Synopsis
Paris années 1950, Henri Ferré dit « Le nantais’ rentre des Etats-Unis. Il est appelé par Paul Liski un chef de réseau de transformation et de revente de drogues, pour restructurer la pyramide de distribution du réseau. Il aura un restaurant comme couverture et deux hommes de main Roger « Le catalan » et Bibi s’occuperont du sale boulot. Mais Henri « Le nantais » est dès son arrivée à l’aéroport suivi par la police des mœurs et le commissaire Fernand…
CRITIQUE
Le film est l’adaptation d’un roman d’Auguste Le Breton sorti un an plus tôt par lui même aidé d’Henri Decoin et Maurice Griffe.
Les dialogues savoureux qui annoncent la gouaille future des Frédéric Dard, Alphonse Boudard et Michel Audiard restent d’Auguste Le Breton.
Le film s’approche parfois du reportage sur un milieu méconnu du grand public. Le trafic de drogue en bande organisée, en est à ses débuts. D’ailleurs la production du film met en garde le public sur l’aspect nocif sur de ces nouveaux produits appelés drogues.
Toute la chaîne des stupéfiants de l’importation, en passant par la transformation, la revente en demi gros et en gros ainsi que le deal dans les bars et les boites de nuit est passée au crible.
Outre cet aspect instructif, le côté policier n’est pas négligé et le casting de choc est là pour relever l’aspect docu.
Jean Gabin en taulier qui en sous-marin remet en ordre de marche un réseau de trafic est très convaincant.
Inutile de dire que Lino Ventura en tueur sans foi ni loi l’est tout autant.
Et les seconds rôles sont du même tonneau.
Lila Kedrova nous émeut aux larmes en dealeuse qui a plongé dans la drogue et se trouve en grande détresse morale et sentimentale.
Magali Noël (24 ans) parvient à nous faire croire à son histoire d’amour avec le quinquagénaire Jean Gabin. Une prouesse!
La musique de Marc Lanjean empesée du générique de début se fait plus jazzy dans le film au fur et à mesure des visites des boîtes de nuit.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Lea sous l’emprise de l’alcool veut finir la soirée avec Henri Le Nantais « chez les bougnoules« . Elle se lancera dans une danse torride avec un noir. Et on l’imagine prise « en tournante » (de nos jours on dit « gang bang ») par tous ces mâles nègres et camés. Scène tout à fait saisissante. Lila Kedrova est exceptionnelle.
L’ANECDOTE
Henri Decoin avant de faire carrière au cinéma est journaliste sportif. Il se lance dans un récit d’un combat de boxe intitulé « Quinze rounds » vu de manière subjective par un des deux pugilistes. Cela donne un style haché et forcené. Le mouvement Dada (ancêtre du surréalisme) en fera un de ses textes préférés. Par cette notoriété il commencera à écrire pour le théâtre puis le cinéma.