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Synopsis

rueducine.com-michael-cimino (8)Michael Cimino est quasiment un réalisateur « maudit ». Évoquer le nom de Cimino à un cinéphile c’est faire appel au Nouvel Hollywood et sa fin fracassante avec le désastre financier de son western  « La porte du paradis » (« Heaven’s gate« ) (1980). Le film de 3 h30 qui explose son budget est un échec. Le film est très mal accueilli par la critique qui le traite de mégalomane (au mieux) de marxiste (au pire).
Michael Cimino montre une Amérique qui naît dans la violence, la ségrégation et le racisme contre les migrants issus de l’Europe de l’Est. Les américains se détournent de ce film peu flatteur.
Le studio tente un sauvetage en lui supprimant une heure. Mais peine perdue, c’est un flop terrible. Le studio Universal est en quasi faillite et racheté par la MGM.
C’est la reprise en main des studios par les financiers et non plus par les artistes qui sonne le glas d’une grosse décennie féconde à Hollywood.

Depuis « La porte du paradis » est considéré comme un western essentiel et un chef d’oeuvre.

Michael Cimino a débuté au cinéma en tant que scénariste. Il a notamment co-écrit « Magnum force » de Ted Post, le deuxième volet des aventures de l’inspecteur Harry Callahan, avec le couple Fink et John Milius.
Il propose à un studio son scénario « Le canardeur » (« Thunderbolt and Lightfoot« ). Le studio lui propose de passer à la réalisation. Avec ce film il parvient à faire tourner Clint Eastwood et lance la carrière de Jeff Bridges.
Le film à cheval entre le western et le thriller est un succès.
Cela permet à Michael Cimino de profiter d’un budget bien plus important pour son prochain film. Casting d’une génération montante de grands acteurs (Robert De Niro, Christopher Walken, Meryl Streep…) sujet quasi jamais évoqué frontalement au cinéma : la guerre du Vietnam.
rueducine.com-oscar1« Voyage au bout de l’enfer » (« The deer hunter« ) (1978) de par sa durée, sa violence marque les esprits. Considéré comme un chef d’oeuvre récompensé par 5 oscars. Le film est un gros succès en salles.
Quelques voix cependant s’élèvent contre le film. Certains y trouvent des relents patriotiques un peu trop appuyés et nauséabonds.
Avec ce film on voit un cinéaste qui s’interesse à la communauté. Ici une communauté ouvrière confrontée à un conflit des plus durs qu’aient connu les Etats-Unis.

L’ambition de Michael Cimino décuple.
Il écrit seul le scénario d’un western sur les faits méconnus de la guerre du comté de Johnson survenus entre 1889 et 1893 dans le Wyoming. Le film allie les thèmes de la violence, du racisme, et d’une certaine façon de la lutte des classes et du communautarisme. D’où le procès en marxisme pour le réalisateur à la sortie du film.
Le tournage de « La porte du paradis » est chaotique, il traîne en longueur, le budget prévu n’est pas respecté. Ce western d’un durée inédite pour ce genre (210 minutes) sort précédé des plus folles rumeurs.
Mais la sortie se fait dans une quasi improvisation qui s’avérera préjudiciable. Le sujet est déjà difficile pour le public américain auquel on demande de voir les aspects sombres de la conquête de l’ouest. Celui-ci se détourne donc, malgré les tentatives de rattrapage qui ressemblent plus à de la mutilation. « La porte du paradis » coule et le studio avec.

Michael Cimino devient un pestiféré. Il lui faut 5 ans pour se remettre en selle. Il co-adapte avec Oliver Stone un roman policier de Robert Daley « L’année du dragon » (« Year of the dragon« ) (1985). Excellent polar servi par un Mickey Rourke qui tourne son meilleur rôle.
Si le film rencontre le succès en salles, il se fait plutôt étriller par la critique où cette fois-ci il est perçu comme raciste anti-chinois. La critique confondant, comme souvent, le personnage et l’auteur.
« Quand j’ai fait « Le Canardeur« , on m’a traité d’homophobe (je ne sais toujours pas ce que ça veut dire); quand j’ai fait « Voyage au bout de l’enfer« , on m’a traité de fasciste, après « la Porte du paradis » j’étais marxiste, après « l’Année du dragon« , raciste…» disait-il au journal « Libération », en 2001.

Les films suivants seront de plus en plus difficiles à monter pour Cimino. D’autant qu’ils n’auront pas la puissance des oeuvres précédentes, pas plus que les succès obtenus auparavant.
« Le sicilien » (« The sicilian« ) (1987) est une tentative de biopic sur la vie de Salvatore Giuliano avec comme improbable protagoniste principal Christophe Lambert est loin d’arriver à la cheville du « Salvatore Giuliano » de Francesco Rosi.
Suivent deux thrillers de consommation courante « La maison des otages » (« Desperate hours« ) (1990) remake inutile d’un film noir homonyme de William Wyler de 1955.
Puis « The sunchaser » (1996) oubliable.

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