Synopsis
Sicile années 1970, Elena Bardi, une institutrice arrive en autobus dans la ville où elle a été mutée. Dans l’autobus elle est molestée par un homme. Elle va à l’école pour prendre contact avec ses collègues. Elle y rencontre le professeur Belcore. Il lui dit que l’avocat Belcampo qui loue l’appartement à Elena Bardi fut maire et très influent il y a des années mais qu’aujourd’hui il n’est plus rien. Un peu plus tard alors qu’elle se rend chez l’avocat, le même homme de l’autobus, sur la place principale, devant tout le monde, l’agresse physiquement alors qu’elle lui refuse un tête à tête. Elena Bardi se défait du gêneur, et se rend chez l’avocat qui depuis la fenêtre de son palais a tout vu…
CRITIQUE
Ce film qui a pour thème la mafia a une particularité intéressante : c’est une femme qui tient le rôle principal.
Et l’actrice Jennifer O’Neill s’en tire très bien. Elle entame avec ce film une « petite » carrière en Italie (3 films suivront « L’innocent » (1976) de Luchino Visconti et « L’emmurée vivante » (« Sette note in nero« ) (1977) de Lucio Fulci). Elle tournera trois ou quatre série B aux US puis se tournera vers les productions de la télévision.
James Mason (1909-1984) est lui aussi sur une carrière transalpine, depuis quelques temps. Il a déjà tourné pour des réalisateurs comme Fernando Di Leo « Colère noire » (« La città sconvolta: caccia spietata ai rapitori« ) (1975), et Giuseppe Rosati « Tireur d’élite » (« La polizia interviene: ordine di uccidere!« ) (1975) deux films issus du filon poliziottesco.
Pour en revenir à James Mason, il n’a rien perdu de son ambiguïté et ce personnage énigmatique, qui fut un homme d’influence mais qui n’est plus, lui sied comme un gant.
La surprise vient du côté de Franco Nero qui n’est pas dans son habituel rôle de héros positif. Ici il tient un second rôle et interprète un personnage lâche et peu reluisant.
La trame du film qui s’articule autour de meurtres rituels qui fleurent bon la mise en scène mafieuse, est plutôt réussie. Les personnages étranges aux motivations obscures sont nombreux, et l’enquête policière piétine.
Luigi Zampa (1905-1991) signe son antépénultième film, et son dernier scénario. Son meilleur film de sa fin de carrière.
Il est tiré d’un roman de Giuseppe Fava (1925-1984). Ce journaliste écrivain, dramaturge et scénariste a été assassiné par la mafia catanaise appuyée par la famille corleonaise de Toto Riina. Giuseppe Fava enquêtait sur le boss Benedetto Santapaola et ses affaires crapuleuses. On a tiré de son oeuvre dramatique le film « Les maffiosis » (« La violenza : quinto potere« ) (1972) de Florestano Vancini.
Le film est magnifiquement enrubanné d’une musique signée Ennio Morricone.
3 thèmes se détachent. Le premier à la mandoline, le second avec un thème d’amour à la flûte puis au piano et enfin une musique pour accompagner les scènes de thriller avec un piano utilisé comme percussion. Le martèlement du morceau est une belle illustration de l’emprise mafieuse sur les esprits et sur la terre.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Deux hommes morts assis sur leur moto installée sur sa béquille mais dont le moteur tourne encore sont retrouvés en pleine nuit pluvieuse sur la place de l’église. Colère noire du commissaire qui s’en prend au pays tout entier, à son omerta, et sa propension à la violence. Scène qui renvoie à celle de « Séduite et abandonnée« (« Sedotta e abandonata« ) (1964) de Pietro Germi où un gendarme rêve d’une Italie sans Sicile.
L’ANECDOTE
Dans les années 1970 Hollywood subit une crise face à la concurrence de la télévision, si les productions sont de plus en plus onéreuses, elles sont de moins en moins nombreuses. Beaucoup d’acteurs(trices) ne trouvent plus de rôles, ils se tournent donc vers l’Italie dont la pleine santé des productions, quoique souvent mineures, car au service de films de genre « filone » (Western, Giallo, Poliziottesco) permettent aux acteurs américains de décrocher des rôles et aux films italiens d’obtenir des castings bien plus prestigieux qu’ils n’auraient osé l’espérer, et leur offrant par la même occasion des débouchés à l’exportation.
NOTE : 15/20
PS : Grazie a Alessandra Pirrone per la sua gentile collaborazione. Il viaggio a Palazzolo Acreide (esterni del film) è stato eroico da parte sua.