Synopsis
Un cavalier solitaire approche d’une ferme. L’enfant qui a à peu près 6 ans prévient son père Joe Starett. Celui-ci et sa femme Marian accueillent le nouveau venu avec hospitalité. L’homme qui se nomme Shane cherche un travail. Joe Starett lui propose de l’aider à achever sa ferme. C’est à ce moment là qu’arrivent les frères Ryker et une partie de leur bande venus faire pression à Starett pour qu’il cède sa ferme et parte dans d’autres contrées. Joe Starett refuse…
CRITIQUE
On peut dire que le scénario du film tiré d’un roman de Jack Shaefer est archi conventionnel et classique du western maints et maints westerns sont calqués sur ce canevas.
De plus presque tous les archétypes du western sont présents : le potentat, l’homme de main redoutable et sadique, le fermier sans défense, le marchand de fourniture, les saloon, et sa bagarre homérique. Manque le shérif (qui est à trois jours de cheval). Mais le film possède quatre atouts majeurs.
ELe premier étant que l’histoire se déroule sous les yeux d’un enfant qui admire Shane. Il sent en lui un de ces héros de l’ouest que l’odeur de la poudre excite, et la capacité à dégainer rapidement effraye. L’enfant incarne pour le spectateur amateur de western cette fascination qu’exercent ces conquérants de l’Ouest prompts à dégainer (à condition que ce soit pour la bonne cause).
Et Alan Ladd dans le rôle de Shane, venu de nulle part et qui repartira on ne sait où, est là pour représenter ces grandes figures solitaires hantées par les fantômes de leurs adversaires morts. Shane passe auprès du gamin pour un chevalier blanc, un sauveur bien plus habile que son père qui ne sait se servir d’un fusil que pour la chasse. Sûrement que s’il avait l’âge de Joe Starett (son père), comme tous les adultes, il verrait débarquer cet homme qui a fait de la violence son fonds de commerce non sans un nœud d’appréhension à l’estomac.
Le casting est le second atout du film.
Alan Ladd malgré son peu de charisme parvient à imposer son personnage. Dans les scènes de bagarres il est particulièrement efficace. Il sait aussi sans le dévoiler montrer l’attirance qu’il a pour la femme de l’homme qui l’a embauché. Van Heflin est (comme à l’habitude) génial.
Jean Arthur doyenne des vedettes et dans son ultime rôle au cinéma est remarquable de sensibilité et rend honneur à son ami George Stevens. Sa Marian Starett est magnifique dans ses ambiguïtés amoureuses entre son mari rude travailleur et forte tête et le pistolero et son aura.
Le troisième atout du film ce sont ses décors extérieurs sublimes.
Le réalisateur s’attarde sur les somptueux paysages du massif du Grand Teton dans le Wyoming. La vaste plaine parcourue de ruisseaux sur laquelle sont implantées les fermes s’encastre directement dans le somptueux massif enneigé, c’est grandiose.
Quelques plans bucoliques comme avec les cerfs qui viennent boire à quelques mètres de la propriété ajoutent au merveilleux de la contrée.
Cependant George Stevens donne à son film une violence stylisée. Notamment par un système de câblage qui tire en arrière les hommes touchés par balles. Mais aussi un travail sur le son des coups de feu.
Le réalisateur, meurtri par la seconde guerre mondiale, voulait frapper les esprits des spectateurs.
Le quatrième atout est la musique de Victor Young très académique pour le genre notamment dans son orchestration où les cordes se taillent la part du lion mais dont la partition n’en n’est pas moins grandiose.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La bagarre dans le saloon conventionnelle certes, mais tout à fait réussie et réaliste dans sa violence et par le bruit des coups de poings portés.
L’ANECDOTE
Le film avait été budgété pour 2 millions de dollars et 48 jours de tournage. Mais George Stevens fait durer le tournage et termine son film en 75 jours et avec une rallonge de 1 million supplémentaire. Affolée et par peur d’un échec public qui ruinerait le studio la Paramount cherche à revendre le film pour être distribué par un autre studio. Mais Howard Hugues après visionnage se montre très intéressé par le film pour sa société R.K.O. Ce qui met la puce à l’oreille de Paramount qui décide de le distribuer. Bien lui en a pris, le film est un carton et rapporte 20 millions de dollars.