Synopsis
Petite couronne de Paris années 1980 dans un terrain vague, est découvert le corps sans vie d’un homme. Il a été tué par balle. L’inspecteur Staniland est chargé de l’enquête. Très vite on découvre qu’il s’agit d’un certain Charly Berliner concertiste. Staniland se rend au domicile de la victime. Sa femme qui l’accueille lui fait comprendre qu’il ne vivait plus chez lui et avait une maîtresse. En se rendant dans la garçonnière de Berliner, il découvre des enregistrements dans lesquels Berliner relate ses derniers jours, et sa vie tumultueuse avec une certaine Barbara et aussi la jalousie d’un homme qui l’a passé à tabac peu avant sa mort…
CRITIQUE
Le problème de « On ne meurt que deux fois » (et il est de taille) c’est que Michel Audiard a auparavant signé le scénario et les dialogues de « Garde à vue » (1981) et « Mortelle randonnée » (1983) deux chefs d’oeuvre du film policier français. Et comme il est dans la même veine que les deux précédents (surtout « Mortelle randonnée« ) forcément le spectateur qui a vu les deux précédents films, les prend pour point de référence. Et « On ne meurt que deux fois » a bien du mal à se hisser à leur niveau.
La faute à un scénario qui se languit et une fin de film très décevante.
Les dialogues de Michel Audiard malgré quelques fulgurances ne sont pas non plus aussi affûtés qu’ils l’ont été dans les deux films précédemment cités.
Michel Audiard et Jacques Deray semblent avoir voulu reprendre les caractéristiques du personnage du détective privé de « Mortelle randonnée » en lui ôtant le côté noir. Et donc le personnage de l’inspecteur Robert Staniland (« Bobby pour les dames ») est un poil bancal. Certes il est cynique (et ça permet de d’écrire de superbes dialogues), mais qu’est-ce qui justifie cette attitude?
De même le spectateur ne saisit pas bien ce qui pousse Staniland à s’installer dans l’appartement de la victime et pousse le bouchon jusqu’à mettre ses fringues.
Cependant Michel Serrault est toujours aussi parfait. Et la beauté étrange de Charlotte Rampling et l’érotisme froid qu’elle dégage donnent au film les images inoubliables. Les seconds rôles sont tenus par une génération montante (Jean-Pierre Darroussin, Gérard Darmon, Jean-Pierre Bacri) ou presque (Xavier Deluc, Julie Jézéquel et Riton Liebman).
La réalisation de Jacques Deray s’inscrit dans une « qualité française » qui a fait sa renommée et le fait que des producteurs et des grands acteurs aient fait appel à lui. Mais le genre policier est déjà sur la pente descendante en ce milieu des années 1980. Les français sont biberonnés aux téléfilms et aux séries policières qui se déversent sur le petit écran et semblent ne plus se déplacer pour ce genre de sujet.
Quant à Claude Bolling, il signe une B.O. sans génie mais qui parvient à maintenir le film dans l’ambiance du polar.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Staniland se rend au Pub Royal pour s’épancher sur ses déboires avec Barbara. Le barman lui explique qu’il en a ras le bol de cette nana et des hommes qui viennent pleurer dans son établissement lorsqu’elle les maltraite. Jean-Pierre Bacri déjà très bon.
L’ANECDOTE
Dernier travail pour Michel Audiard. Il meurt sans voir le film achevé qui sort à titre posthume dans les salles.
Bon film. Je me souviens très bien des épisodes de dialogues entre le barman (Jean-Pierre Bacri) et l'inspecteur (Michel Serrault) sur fond de décor intérieur d'un merveilleux restaurant ou pub. Je me demande si c'était un vrai bar? Y a-t-il un bar maintenant?