Synopsis
Sur les bords du lac d’Annecy, années 2010, Carole Lherminier a succédé il y a plusieurs années à son père Claude à la cartonnerie. Claude Lherminier, divorcé d’un premier mariage et veuf du second est aujourd’hui à la retraite et a 82 ans. Carole a bien du mal a trouver une aide à domicile pour son père qui les harcèle moralement, allant jusqu’à les traiter de voleuses. Mais Claude Lherminier ne pense qu’à une chose : revoir sa fille cadette partie aux Etats-Unis à Miami (Floride). Il a « oublié » que sa fille est morte là-bas d’un accident de la circulation…
CRITIQUE
Le film de Philippe Le Guay est une réussite pour trois raisons. C’est une adaptation libre d’une pièce de théâtre écrite par Florian Zeller et créée en 2012 avec Robert Hirsh et Isabelle Gélinas au Théâtre Hébertot.
La première et essentielle, sa distribution. La rencontre entre Jean Rochefort (le père) et Sandrine Kiberlain (sa fille) est une pure merveille.
Jean Rochefort (85 printemps à la sortie du film) incarne ce vieil homme qui commence à subir les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer avec une belle finesse. Il alterne avec brio les instants lucides et ceux critiques où la maladie perce derrière des gamineries, une mauvaise foi, une amnésie, où une obstination.
Sandrine Kiberlain est tout aussi subtile dans son jeu entre amour pour son père, incompréhension et exaspération.
La seconde c’est d’avoir eu l’intelligence d’introduire du rire sur une pathologie qui angoisse de plus en plus de monde à l’approche des ultimes années de vie.
Enfin la troisième c’est d’avoir introduit dans le film par-ci, par-là des saynètes dans un avion transatlantique qui dérangent le spectateur qui ce trouve confronté à l’inconnu : mais dans quel partie de l’histoire je me trouve? Un peu comme s’il se trouvait confronté lui-même devant cette maladie sous forme de puzzle mental.
Il faut bien aussi avouer que le cinéma français sait aborder ce genre de sujet délicat. « C’est la vie » (2001) de Jean-Pierre Améris, « Les invités de mon père » (2010) de Anne Le Ny ou encore « Se souvenir des belles choses » (2001) de Zabou Breitman sont des films modèles de films traitant de maladies anxiogènes.
« Floride » fait partie des grandes réussites du genre.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Carole a dû se résoudre à héberger son père chez elle. Au lever Claude ne reconnaît pas sa maison pas plus que l’homme qui partage la vie de Carole, il lui demande de foutre le camp sur le champ.
L’ANECDOTE
Ultime film de Jean Rochefort (1930-2017).