REFLETS DANS UN ŒIL D’OR – Version restaurée et dorée (2014)
- Brian Keigh, Elizabeth Taylor, Julie Harris, Marlon Brando, Robert Foster, Zorro David
- John Huston
- Drame
- 1967
- Reflections in a golden eye
- USA
- Chapman Mortimer, Gladys Hill
- Toshirô Mayuzumi
Synopsis
Années 1960 dans un fort du sud des Etats-Unis (vraisemblablement le Georgie), le capitaine Weldon Penderton commandant formes de jeunes militaires en vue de devenir des stratèges au leadership incontestés. Sa femme Leonora profite de son temps libre pour faire des promenades à cheval avec son amant le major Morris Langdon. Leonora et Morris sont tous deux frustrés par leur moitié. Penderton est impuissant et Alison Langdon a de grands problèmes psychiques. Leonora n’hésite pas à flatter en parole son bel étalon Firebird en rabaissant ainsi son mari. Les deux couples passent souvent leurs soirées ensemble. Tandis que Leonora et son amant Morris jouent aux cartes, Alison tricote et discute avec Weldon. Quand chacun est rentré chez soi les deux couples font chambre à part. Un soldat attend que tout le monde soit endormi pour pénétrer chez les Penderton, s’introduire dans la chambre de la femme et la veiller chastement chaque nuit…
CRITIQUE
1967 l’écrivain Carson McCullers décède d’une hémorragie cérébrale. Et John Huston qui la connaît très bien tourne un de ses meilleurs romans « Reflets dans un œil d’or » publié en 1941. Mélange de récit autobiographique et de roman.
Et il y met tout son savoir faire le grand John Huston. En cinq minutes et sans que ce soit souligné par les dialogues le spectateur comprend les frustrations sexuelles des deux couples.
Quasiment parfait sur la forme John Huston filme ces deux couples à la dérive. L’homosexualité rentrée du commandant de la base, les provocations sexuelles de sa femme, la bêtise crasse de son amant et la folie de la femme de ce dernier.
L’armée n’est pas à la fête : A la recherche de leadership dans les rangs de ses officiers, ceux-ci sont plutôt entrain de s’étioler dans une sorte de dégénérescence mentale dans leur caserne.
On a beau y étudier « De la guerre » de Carl Von Clausewitz référence sur la stratégie militaire, il n’en demeure pas moins que l’armée que l’on voit ne semble guère prête à un quelconque conflit. Armée tenue par de petits boutiquiers perclus par leur non-sexualité on ne donne pas cher de leur peau.
John Huston a-t-il pressenti le désastre vietnamien qui s’annonce?
Casting superbe. Marlon Brando remplace Montgomery Clift décédé quelques mois avant le tournage et je pense plutôt avantageusement.
Elizabeth Taylor 35 ans est sublime de beauté, mais on sent que c’est une beauté déjà fragilisée. La vie avec Richard Burton qui par ailleurs a refusé de tourner dans ce film, n’étant pas de tout repos.
Ces deux-là bouffent l’écran de leur présence.
John Huston est secondé par l’italien Aldo Tonti qui signe une photographie magnifique.
Il a aussi demandé au japonais Toshirô Mayuzumi de lui composer une musique d’une rare distinction et d’une précision millimétrique par rapport à l’image.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
L’arrivée en train du couple Langdon à la gare où la femme sera dorénavant internée. Du grand art signé Huston/Tonti/Mayuzumi.
L’ANECDOTE
Le film est sorti initialement avec un traitement spécial donnant une couleur dorée au film avec de-ci, delà des objets avec leur propre couleur. Mais le film est un échec. Une deuxième version ressort en couleurs. Le succès n’est guère plus présent.