Synopsis
Catherine Berger sort de prison après 15 années d’emprisonnement pour meurtre et vol. Elle et son fiancé ont voulu se venger du viol qu’à subi Catherine par le directeur de la banque dans laquelle ils travaillent. A son entrée en prison, et apprenant que son fiancé, s’est suicidé dans sa cellule, elle ne trouve que le moyen de se faire faire un enfant pour s’accrocher à un espoir. Son avocat refusant de lui faire l’enfant, elle se rabat sur un infirmier de la prison suite à un faux suicide. A sa sortie Catherine se rend à Aix en Provence où l’éducation de son fils Simon est assurée par l’Assistance Publique…
CRITIQUE
Il faut être Claude Lelouch pour s’attaquer à pareil sujet plus que casse-gueule.
Il fallait une fougue et un aplomb incroyable pour emporter le spectateur sur les chemins scabreux qui flirtent avec l’inceste.
Mais voila il y a le scénario malin de Claude Lelouch qui noie le poisson dans des flash-backs et flash-forwards, mais surtout dans des scènes aux dialogues improvisés dans une trame bien définie et interprétée par trois extraordinaires actrices : Catherine Deneuve, Anouk Aimée et Colette Baudot.
Cette dernière est la costumière du film et des deux précédents films de Claude Lelouch. Elle est ici la mère du fiancé suicidé. Son interprétation est une merveille de naturalisme.
Catherine Deneuve est évidemment sublime. Forcément sublime.
Le foulard sur la tête lui sied à merveille. Elle est dans les années de sa pleine beauté. Mais en plus elle a un talent incroyable, ce qui ne gâche rien.
Anouk Aimée a le personnage le plus difficile à défendre (son rôle est plus court, elle interprète une quarantenaire qui séduit un jeune homme de la moitié de son âge) et malgré les embûches s’en sort haut la main.
Jean-Jacques Briot (deux films et un téléfilm en tout et pour tout dans sa carrière d’acteur) est lui aussi à la hauteur du défi.
Voir et revoir Charles Denner est un bonheur immense. Cet acteur était grandiose et dans ce rôle d’avocat attiré par sa cliente mais assez sage pour n’y point succomber il a une sacré épaisseur.
Personnellement j’ai été moins conquis par le jeu de Francis Huster. Mais son rôle de prof d’histoire que tout le monde rêverait d’avoir est suffisamment fort pour que la pilule passe.
Le Claude Lelouch des années 1970 ne s’embarrasse pas encore d’un fatras de superstitions, et ne cherche pas à philosopher avec des concepts à trois francs six sous qui le perdront en partie dans les années 1980-1990.
Il cherche simplement à donner à ses acteurs la possibilité de s’offrir des instants de pure liberté et de sincérité. Là réside la force de son cinéma.
Ce film ne manque pas de lyrisme certains jugeront qu’il tire un peu trop sur les glandes lacrymales.
Claude Lelouch nous permet de visiter les appartements « fonctionnels » des très controversées tours Aillaud de Nanterre avec vue sur le quartier de La Défense alors en pleine construction (Elles seront achevées en 1981).
Enfin Francis Lai trouve une jolie ritournelle à défaut d’une superbe musique de film. L’air nous trotte dans la tête quelques heures après le visionnage du film.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Catherine et Lucienne le gâtent le petit Simon. Catherine lui offre un gros radio-cassette tandis que Lucienne lui mitonne du homard. Ce qui encourage Simon à faire sans vergogne du pied à Catherine durant le repas. Improvisations tout à fait réussies du trio d’acteurs.
L’ANECDOTE
Claude Lelouch qui veut briser l’image de Catherine Deneuve lui redonnera un rôle de reprise de justice dans le merveilleux « A nous deux« .