Synopsis
Paris milieu des années 1970, Juliette Vidal est journaliste et travaille pour un magazine glamour « Pénélope ». En mal d’inspiration, elle décide de s’intéresser à la vie d’une vendeuse de grand magasin Juliette Rozenec, qui a gagné un concours du journal, mais la touche glamour du reportage insupporte la vendeuse, qui elle, veut que les lectrices voient sa vraie vie sur papier glacé et non celle fantasmée par le journal. Finalement Juliette (la journaliste) accepte de faire le reportage comme l’entend la petite vendeuse…
CRITIQUE
Mais qui est donc Rémo Forlani (1927-2009)?
Nous dirons que c’est un touche-à-tout : connu avant tout comme animateur de radio surtout à RTL où il a officié en tant que critique de cinéma pendant une cinquantaine d’années.
Mais il est aussi auteur de scénarios pour le cinéma, il est notamment co-auteur des scénarios de « Tintin et le mystère de la toison d’or » (1961) et de « Tintin et les oranges bleues » (1964). Ces deux films étant les plus célèbres auxquels il ait participé à l’écriture.
C’est aussi un auteur de pièces de théâtre, un romancier, il a fait les dessins d’une bande dessinée « Lettre de Sibérie ».
Mais à toucher à tout on finit par ne pas approfondir grand chose. Et sur le plan cinématographique, s’il se révélait un redoutable client en tant que critique, il n’en est guère de même en tant que scénariste et réalisateur. Pas plus d’ailleurs qu’en tant qu’acteur ce qu’il ne faisait qu’occasionnellement et dans des seconds rôles voire des apparitions.
Avec ce film il tente de capter l’air du temps avec le mouvement féministe qui s’empare, après le droit de vote (1944), l’égalité homme/femme (1946), et le droit à gérer ses biens (1965), celui de la liberté de procréation.
La loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse n’est pas encore passée mais Remo Forlani a décidé de donner un coup de pouce à cette revendication.
Hélas le film n’est pas à la hauteur des ambitions féministes, et déçoit beaucoup par son caractère brouillon et amateur.
Le film ne manque pas d’idées sympathiques comme la sous location d’un appartement bourgeois tenu par une vieille réactionnaire, dans lequel a été aménagé la chambre (on ne peut pas dire l’appartement) d’une des deux Juliette. L’autre bonne idée est d’avoir fait de Pierre Richard un boxeur minable et dépressif, mais les gags ne vont guère plus loin que leur énoncé.
Rémo Forlani n’est pas Jean Yanne (beaucoup plus mordant et anarchiste) qui savait, lui , trouver la comédie dans ses satires sociales des années 1970, alors que Rémo Forlani est bien à la peine, et arracher un sourire semble relever de l’exploit.
Le spectateur est peiné de voir ces deux grandes dames du cinéma que sont Annie Girardot et Marlène Jobert patauger dans cette mélasse. Pierre Richard est mal employé et les gags de son personnage sont pour la plupart téléphonés. Dommage car Pierre Richard en boxeur raté c’était quand même une belle idée…
La musique de Paul Misraki contient elle une inventivité toujours fraîche.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La soirée entre amis dans le petit boui-boui sous loué de Juliette Vidal. Où la musique pop tente de noyer « La truite » de Schubert jouée au piano par la vieille réac dans la pièce à côté. Un des rares scènes de comédie qui fonctionne.
L’ANECDOTE
Ce film est l’unique long métrage de Rémo Forlani qui n’a pas osé remettre cela. Gageons que ses confrères de la critique ne l’auront pas épargné.