Synopsis
Montauban, Fernand Naudin ex-truand vend des machines agricoles. Il reçoit un télégramme de la part d’un ami Louis dit « Le mexicain » lui demandant de venir à Paris d’extrême urgence. Et en effet louis le reçoit sur son lit de mort et fait de lui son héritier et le tuteur de Patricia, sa fille qu’il ne veut pas laisser entre les serres des vautours qui pourraient bien la mettre au tapin. Car Louis dit « Le mexicain » est un malfrat de grande envergure qui possède maison close, tables de jeux clandestins, distillerie clandestine… Fernand Naudin promet de prendre la succession ce qui ne plaît pas du tout aux frères Volfoni pas plus qu’à Théo qui gère la distillerie ou Tomate qui gère la table de jeu clandestin. Avec le notaire Folace, Fernand Naudin devra gérer le patrimoine de Louis, les frasques de Patricia, et les tentatives d’assassinats sur sa personne…
CRITIQUE
Tiré d’un roman d’Albert Simonin intitulé « Grisbi or not grisbi » et qui se présente comme être la suite de « Touchez pas au grisbi » de Jacques Becker (1954) et « Le cave se rebiffe » de Gilles Grangier (1961).
Michel Audiard étant passé par là pour ciseler les dialogues, ce n’est plus au film noir que nous avons droit mais à une comédie. Et la réalisation étant de Georges Lautner, passé maître de la parodie du genre noir avec « Le monocle noir » (1961) et « L’œil du monocle » (1962), « Les tontons flingueurs » est une parodie de film noir.
Cette comédie est magnifique et se bonifie avec les années. Etant devenue pour beaucoup de français un film culte. Notamment pour ses dialogues parsemés d’argot et de formules à l’emporte pièces hilarants. Mais les situations loufoques y sont aussi pour beaucoup ainsi que les multiples coups de feu au canon à silencieux dont le bruitage est parodié.
L’interprétation est des plus adéquate pour ce genre de film, Francis Blanche ajoutant une touche de folie dont il a le secret.
Lino Ventura dont le talent comique se révèle au grand jour est impérial.
Et l’on peut regretter que Jean Lefebvre si bon dans ce film se soit tant laissé aller dans sa filmographie future.
Le jeune Claude Rich joue avec délectation les grands dadais et le joli cœur.
L’actrice allemande Sabine Sinjen (1942-1995), est doublée par Valérie Lagrange. Elle était dans la distribution avec son compatriote Horst Frank (1929-1999) et de l’italien Venantino Venantini. Car le film est une coproduction franco-italo-allemande.
Georges Lautner remplacera Sabine Sinjen avantageusement par Mireille Darc pour son prochain opus « Les barbouzes » (1964).
Michel Magne a écrit un thème pour ce film qu’il décline en plusieurs styles: rock, twist, classique, burlesque, religieux etc… Étonnant travail.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Bien entendu la scène des toasts dans la cuisine de la maison de Louis « Le mexicain » le soir de nouba. L’alcool bizarre coule à flot, les souvenirs aussi, jusqu’au « touche pas au grisbi salope! » lancé par maître Folace à une invitée voulant faire main basse sur des billets posés sur la table. Ce film sera emblématique du travail de dialoguiste de Michel Audiard.
L’ANECDOTE
Curieusement la scène des toasts (aujourd’hui jugée comme la meilleure scène du film) a bien failli ne pas voir le jour, Michel Audiard la trouvant inutile.