MAIS QU’EST-CE QUE JE VIENS FOUTRE AU MILIEU DE CETTE RÉVOLUTION?
- Eduardo Fajardo, Leo Anchoriz, Lorenzo Robledo, Paolo Villaggio, Ricardo Garrone, Rosanna Yanni, Vittorio Gassman
- Sergio Corbucci
- Buddy movie, Comédie à l'italienne, Western, Western italien
- 1972
- Che c'entriamo noi con la rivoluzione?
- Italie, Espagne
- Massimo Franciosa, Sabatino Ciuffini, Sergio Corbucci
- Ennio Morricone
Synopsis
Mexique pendant la révolution zapatiste. Le colonel Carrasco sur fond de « I puritani » de Bellini, applique de terribles représailles en fusillant les insurgés par dizaines. Dans les geôles des militaires viennent chercher un prêtre. Le jeune soldat lui dit qu’il n’a rien à craindre : pour lui ce sera des balles à blanc. En chemin vers le peloton d’exécution alors qu’il croise un autre prisonnier, il se souvient. Tout à commencé quand un acteur italien qui s’était grimé en maure Othello et était poursuivi par une horde de mexicains racistes se réfugie dans son église. Guido Guidi (ainsi se nomme l’acteur) se lave à la hâte le visage dans le bénitier, à la grande fureur de Don Albino qui le met à la porte de l’église. Le soir alors que Guido Guidi abandonne « Othello » pour « Richard III », vient le visiter un compatriote qui se dit producteur et qui veut lui financer sa pièce ainsi que sa tournée…
CRITIQUE
Si le film adopte pour toile de fond le western et donc le western italien avec ses codes de violence et son cynisme sur fond de révolution mexicaine, le film est une comédie qui prend même souvent le ton de « comédie à l’italienne« .
Notamment dans la description des deux caractères principaux. L’un qui est un petit curé assez égoïste en somme (il mange son quignon de pain sans en proposer à son compagnon d’infortune affamé), l’autre est un acteur cabot qui surjoue à la vie comme à la scène. Tous deux étant aussi poltrons l’un que l’autre.
Ce film renvoie à quelques chef d’oeuvre de la comédie à l’italienne comme « La grande guerre » (« La grande guerra« ) (1959) (pour les péripéties militaires) ou « Brancaleone s’en va-t’aux croisades » (« Brancaleone alle crociate« ) (1970) (pour le personnage grandiloquent de Guido Guidi) ou encore « Affreux, sales et méchants » (« Brutti, sporchi, cattivi« ) (1976) (pour la scène avec l’horrible et énorme femme qui veut se faire lutiner par le curé parce qu’il est blond).
Le film fonctionne aussi sous forme de buddy movie même si les deux personnages principaux se séparent en fonction des circonstances. c’est toujours pour mieux se retrouver et s’affronter.
Sergio Corbucci qui n’est pas né avec le western italien (il a commencé à tourner en 1951) même s’il a été reconnu par ce genre, fait montre de métier dans la tenue de son film. Le film est rythmé, la comédie alerte. Parfois au détriment de l’aspect western. D’autant qu’un parfum d’improvisation règne sur les plateaux de Sergio Corbucci qui attend des propositions de ses acteurs.
Il va de soi qu’avec Vittorio Gassman et Paolo Villaggio il a été servi.
Vittorio Gassman exulte dans ce rôle d’acteur au cabotinage tellement surdimensionné qu’il en devient pitoyable…et grandiose! Othello, Richard III, Garibaldi, Zapata tout lui sied dans sa démesure. ll traverse aussi le film en cardinal ou en militaire, à cheval, en automobile, en motocyclette, en avion à pied et à la nage.
Paolo Villaggio est moins spectaculaire dans son interprétation que don partenaire magnétique. Il est tout en rondeur. Le buddy movie tourne nettement à l’avantage de Vittorio Gassman, ce qui déséquilibre un peu le film.
Quelques scènes sont ratées comme l’enlèvement de Don Albino en avion plus qu’ improbable. Mais cela reste du détail.
Dans l’ensemble le film fonctionne. Surtout la comédie qui déclenche de belles crises de rires.
A signaler une musique de Ennio Morricone qui au tout début (avec le massacre de la contre révolution) semble écrite en contre-point épouse le propos tragi-comique du film, ajoutant une ironie au pessimisme légendaire cf « Le grand Silence » (« Il grande Silenzio« ) (1968) du même réalisateur.
Cependant la musique du maestro quoique divertissante et enlevée n’entre pas parmi ses chefs d’œuvres. A noter cependant le gros travail d’un des collaborateurs d’Ennio Morricone, Alessandro Alessandroni spécialiste des bruitages humains (sifflets compris).
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène finale où l’acteur déguisé en Emiliano Zapata est prié fermement de mettre fin à la révolution. Final surprise!
L’ANECDOTE
Pour les deux acteurs principaux ceci est leur unique présence dans un western.