GÉNIE, DEUX ASSOCIÉS, UNE CLOCHE (UN)
- Klaus Kinski, Miou-Miou, Patrick McGohan, Piero Vida, Raimund Harmstorf, Robert Charlebois, Terence Hill
- Damiano Damiani
- Comédie, Western, Western italien
- 1975
- Un genio, due compari, un pollo
- Italie, France, USA
- Damiano Damiani, Ernesto Gastaldi, Fulvio Morsella
- Ennio Morricone
Synopsis
Jerry Roll se débarrasse d’un escroc ayant permis au commandant Cabot de dérober 300 000 dollars destinés aux indiens. Joe Merci aidé du métis indien Locomotive Bill qui renie ses origines, et de Lucy qui ne sait quel homme choisir entre Joe et Bill va tenter de récupérer cet argent. Le colonel Pembroke chargé de l’enquête est assassiné par le commandant Cabot…
CRITIQUE
On se demande ce que Sergio Leone pouvait bien avoir encore à dire dans le genre western italien. Même en tant que producteur.
En 1975 le western italien n’est même plus à l’agonie, il est moribond. Le cercueil est prêt, il ne reste plus qu’à envoyer les faire part.
A moins que ce film qui rassemble Damiano Damiani réalisateur du formidable « El Chuncho » (« Quièn sabe?« ) (1966), les scénaristes Ernesto Gastaldi « Texas » (« Il prezzo del potere« ) (1969) « Une raison pour vivre, une raison pour mourir » « Una ragione per vivere, una per morire« ) (1972), Fulvio Morsella « …Et pour quelques dollars de plus » (« Per qualche dollaro in più« ), (1965) « Mon nom est Personne » (« Il mio nome è Nessuno« ) (1973), le réalisateur et producteur Sergio Leone dont il n’est plus besoin de présenter l’œuvre et Ennio Morricone qui a donné au western italien ses plus belles mélodies ne soit lui-même ce faire-part.
Car disons le sans fioriture ce western-comédie est raté.
Et de façon étrange.
Car si l’on prend chaque scène intrinsèquement, elles sont plutôt réussies. Ce qui manque c’est du liant entre chacune d’elles. Le film semble totalement décousu. Avec pas mal de scènes inutiles. Et notamment un début de film très laborieux, voir alambiqué. Je pense en plus que vouloir faire une comédie dans ce genre (le western) c’est très périlleux. Combien de naufrages le western italien a-t-il engendré à vouloir en faire des farces. Ce film ne va pas au bout de la farce mais la comédie patauge tout de même.
Le western italien en ce milieu des années 1970 n’a plus rien à dire, il ressasse les mêmes clichés et les situations redondantes d’un film à l’autre.
Le tête-à-tête Terence Hill – Klaus Kinski est une grosse déception. Les scénaristes ont fait l’erreur de désamorcer le duel.
Le méchant interprété par Patrick McGohan a perdu de sa superbe par rapport à ceux rencontrés dans les westerns italiens des débuts, dans lesquels ils ne manquaient guère de cruauté.
Reste les trois personnages principaux. Terence Hill fait du Terence Hill tout droit sorti de « Mon nom est personne« . C’est le même personnage. D’ailleurs dans certains pays comme l’Allemagne il sera vendu comme étant une suite du film de Tonino Valerii.
La surprise vient de Robert Charlebois qui n’est pas mauvais du tout.
Le producteur Sergio Leone qui avait vu « Les valseuses » (1974) de Bertrand Blier voulait pour son générique Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou. Il a du se rabattre sur l’acteur italien et le chanteur québécois.
Même si la musique de Ennio Morricone n’atteint pas les sommets du western italien qu’il a lui même imposé, le compositeur trouve une musique avec quelques citations classiques, un peu d’auto parodie, et quelques mélodies loufoques. C’est quand même le meilleur du film.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La course poursuite à pied dans le désert au pied d’une mine entre Joe et Bill qui s’arrachent une mallette contenant 300 000 dollars. Dans cette scène il est flagrant que la musique de Ennio Morricone contribue à relever la sauce.
L’ANECDOTE
Je lis de ça de là qu’un vol de pellicules aurait contraint le réalisateur et son monteur à se rabattre sur des scènes tournées mais destinées à la poubelle. Si vol il y a bien eu en août 1975 aux laboratoires Technicolor de Rome, il n’a cependant pas obligé la production de « Un génie, deux associés et une cloche » à racler les fonds de tiroir.
Sergio Leone n’en fait pas mention dans ses propos avec le journaliste Noël Simsolo. Or le personnage est plutôt du genre à se dédouaner sur les autres et il n’aurait pas manqué de mettre l’échec de ce film sur ce fameux vol.
De même le spécialiste du genre Jean-François Giré ne mentionne pas ce vol dans son livre monumental et très exhaustif « Le western européen ».
Rumeurs ? Il semble que ce soit les films « Salo ou les 120 journées de Sodome » et « Casanova » de Fellini qui aient plus pâti de ce vol.