Synopsis
Joe arrive dans une petite bourgade californienne et demande où est Jeff Markham le pompiste du village. On lui indique qu’il est pour l’instant absent mais qu’il ne saurait tarder. Effectivement celui-ci arrive au bout de quelques temps. Joe vient de la part Whit Sterling son ancien employeur à l’époque où il était détective privé et travaillait pour lui. A cette époque Jeff Markham s’appelait Jeff Bailey ce qui n’a pas facilité les recherches. Joe donne rendez-vous à Jeff dans une propriété qu’il connaît bien sur le lac Tahoe. Jeff raconte à Meta sa fiancée la réalité de la situation tandis qu’elle l’emmène au lieu de rendez-vous…
CRITIQUE
Magnifique film noir signé du réalisateur franco-américain Jacques Tourneur.
Il est considéré comme étant un classique du genre.
Construit sur un flash-back, qui montre un homme poursuivi par un homme d’affaires aux manies de mafieux et affublé d’une femme fatale qui semble avoir pour seul but de manipuler les hommes. Le film montre comment le héros va volontairement vers son destin quand il a plusieurs fois le choix de prendre une autre voie.
Le scénario est complexe mais pas incompréhensible. Il est surtout une véritable mécanique infernale qui fait plonger un détective dans une spirale fatale pour l’amour d’une femme.
Si la femme est fatale, l’homme est fataliste. Il plonge dans le drame quasiment avec délectation. Il est conscient de ce qui se trame, mais poursuit dans cette voie sachant ce qui l’attend.
Robert Mitchum, la voie traînante et une certaine nonchalance sanglée dans un imper et un feutre, enchaînant les cigarettes est l’interprète idéal pour ce rôle.
Il a en face de lui il a un Kirk Douglas redoutable qui manie l’amitié avec ambiguïté.
Mais c’est surtout la très vénéneuse Jane Greer superbement mise en valeur par les images de Jacques Tourneur et ses photographes, Albert S. D’Agostino et Jack Okey, que l’on retient dans ce film.
Chacune de ses apparitions est soit fantasmagorique soit effrayante.
Le travail sur les ombres est remarquable et contribue à l’ambiance noire du film. Mais aussi le film aborde des sentiers qui sont éloignés du genre. Comme les scènes dans la nature qui s’opposent à la tradition urbaine du film noir.
Même si le film s’achève dans un San Francisco oppressant et morbide.
La musique de Roy Webb est somme toute anecdotique.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
A Acapulco où Jeff est sur les traces de la petite amie de Whit, Jeff finit par retrouver sa trace. Alors qu’il est assis dans un bar où il sait qu’elle vient de temps en temps, il la voit enfin apparaître sortant du halo de soleil plombant la ville pour entrer dans l’ombre du bar. Superbe entrée de la femme fatale.
L’ANECDOTE
Un remake de ce film « Contre toute attente » (« Against all odds« ) de Taylor Hackford avec Jeff Bridges, Rachel Ward et James Woods a été tourné en 1984.