Synopsis
La nouvelle de la mort de Napoléon arrivant jusqu’à Paris, dans un genre de soulagement général. Cela permet à Talleyrand qui jusque-là ne s’exprimait pas sur l’ancien empereur de narrer ses souvenirs à quelques amis. Cela commence par l’achat de la Corse à L’Italie 53 jours avant la naissance sur cette île d’un certain Napoléon Bonaparte qui intégrera l’académie militaire et fera de l’artillerie sa spécialité. En 1793 il est un des principaux artisans du siège de Toulon qu’il reprendra aux anglais. Le voici promu général de brigade…
CRITIQUE
Personnellement Napoléon n’est pas le personnage historique qui me fascine le plus et de loin! De plus je ne tiens pas Sacha Guitry pour un grand réalisateur, juste pour un faiseur de bons mots d’une misogynie sans borne.
Ceci posé à la vision du film je ne suis pas déçu, une non mise en scène, et quelques saillies sur les femmes sont les principaux atours du film.
Sacha Guitry ne retient de Napoléon que les heures de gloire, point de guerre d’Espagne qui fut un massacre, Trafalgar à peine évoquée au détour d’une phrase, la retraite de Russie escamotée, et Waterloo bâclée.
Bref Sacha Guitry avec de belles œillères voit en Napoléon la gloire de La France et égraine les victoires militaires comme un chapelet sans le moindre recul politique.
Sans évoquer les nécessités de ces guerres napoléoniennes, donnant une impression encore plus affligeante du Corse. Un amoureux de la guerre pour la guerre. Un massacreur de peuple pour sa gloriole. On appelle cela un film contre-productif.
Sacha Guitry se donne le rôle de Talleyrand et aligne les bons mots: « je serai navré si j’apprenais un beau matin que l’Angleterre n’existait plus! – Ah vous avez tout de même dit « un beau matin! » Mais les bons mots cela ne fait pas un film.
Sacha Guitry n’a aucun talent de metteur en scène, et les scènes de batailles sont désastreuses. Des plans fixe de va-et-vient de bribes d’armées, une charge de cavaliers sabre au clair filmée en travelling avec un véhicule mais qui ne va nulle part, une illisibilité complète des stratégies militaires.
Ce n’est guère mieux côté scénariste : les scènes s’enchaînent sans réel lien. Sacha Guitry s’attarde sur des anecdotes peu intéressantes comme la distribution de titres comme on distribue les cartes à une partie de belote et balaye d’un revers de caméra la pérennité de l’héritage napoléonien c’est à dire le code civil. Il oublie aussi de rappeler que l’esclavagisme a repris de plus belle sous l’Empire.
Il est vrai que trois heures c’était un peu limite de raconter toute l’histoire napoléonienne. Aussi qu’a-t-il eu besoin de multiplier les personnages anecdotiques et sans intérêt au détriment de la compréhension historique.
Le bon point du film c’est la belle interprétation de Raymond Pellegrin.
Le compositeur Jean Françaix décoche une sorte d’hymne napoléonien à la fois pompeux et entraînant. Certains peuvent apprécier.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le maréchal Lannes (Jean Gabin) qui sut toujours préserver son franc-parler avec Napoléon et était un des maréchaux les plus apprécié de l’empereur amputé des deux jambes est sur le point de mourir. Il montre le champ de bataille et hurle « Assez! » et meurt. Courte apparition de Jean Gabin et seule scène franchement hostile aux massacres napoléoniens.
L’ANECDOTE
En 1948 Sacha Guitry avait réalisé « Le diable boiteux » film sur Talleyrand que déjà il s’était délecté à incarner.