Synopsis
Années 1970 Paul Kersey et sa femme Joanna achèvent leurs vacances à Hawaï et rentrent à New York. Paul est architecte pour le compte d’une société et sa femme s’occupe du foyer. La ville de New York est impuissante face à la montée d’une petite délinquance violente et sans état d’âme. A peine rentré son collègue Jack lui fait le bilan des assassinats qui ont eu lieu pendant la semaine où il était en vacances. Quelques jours après Joanna et leur fille Carol font leur courses dans une supérette de leur quartier et demandent à être livrées. Trois loubards repèrent l’adresse et suivent les deux femmes. Il sonnent à la porte Carol ouvrent et les trois hommes entrent violemment dans l’appartement. Déçus de ne pas trouver d’argent, ils tabassent la mère et violent la fille…
CRITIQUE
Ce film complaisant vis-à-vis de l’auto-défense ne tombe pas du ciel en cette année 1974.
Il est d’abord le fruit de l’expérience de l’écrivain Brian Garfield qui par deux fois a été victime d’agressions et a écrit le roman (en 1972) dont sera tiré le film, et aussi l’amer constat d’une ville tentaculaire qui sombre depuis la fin des années 1950 sous les déficits, les coupes budgétaires, la paupérisation des quartiers, le développement du trafic de drogue, la mafia toujours puissante, et la montée de la violence qui en découle.
Car en ces années 1970-1977 la ville est victime de la désindustrialisation et du premier choc pétrolier, la crise se matérialise par une stagflation dévastatrice. New York est à deux doigts de la faillite financière.
Mais la faillite sociale, elle, est bel et bien là : chute de la population jusqu’à 30% dans certains quartiers les plus malmenés, aides sociales sévèrement rabotées, hôpitaux fermés casernes de pompiers supprimées et criminalité galopante.
Bref une vraie crise à l’américaine, brutale et impitoyable envers les plus faibles dont le point culminant fut le black-out du 13 juillet 1977 (coupure d’électricité générale pendant 25 heures) qui a livré une partie de la ville au pillage.
Tout cela pour dire que si le discours du film est celui-ci, c’est qu’à l’époque la résolution du problème de la criminalité ne semblait guère aisée à appréhender. Et que la tentation du vigilante (homme qui a décidé de passer outre la police et la justice par l’auto-défense) pouvait bien se présenter devant l’impuissance des deux corps d’Etat pré-cités.
Et le film de Michael Winner est plutôt bien écrit, réalisé sans génie mais avec une réelle efficacité, et interprété de façon non caricaturale par Charles Bronson, qui donne à son personnage une belle épaisseur.
Le scénario est aussi plutôt malin car s’il fait l’apologie l’auto-défense c’est de façon assez subtile : la police et le maire de la ville font savoir que l’auto-défense n’est pas la solution à la criminalité, et le scénario montre une police efficace quand on lui en octroie les moyens avec à sa tête un fonctionnaire affûté.
Le film est peut-être aussi un enfant naturel de films comme « French connection » (1971) de William Friedkin où l’on se souvient que le policier Popeye n’hésite pas à abattre un tueur en lui tirant dans le dos ou d’un « Inspecteur Harry » (« Dirty Harry« ) (1971) de Don Siegel aux méthodes policières plus que discutables et expéditives.
Il s’inscrit donc dans un état d’esprit de demande sécuritaire dans une période de mutation de la société et de la délinquance que les films hollywoodiens transcrivent, par une nouvelle violence au service de la justice.
Le film en-est-il pour autant dangereux? nauséabond? Je ne le pense pas. Les suites de ce film sont bien pires et « A vif » (« The brave one« ) (2007) de Neil Jordan est lui outrageusement pro auto-défense dans un New York apaisé.
Michael Winner (1935-2013) filme la ville de New York comme un homme à la fois amoureux de la ville et effrayé par elle. Il alterne ainsi les images cartes postales avec les endroits les plus glauques de la mégalopole et donne un genre de réalisme contrasté.
Ce rôle tuera la carrière de Charles Bronson (1921-2003) qui ne pourra plus se dépatouiller de ce rôle de justicier dans des productions très mineures et pour le coup politiquement discutables.
Excellente musique de Herbie Hancock.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Même si depuis l’on a vu bien pire comme scène, la scène d’agression des deux femmes et le viol de la fille est assez percutante.
L’ANECDOTE
C’est tout d’abord à Sidney Lumet que le producteur Dino de Laurentiis a pensé pour réaliser ce film. Jack Lemmon devait jouer le vigilante et Henry Fonda le flic. Mais Sidney Lumet a finalement préféré se consacrer au tournage de « Serpico » (1973).