Synopsis
San Francisco début des années 1970, un tueur solitaire (aujourd’hui on dirait « sniper ») vient depuis un toit de tuer une femme dans sa piscine. L’inspecteur Harry Callahan arrive sur les lieux puis repère le toit d’où est parti le coup de feu. Sur place il trouve une douille et un mot pour le maire. Le tueur réclame une rançon sinon il continue le massacre. Le chef de la police et le supérieur de l’inspecteur Callahan ainsi que ce dernier sont convoqués à la mairie. L’inspecteur Callahan fait montre de caractère en répondant sèchement aux questions du premier magistrat de la ville. Les toits sont surveillés par hélicoptère et avec des hommes postés aux endroits stratégiques. Mais peu de temps après c’est un enfant noir qui est assassiné. Même arme, même modus operandi…
CRITIQUE
L’histoire s’inspire de la ténébreuse affaire du tueur du zodiaque. Affaire qui fit l’objet d’un très bon film « Zodiac » (2007) de David Fincher.
La particularité de ce film policier réside dans la violence du policier lui-même surnommé « Dirty Harry » (en français Harry le salopard). Il est un misanthrope, individualiste, irascible envers sa hiérarchie, armé d’un Smith & Wesson modèle 29 qui tire des cartouches 44 magnum, à la détente facile et aux résultats d’une redoutable efficacité.
Il parle peu mais ce qu’il dit ressemble à des sentences. Des slogans.
Le méchant est aussi très réussi: tueur en série, psychopathe, sadique et redoutablement intelligent (Andrew Robinson réellement habité par le personnage et impressionnant). L’opposition des deux hommes est extrêmement réussie.
Le film sort dans des années où la police de San Francisco est en échec face à une nouvelle criminalité, fortement armée, et droguée. Et au beau milieu de l’interminable enquête sur le Zodiac.
Le film est juste un exutoire efficace face à cette impression que vit la population américaine et plus particulièrement celle San Francisco.
La réalisation de Don Siegel qui ne s’embarrasse pas de considérations idéologiques restitue un film quasi instinctif à la réalisation sèche et utilise les décors naturels de la ville avec bonheur. Efficacité, violence, montage nerveux, ce film devient un des canons du genre policier.
Clint Eastwood impérial et qui entretient une veine « masochiste » avec les avanies qui surviennent à son personnage, décroche la timbale sur le plan du box-office. C’est un film dont les attitudes et les dialogues sont allègrement repris par la jeunesse. Le premier film marquant dans un rôle contemporain qui en fait une star bankable.
N’oublions pas la formidable musique de Lalo Schifrin qui re-modernise ce qu’il avait déjà fait avec « Bullitt » (1968) de Peter Yates.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La poursuite du tueur par Harry Callahan dans le stade qui finit par un zoom arrière noyant la scène dans une brume et le noir de la nuit. Superbe scène qui rappelle celle de « Allo… brigade spéciale » (« Experiment in terror« ) (1962) de Blake Edwards.
L’ANECDOTE
Le rôle de l’inspecteur Harry marqua durablement l’image de Clint Eastwood. La très influente critique de cinéma de The New Yorker, Pauline Kael (1919-2001), dit de l’acteur qu’il incite les policiers à bafouer les lois libérales du pays, et sous entend qu’il développe des thèses fascistes et racistes dans ce film dont il est producteur. Clint Eastwood n’aura alors de cesse d’infléchir cette image. Notamment dès le deuxième film de l’inspecteur Harry « Magnum Force » (1973) de Ted Post où l’inspecteur lutte contre un escadron de la mort issue de membres de la police.