Synopsis
Le commandant Miller est à le tête d’un groupe de recherche d’armes de destructions massives. Il reçoit des feuilles de route basées sur des renseignements qualifiés de très fiables. Mais pour la troisième fois il tombe sur un lieu qui ne contient pas ce genre d’armement (chimique, bactériologique ou nucléaire). Le commandant Miller lors d’un briefing pose la question sur les origines des informations qu’il reçoit et doit traiter. Un général lui répond vertement que son boulot n’est pas de s’interroger sur sa mission mais d’accomplir sa mission. A l’issue de ce briefing Martin Brown un homme de la CIA contacte Miller. Il le veut dans son équipe De son côté Lawrie Dayne une journaliste cherche à savoir auprès des autorités américaines qui est « Magellan » l’informateur sur lequel s’est basée l’invasion de l’Irak, qu’on a promis de lui présenter, mais qu’elle n’a toujours pas rencontré…
CRITIQUE
Un peu d’histoire si vous le voulez bien avant d’attaquer la critique du film à proprement parler:
La guerre d’Irak est initiée le 20 mars 2003 par l’administration de George Bush Jr. appuyée par le gouvernement britannique de Tony Blair. Invasion à majorité occidentale (quelques pays du golfe persique ont appuyé les Etat-Unis et la Grande Bretagne) basée sur de faux rapports à propos d’armes de destructions massives (Weapons of Mass Destructions) (WMD), relayés par des mensonges d’Etat et animée par un désir irrépressible d’anéantir le pouvoir du dictateur Saddam Hussein à n’importe quel prix.
Les médias ont été intoxiqués par de faux documents, des sources sûres se révélant après plusieurs mois de recherches vaines de WMD, non fiables, parfois bidonnées. Mais surtout l’administration Bush Jr. était noyautée par les faucons dont beaucoup avaient des intérêts soit dans l’industrie du pétrole soit dans celle de l’armement (Dick Cheney vice-président, Donald Rumsfeld secrétaire à la défense, Paul Wolfowitz le plus exalté, et Richard Perle l’idéologue pro-israélien de ces ultra-conservateurs) qui vont déclencher une « guerre préventive » contre une partie de « l’Axe du mal » où l’on y met pèle-mêle Afghanistan, Iran, Irak et Corée du Nord. Mais aussi à moindre échelle le Liban, La Lybie, la Syrie, l’Arabie Saoudite, Cuba et le Venezuela.
Voici pour le tableau.
Le film met donc en image les conséquences de cette vaste fumisterie de la Maison Blanche: des soldats qui perdent la vie ou sont blessés pour des armes introuvables, le démantèlement d’un pays (l’Irak) en anéantissant toute structure militaire et administrative et qui laisse place aux empoignades tribales ou religieuses (chiites contre sunnites). Puis un Etat en perpétuelle guerre civile. Et des milices terroristes qui s’installent.
Sur fond de thriller, la recherche de WMD qui se transforme en chasse à l’homme (un des principaux généraux de Saddam Hussein), pour finir en film politique contre les agissements de l’administration Bush Jr.. Le film est accrocheur et efficace.
Le spectateur suit ce commandant Miller (superbement interprété par Matt Damon) qui à chaque site supposé contenir des WMD ne trouve rien et commence à se poser des questions sur la fiabilité de la source de renseignement. Ainsi se met-il à dos sa hiérarchie, et les fonctionnaires de l’Etat chargés d’appliquer la politique de Washington à Bagdad.
Film spectaculaire et dont la reconstitution de Bagdad au Maroc relève de la prouesse.
Le spectateur est plongé dans ce pays schizophrène à la fois soulagé d’être débarrassé d’une des pires dictatures du moment et angoissé de le voir envahi par des hommes paranoïaques, violents et d’une culture trop différente pour être tolérée longtemps.
Le scénario signé Brian Helgeland réalisateur du très bon thriller « Payback » (1999) est très bien construit. Limpide dans ses méandres politico-militaires. Et très engagé contre cette guerre dont la légitimité reste discutable puisque basée sur une (auto)intoxication des services de renseignements.
Paul Greengrass abuse un peu trop des effets de caméra à l’épaule et des filtres sur les objectifs. Mais il a un sens véritable de la mise en scène, remplissant les premiers plans comme les seconds, d’une foule d’informations.
Le film reflète avant tout le dégoût du britannique Paul Greengrass qui a soutenu Tony Blair dans sa politique belliciste, avant de savoir que les informations qui appuyaient cette volonté d’intervention en Irak était fondée sur des rapports faux ou truqués.
John Powell trouve une musique efficace qui sert à propos le film. Cependant elle n’offre pas un grand intérêt en dehors du film.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La rencontre du commandant Miller avec ce qui sera sa source et son interprète. Le dénommé Freddy. Un irakien heureux d’être débarrassé de Saddam Hussein mais qui ne comprend pas la façon qu’ont les Etats-Unis de gérer l’après conflit et de commettre des bavures qui rendent la population hostile à leur présence.
L’ANECDOTE
Le film du duo Paul Greengrass – Matt Damon après les hits internationaux des deuxième et troisième volets de la saga « Jason Bourne » qu’ont été « La mort dans la peau » (2003) et « La vengeance dans la peau » (2007) a subi un échec commercial aux Etats-Unis. Là-bas on aime pas que le pays soit dans le rôle du bad guy.