence femme sublime. Il vit dans une somptueuse demeure, il a deux enfants dont l’aîné d’une dizaine d’années fait un exposé sur le musicien romantique Franz Schubert…
CRITIQUE
Après le triomphe de « Tenue de soirée » (1986), Bertrand Blier a de l’ambition.
Beaucoup d’ambition.
Il se lance dans l’écriture d’un film compliqué à monter financièrement et à réaliser, finalement c’est trop compliqué et le scénariste-réalisateur abandonne. Il puise alors une nouvelle inspiration dans un aspect de sa vie. Et avant d’écrire quoique ce soit, téléphone aux trois futurs acteurs de sa nouvelle idée.
Tous trois acceptent le pitch d’un Gérard Depardieu marié à Carole Bouquet qui trompe sa femme avec Josiane Balasko.
Film écrit assez facilement et assez rapidement, Bertrand Blier avec « Trop belle pour toi » va tourner un de ses meilleurs films. Et le dernier de ses grands films.
Film très déstructuré où le réalisateur met sur le même plan le vécu et le fantasme, le présent et le passé, le dialogue et le monologue. Le montage est tellement minutieux que jamais il ne perd le spectateur dans ses incessantes ruptures.
Les dialogues sont magnifiques, et Blier utilise moins la provoc’ que dans son opus précédent, emporté par l’esprit romantique de l’oeuvre. Les dialogues provoc’ sont portés par Didier Bénureau en homme envieux de la femme de son ami.
Bertrand Blier fait tourner sa caméra autour des personnages. Il filme aussi souvent à travers les vitres (au garage ou au motel), jouant des reflets ou des éléments extérieurs (la pluie). La photographie élégante de Philippe Rousselot offre un magnifique écrin au film.
Le trio d’acteurs est superbe.
Notons aussi la belle performance de François Cluzet dans un second rôle d’écrivain besogneux trompé par sa petite amie.
Carole Bouquet en femme trop belle et bafouée parvient à casser son image de femme froide. Glaciale dans « Buffet froid » du même réalisateur dix ans auparavant.
Josiane Balasko cantonnée au cinéma comique révèle son potentiel dramatique. Et ce n’est pas rien!
Quant à Gérard Depardieu génie de l’interprétation est toujours à l’aise chez son ami Bertrand Blier. Il signe ici une remarquable prestation comme toujours avec ce réalisateur, qui, je pense ne doit pas trop lui lâcher la bride. Car Depardieu n’est jamais meilleur que quand il est bel et bien dirigé.
Enfin la musique majoritairement issue de l’oeuvre de Franz Schubert est renversante. Elle transcende le film et son propos.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Bernard a quitté le motel où il retrouve sa maîtresse Colette. Florence entre alors dans la chambre où Colette est encore nue dans son lit. A lieu la grande explication entre les deux femmes. Scène sensible, intelligente, juste (dans le ton), Bertrand Blier cinéaste qui habituellement maltraite les femmes se révèle ici d’un féminisme étonnant.
L’ANECDOTE
Le film reçoit 5 Césars. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure actrice pour Carole Bouquet et meilleur montage pour Claude Merlin.