Synopsis
Bords du Missouri des dizaines de chariots sont rassemblés, des centaines de personnes s’apprêtent à traverser l’ouest sauvage du pays. Ils arrivent par la terre ou par bateau. Pour aller vers cet inconnu ils désignent un certain Red Flack comme conducteur de la caravane. Mais Breck Coleman un trappeur soupçonne Red Flack et son complice Lopez d’avoir assassiné son meilleur ami pour quelques peaux. Il rentre dans le convoi en tant qu’éclaireur…
CRITIQUE
Western historique pour plusieurs raisons. Il se situe parmi les premiers films parlants. Son tournage implique des défis techniques avec beaucoup d’extérieurs et jusqu’alors inédits. Il se situe dans les années pré-code Hays qui entrera en vigueur en 1934 et censurera les films sur leur moralité sexuelle (mais pas que).
Enfin c’est le premier grand rôle pour John Wayne. Mais un grand rôle qui ne lui apporte pas la renommée. Le film ne rencontrant pas un succès auprès du public, l’acteur paye cher cet échec. Il devra attendre 9 années et « La chevauchée fantastique » (« Stagecoach« ) de John Ford pour retrouver un grand réalisateur et quitter les séries B qui lui permettent de vivoter.
Le film de Raoul Walsh est une alternance de scènes désuètes et de scènes très spectaculaires. En effet les 20 premières minutes de présentation des personnages et d’installation de l’action à venir, situées sur les rives du Missouri sont plutôt maladroites, car très dialoguées, exercice je le rappelle quasi expérimental au cinéma qui entre dans l’ère du parlant depuis 1929.
Ceux-ci sont soit naïf, soit ridicules, soit superfétatoires. John Wayne balbutie un peu son jeu, et Tyrone Power Sr. en fait des tonnes.
Mais quand enfin la caravane s’ébranle et part pour une année de périple, que les obstacles vont aller s’enchaînant les uns aux autres, le film prend alors une dimension épique assez extraordinaire. Les prouesses de tournages en décors naturels et avec une figuration pléthorique sont dignes de l’épopée, et le film nous tient en haleine jusqu’au bout et sa somptueuse fin dans la forêt de séquoias.
Raoul Walsh sait mieux que personnes utiliser ses plans larges qui ne sont pas que contemplatifs. Dans les arrières champs se déroule la vie quotidienne des conquérants de l’ouest, tandis que l’action se déroule au premier plan et c’est prodigieux.
Raoul Walsh sait aussi proposer des plans dignes de tableaux comme ces plans à la grue sur l’avancée de la caravane sur une plaine, se dirigeant vers les montagnes qui se dessinent sur un coucher de soleil.
La musique est assez inégale. Normal. Pas moins de 5 compositeurs ont participé au soundtrack.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Un immense ravin coupe la route de la caravane, les pionniers abattent les arbres et construisent d’immenses palans pour descendre les chariots le long de la falaise. Raoul Walsh prend le temps de filmer cette descente fantastique et non sans risque de dégâts, des chariots au fond du ravin. Grandiose!
L’ANECDOTE
En 2006 « La piste des géants » (« The Big Trail« ) est sélectionné pour figurer dans la liste des films du National Film Registry. C’est un ensemble de films sélectionnés par le National Film Preservation Board pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis. À la fin de chaque année, et depuis 1989, environ 25 titres sont ajoutés, sélectionnés pour leur «importance culturelle, historique ou esthétique » et datant de plus de dix ans.