LETTRE DU KREMLIN (LA)
- Barbara Parkins, Bibi Andersson, George Sanders, Lila Kedrova, Max von Sydow, Nigel Green, Orson Welles, Patrick O'Neal, Raf Vallone, Richard Boone
- John Huston
- Espionnage
- 1970
- The Kremlin letter
- USA
- Gladys Hill, John Huston
- Robert Drasnin
Synopsis
Etats-Unis fin des années 1960, Charles Rone un jeune Marine est démissionné de l’armée par son supérieur. Il est destiné à entrer dans une agence d’espionnage (hors CIA). Un réseau est monté autour de lui, de personnages aux mœurs étranges ou au dons exceptionnels qui permettront de parvenir à mettre la main sur un document mettant en cause USA et Union Soviétique sur une aide réciproque à empêcher la Chine à développer l’arme nucléaire. Le chef de ce réseau est un certain Ward qui donne à ses hommes des pseudonymes pour le moins iconoclastes. Pour parvenir à leur fin il leur faut s’installer à Moscou. Pour cela ils font pression sur un Russe du contre espionnage basé à New York pour récupérer son appartement moscovite, en enlevant sa femme et ses deux filles et en pervertissant l’aînée…
CRITIQUE
Je pense que John Huston a du beaucoup s’amuser à écrire et filmer cette histoire cynique, perverse et amorale tirée du roman d’un ancien du contre espionnage américain Noel Behn.
Avec sa scénariste Gladys Hill il a été des plus fidèles dans la retranscription au cinéma du roman.
Le film dépeint un monde de l’espionnage bien loin du romantisme et du glamour des James Bond.
L’intrigue y est des plus complexe d’autant que les personnages tous individualistes, certains agents doubles, d’autres triples, jouent chacun une partition dont on ne connaît pas les tenants et aboutissants. Celui qui détient toutes les informations est en fait lui aussi intoxiqué. Sans compter que dans le camp d’en face c’est la guerre à mots couverts et les coups tordus pleuvent.
Film magistral qui sublime le genre du film d’espionnage.
Héritier direct des films comme « L’espion qui venait du froid » (« The spy who came in from the cold« ) (1965) de Martin Ritt à la mise en scène froide et détachée.
Aucun des protagonistes n’apparaît comme fréquentable ou même sympathique, aucune de leur action ne peut être considérée comme morale.
Chantages, manipulations, fausses séductions, drogues, perversions sexuelles, tortures physiques et mentales, meurtres, double jeu, toute la panoplie des ignominies est étalée sur l’écran.
Film profondément pessimiste sur le genre humain, jusqu’à l’ultime image.
Et John Huston ricane…
La photographie de Edward Scaife est superbe, il en va de même pour la musique de Robert Drasnin, hélas introuvable.
On peut comprendre que le film fut un échec auprès du public américain. Les agents américains étant autant (si ce n’est plus) odieux que leurs homologues soviétiques.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
L’assassinat de la femme du chef de contre espionnage soviétique à main nues. Scène choquante moralement.
L’ANECDOTE
Les extérieurs moscovites sont tournés dans la capitale finlandaise Helsinki qui a des similitudes architecturales avec Moscou.