FILLE AU PISTOLET (LA)
- Aldo Puglisi, Anthony Booth, Carlo Giuffrè, Corin Redgrave, Monica Vitti, Stanley Baker, Stefano Satta Flores, Tiberio Murgia
- Mario Monicelli
- Comédie, Comédie à l'italienne
- 1968
- La ragazza con la pistola
- Italie, Grande Bretagne
- Luigi Magni, Rodolfo Sonego
- Peppino De Luca
Synopsis
Sicile fin des années 1960, Assunta danse sur un rock avec sa cousine Concetta et quelques autres femmes dans une maison aux persiennes fermées. Tandis que les hommes dansent sur une terrasse qui donne sur la maison. Assunta à chaque passage devant la fenêtre regarde un homme qui semble attendre. Et effectivement avant la fin de la danse il quitte la terrasse et va dans la rue. Là trois hommes en voiture lui font signe. l’homme part sur sa Vespa. Peu après Assunta sort avec sa cousine dans la rue. la voiture suit les femmes et soudain leur fonce dessus. A la suite d’une grande confusion et des cris vains, Assunta est enlevée et amenée à la campagne dans une bergerie. Celle-ci a été aménagée en chambre nuptiale et c’est Vincenzo Macaluso l’homme de la Vespa qui attend. Mais il y a erreur! Ce n’est pas Assunta que voulait Vincenzo c’est Concetta. Mais comme Assunta s’estime déshonorée elle réclame le mariage. Après bien des palabres, Vincenzo finit par faire semblant de plier, ils couchent ensemble mais au petit matin Vincenzo a pris la poudre d’escampette…
CRITIQUE
Ce n’est pas la meilleure comédie à l’italienne de Mario Monicelli (1915-2010), maître du genre, « Le pigeon » (« I soliti ignoti« ) (1958) le premier joyau , « La grande guerra » (1959), « Larmes de joie » (« Lacrime di gioia« ) (1960), « L’armée Brancaleone » (« L’armata Brancaleone« ) (1966) sont les chefs d’oeuvre qu’il a tourné avant « La fille au pistolet« .
Avec ce dernier film, après un long prologue en Sicile, suivi d’un très court générique, l’action se transfère en Angleterre.
Film prétexte à souligner les défauts moraux des italiens du sud, sur le plan de la sexualité, en comparaison aux mœurs d’un pays « civilisé ». Machisme, vendetta, folklore mafieux, j’en passe, certes le contraste fait mouche. Mais le film manque de ressorts comiques.
Peut-être l’absence de Mario Monicelli à l’écriture y est-elle pour quelque chose. Pourtant Rodolfo Sonego est un scénariste parmi les plus grands de l’époque.
Le prologue Sicilien est cependant une vraie réussite notamment la scène entre Vincenzo et Assunta dans la bergerie envahie de mouches où un lit a été placé, pour permettre des ébats à l’abri des regards et des oreilles du voisinage.
Le ridicule de la situation, le quiproquo de l’enlèvement, le chantage d’Assunta sur son honneur bafoué. Tout cela est parfait et d’un comique irrésistible.
Mais en Angleterre, le film s’étiole quelque peu. Les recherches d’Assunta pour retrouver celui qui l’a trahie, prétexte à des rencontres masculines britanniques, donnent des scènes inégales, parfois très réussies, parfois longuettes.
Le spectateur s’étonne que tous ces braves britanniques parlent italien. C’est un peu gênant.
Le film repose sur Monica Vitti qui ici fait plus que des étincelles. Elle est un feu d’artifice à elle seule. Elle prouve qu’elle peut être plus que la muse de Michelangelo Antonioni. Elle fait montre d’un grand sens de la comédie, du rythme nécessaire au genre, et met de la couleur à sa palette d’interprétation abandonnant (pour ce film) les blondes froides du nord pour les brunes volcaniques du sud. Elle reçoit un David di Donatello pour son formidable travail.
La musique de Peppino De Luca joue sur les stéréotypes de la musique psychédélique avec un sitar qui orne la partition easy leastening. Très en vogue dans le cinéma italien.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Deux mafieux expliquent à Assunta qu’il est inutile de chercher Vincenzo. Il est mort et enterré. La preuve, ils l’amènent sur la tombe du malheureux. Assunta se jette sur la tombe en pleurs. Elle ne récupérera jamais son honneur bafoué n’ayant pas occis Vincenzo de ses propres mains.
L’ANECDOTE
Le film est nommé aux Oscars pour le meilleur film étranger. C’est le film « Guerre et paix » (« Vojna i mir« ) de Sergej Bondarčuk qui l’emporte.