SEULE CONTRE LA MAFIA

Synopsis

Une petite ville de la Sicile (non précisée) dans les années 1960, Don Antonino Stella, boss local de la mafia, attend entouré de sa famille et de ses conseillers, que les carabiniers viennent l’arrêter. Il envoie son neveu Vito Juvara au poste de commandement comme vas-y-dire, avec pour message qu’il est prêt. Il revient auprès de son oncle qui l’adoube comme nouveau chef et lui tend sa canne comme un sceptre. L’oncle lui conseille de se trouver une femme et si possible une pauvre car elle serait déjà soumise.  Vito jette son dévolu sur la belle et très jeune Francesca Cimarrosa 15 ans à peine. Mais autour d’elle tourne un cousin que Vito Juvara menace de mort s’il ne s’éloigne pas de Francesca. L’importun écarté, il n’a guère de mal à séduire Francesca…

CRITIQUE

Si Damiano Damiani (1922-2013) prend quelques précautions en début de film pour nous annoncer que toute ressemblance avec des faits et (ou) personnages existant ou ayant existé… etc… etc… il ne dupe personne.

Car son histoire fait furieusement rappeler le cas de Franca Viola jeune fille de 15 ans fille d’agriculteur qui s’est fiancée à un neveu d’un boss de la mafia d’Alcalmo. Mais le jeune mafieux se fait arrêter pour vol, la famille demande de rompre les fiançailles. Le clan mafieux réagit par représailles, puis le neveu est relâché. Quelques temps après a lieu l’enlèvement et le viol par l’ex fiancé de Viola. Ce qui permet au violeur de négocier un mariage d’honneur. Celle-ci et sa famille combattront le violeur jusqu’à son arrestation. Franca Viola devient une icône de l’émancipation de la femme sicilienne et plus généralement italienne.

Deux ans après « La mafia fait la loi » (« Il giorno della civetta« ), Damiano Damiani continue de creuser un de ses sillons préféré : la lutte contre la mafia.
Et pour ce film il met en exergue la révolte d’une femme contre sa condition d’objet sexuel vis-à-vis d’un mafieux et souligne plus les dégâts que fait la mafia sur le peuple de Sicile que la lutte policière contre la mafia. Ce qu’il a fait dans son film précédent et fera dans son film suivant « Confession d’un commissaire de police au procureur de la République » (1971).

Le portrait de la Sicile entre petite ville et campagne de la fin des années 1960 n’épargne guère les siciliens soumis comme les parents de Francesca, où les curés porteurs du message de soumission comme le fait la mafia. Sans parler des femmes qui ne supportent pas que l’une d’elle se rebelle contre cet ordre établi depuis des lustres.

Même si ce film est un peu en deçà des deux qui l’entourent, il possède 2 atouts majeurs.
Tout d’abord les interprétations incroyables d’Ornella Muti et Alessio Orano, qui tous deux, débutent au cinéma et portent le film sur leurs épaules.
Je n’oublie pas Gaetano Cimarrosa, grande figure sicilienne du cinéma qui, une fois de plus, donne de la consistance à son personnage.

Ensuite la musique du maestro Ennio Morricone qui en cette année 1970 signe pas moins de 15 musiques de film. Dont 4 chefs d’œuvres. « La califfa » « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » « Metello » et enfin « Seule contre la mafia« . Pour cette « colonne sonore » il utilise la guimbarde symbole de l’Italie traditionnelle comme instrument principal à laquelle répond la voix de la soprano Edda dell’Orso qui représente le combat solitaire de Francesca. C’est assez saisissant et incroyablement efficace sur le plan narratif.

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Après avoir mis le feu à la grange de ses parents, Francesca est rejetée par son père. Ornella Muti grandiose dans une scène de tension avec Gaetano Cimarrosa.

L’ANECDOTE

C’est en accompagnant sa sœur sur le casting du film qu’Ornella Muti 14 ans est choisie par le réalisateur pour tenir le rôle principal féminin du film. Elle deviendra la femme de Alessio Orano cinq ans plus tard. Mariage qui tiendra 6 ans.

NOTE : 13/20