Synopsis
Nice début des années 1970, à la sortie de la messe Maurice Lopez est abattu par deux tueurs à gages. C’est un trafiquant de drogue qui travaille pour un certain Manoni chef de pègre sur la riviera. Le commissaire Campana de la brigade des stups a retrouvé une lettre du défunt invitant son frère Louis qui vit en Tunisie à venir se rapatrier à Nice où il lui a trouvé un pied à terre et un troquet à gérer. Campana décide d’endosser l’identité de Louis Lopez. Pour cela il se rend à Tunis pour annoncer la mort de son frère à Louis Lopez et lui conseiller de rester à Tunis le temps que les choses se tassent. Avec Christine veuve d’un collègue de Campana et son fils Bertrand, se faisant passer pour la famille Lopez fraîchement arrivée, ils se rendent aux obsèques de Maurice Lopez. A la sortie du cimetière un envoyé de Manoni est lui aussi assassiné…
CRITIQUE
La genèse du film de Georges Lautner remonte loin. Avec Richard Caron écrivain de roman policier et d’espionnage dont un de ses personnages fétiches est l’agent TTX-75, Francis Veber écrit un scénario. Mais personne n’en veut. Richard Caron demande à Francis Veber de l’intégrer comme roman dans sa série de l’agent TTX-75 sous le titre de « TTX-75 en famille » qui paraît en 1968.
C’est alors que Georges Lautner s’intéresse au sujet, et demande à Francis Veber de reprendre son sujet sur une verve humoristique. La comédie policière étant la spécialité du réalisateur.
Et effectivement à l’image l’intrigue policière n’est pas des plus affûtée. Elle nous fait un mesclun de french connection, de Federal Bureau of Narcotics (FBN), de tueurs, de brigade des stups, de flics de quartier, et d’un flic infiltré. Ce n’est pas très probable ni très intéressant.
Ce qui a plutôt passionné le scénariste, c’est le télescopage d’un flic célibataire, vieux garçon, bourru et pingre avec une jeune veuve qui laisse une grande liberté à son fils d’une dizaine d’années. Mais aussi un flic qui trouve comme pire obstacle… la police française.
Francis Veber et Georges Lautner trouvent de belles scènes avec Michel Constantin et Mireille Darc (alors muse du réalisateur : c’est leur 7 ème film ensemble en 7 ans).
Leur confrontation est à la fois comique et tendre. Le gamin (plutôt bien interprété par le petit Hervé Hillien) étant un perturbateur sans être odieux.
Mireille Darc améliore son jeu à chaque film.
Le duo de flics benêts et tête à claques joué par Henri Guybet et Jean-Jacques Moreau est lui aussi savoureux.
Si l’on voit que Michel Constantin (plutôt habitué au seconds rôles) est quand même limité dans son jeu, il arrive par sa voix inimitable et son physique incroyable à tenir le film sur ses épaules.
Les dialogues de Francis Veber font mouche notamment entre Christine et Campana. Même s’il n’a pas la verve gouailleuse et argotique de Michel Audiard, il parvient à hisser son niveau de plume sur certaines scènes et rivalise avec le modèle.
La musique d’Eddie Vartan est efficace, même s’il n’a pas écrit une grande variété de morceaux.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La mort du noir du clan Manoni dans sa voiture décapotable baignant dans du lait. Gag très réussi qui apparemment a donné beaucoup de fil à retordre pour être tourné.
L’ANECDOTE
1972 sera une grande année pour Mireille Darc qui rencontre deux succès populaire dans deux comédies. La comédie policière « Il était une fois un flic… » et la comédie d’espionnage « Le grand blond avec une chaussure noire » de Yves Robert.
Dans son livre de souvenirs "On aura tout vu", Georges Lautner évoque "Il était une fois un flic" en indiquant : "C'est aussi mon premier film avec Alain Delon. On le voit apparaître quelques secondes. Il sonnait, on ouvrait la porte, il s'était trompé d'étage, il disparaissait. Un simple clin d'oeil en forme de gag, pour profiter de la visite qu'il rendait à Mireille sur le tournage. Ce type de "private joke" est difficile à comprendre pour les spectateurs d'aujourd'hui. Dans "Les Tontons flingueurs", Lino Ventura croise Paul Meurisse, tout droit sorti de la série des "Monocle". Et, dans "Le Monocle rit jaune", c'est Ventura qui s'introduit dans l'univers de Meurisse. Le titre "Il était une fois un flic" était bien sûr un clin d'oeil aux films de Sergio Leone. Sur le coup, celui-ci n'a pas trop apprécié l'hommage... Nos maisons de production se sont un peu engueulées. Mais, bien plus tard, quand nous nous sommes rencontrés, nous avons vraiment sympathisé ! Le film a été un succès (avec plus de deux millions d'entrées en France). Après l'échec partiel de "Boulevard du Rhum" (film de Robert Enrico avec Brigitte Bardot et Lino Ventura, sorti quatre mois auparavant), la Gaumont s'est trouvée ravie d'avoir un film qui casse la baraque sans briser une nouvelle fois sa tirelire. Je crois qu'à ce moment-là ma cote a grimpé dans la maison Gaumont..."
Merci Didier pour ta source inépuisable d'anecdotes plus passionnantes les unes que les autres. Effectivement je ne pensais pas que le titre fut un hommage aux deux premiers "Il était une fois..." de Sergio Leone. Car je ne voyais pas de rapport direct entre l'oeuvre de Leone et le film de Lautner. Mais il est vrai que Lautner était facétieux. De là à ce qu'il y ait tensions entre deux maisons de production... voilà qui m'abasourdit...