Synopsis
Hélène est venue fonder un foyer en Corse où elle a suivi son mari Ange. Elle travaille comme femme de chambre dans un petit hôtel du village et fait des heures de ménages chez un docteur américain venu s’exiler sur l’île de beauté. Alors qu’elle fait le ménage dans la chambre d’un couple, elle finit par s’apercevoir qu’ils sont sur la terrasse de la chambre et jouent aux échecs tout en partageant un magnifique moment amoureux. Chez le docteur Kröger elle découvre un jeu d’échecs. Elle profite de l’anniversaire de son mari Ange, pour lui offrir un jeu d’échecs électronique dont il ne sait que faire. Hélène tente bien d’apprendre seule à jouer avec le jeu de son mari, mais son apprentissage est stérile. Quelques jour plus tard, elle demande au docteur Kröger de lui apprendre à jouer aux échec…
CRITIQUE
Avant tout, ne vous fiez surtout pas à l’affiche qui n’a guère à voir avec le film. Ce dernier est bien supérieur à la qualité de son image publicitaire.
Ensuite si vous ne connaissez pas grand chose aux échecs, il est évident qu’il sera moins aisé d’entrer dans le film. D’autant que le parti pris de la réalisation est de rester centré sur le jeu.
Même si la réalisatrice ne filme pas une partie à partir de l’échiquier (la plupart du temps elle fixe la caméra sur ses acteurs), il est évident qu’un joueur d’échecs appréhendera plus facilement l’évolution des parties montrées. Mais aussi ressentira de façon plus intuitive les émotions des joueurs d’échecs au long du fil des parties.
Par contre le joueur d’échecs qui voudra voir un déroulement de partie en sera pour ses frais.
« Joueuse » est l’adaptation plutôt libre d’un roman intitulé « La joueuse d’échecs » de Bertina Heinrichs. Le film repose sur l’interprétation de ses trois interprètes principaux Sandrine Bonnaire (lumineuse), Kevin Kline et Francis Renaud tous impeccables.
Caroline Bottaro maîtrise parfaitement son scénario qu’elle a elle-même écrit. L’évolution des personnages: de Ange (le mari) envers Hélène (sa femme), d’Hélène envers le docteur Kröger et de ce dernier envers Hélène est sensible tout au long du métrage.
La réalisatrice cerne aussi de façon remarquable la gêne du mari, ouvrier sur de petits chantiers navals, face à ce jeu considéré comme bourgeois et pratiqué à haut niveau par une élite masculine.
Un petit mot à propos de Sandrine Bonnaire qui illumine le film de ses remarquables sourire et de son jeu d’une grande sensibilité. Il est étonnant de voir avec quelle aisance elle passe d’un visage austère à un visage radieux et chaleureux. Très belle actrice.
Enfin la Corse sans les corses c’est plutôt un beau pays. Et la réalisatrice fait de son mieux pour nous faire partager ses paysages et évincer les autochtones de son film. Je lui en sais gré.
Caroline Bottaro a demandé a Nicola Piovani de lui écrire la musique du film. Elle a bien fait elle est magnifique. Même si parfois elle a des accents d’accords de « La vie est belle » (« La vità è bella« ) de Roberto Benigni.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Après le tournoi, Hélène se rend chez le docteur Kröger, et après une discussion sur le déroulement du tournoi, ils se lancent dans une partie mentale, sans échiquier. Magnifique scène où les deux personnages jouent et font passer toute leur affection l’un pour l’autre.
L’ANECDOTE
Après lecture du scénario, il n’a pas fallu 4 jours à Kevin Kline pour se décider à rencontrer la future réalisatrice qui s’apprête alors à tourner son premier film.