FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS (LE)
- Audrey Totter, Cecil Kellaway, Hume Cronyn, John Garfield, Lana Turner, Leon Ames
- Tay Garnett
- Film noir, Procès, Thriller
- 1946
- The postman always rings twice
- USA
- Niven Bush
- George Bassman
Synopsis
Californie, sur la côte, à la fin des années 1930 dans une bourgade Frank Chambers se fait déposer à une station service qui fait aussi bar et vend des hamburgers. Il cherche un travail mais ne sait pas trop lequel. A la station service un panneau annonce que le propriétaire cherche un homme. Au moment de partir l’automobiliste lui annonce qu’il est le procureur de la région. Frank est accueilli par le patron un bonhomme rondouillard il entre pour se restaurer. Le patron lui met un hamburger à cuire quand il est appelé pour remplir le réservoir d’un véhicule. Frank reste seul à surveiller la cuisson du hamburger quand apparaît la femme du propriétaire. Blonde sublime et sophistiquée qui détonne dans cet endroit…
CRITIQUE
…et le problème du film est justement ce personnage féminin bien trop sophistiquée par rapport à son mari et l’endroit où elle vit. Il y a comme une sorte de déconnexion entre le film et le personnage tenu par la sublime Lana Turner.
Tiré d’un roman de James Mallahan Cain publié en 1934, l’adaptation du roman se heurte à la censure du très chrétien code Hays en vigueur jusqu’en 1966. La première partie du film pêche sur ce déséquilibre du personnage de la femme du patron par rapport à l’environnement. Lana Turner n’est pas en cause c’est l’écriture de son personnage qui n’est pas en adéquation. Trop contrasté.
La seconde partie qui commence au voyage en voiture de Cora, son mari Nick, et Franck Chambers. Survient l’affrontement de l’avocat interprété par Hume Cronyn et du procureur interprété par Leon Ames qui rend le film pour le coup passionnant. Le genre du film de procès l’emporte sur le thriller.
Les deux hommes de loi font preuve d’un cynisme assez incroyable. Et les deux interprètes rendent parfaitement la perversité morale des personnages.
John Garfield est vraiment formidable en vagabond comme on en voyait beaucoup dans la fin des années 1930. Acteur au jeu très moderne c’est lui qui crève l’écran. Il a un sacré répondant face à la sophistication de sa partenaire Lana Turner.
La réalisation de Tay Garnett plutôt habitué des tournages de comédies, tourne un film efficace avec une fin très réussie par sa montée dramatique. C’est l’apogée de sa filmographie.
Formidable musique de George Bassman.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
L’apparition de Cora Smith avec un rouge à lèvre qui roule sur le sol jusqu’aux pieds de Frank Chambers qui se baisse pour le ramasser puis la caméra remonte le trajet du bâton de rouge à lèvres et s’arrête sur les jambes de Cora. Cut. Retour sur le visage de Frank Chambers qui est pris d’un coup de foudre. Cut. Retour sur le plan large de Cora très court et toute de blanc vêtue qui lui réclame son rouge à lèvres.
L’ANECDOTE
Le roman de James M Cain est adapté en France en 1939 par Pierre Chenal sur un scénario de Charles Spaak. Le film s’intitule « Le dernier tournant« .
En 1943 c’est Luchino Visconti qui l’adapte sous le titre de « Les amants diaboliques » (« Ossessione« ) avec au scénario Giuseppe De Santis, Mario Alicata, Alberto Moravia, Gianni Puccini et Antonio Pietrangeli.
Puis en 1946 Tay Garnett aidé de Niven Bush sort le premier film qui reprend le titre du roman.
Enfin en 1981 Bob Raffelson avec David Mamet pour scénariste, estime qu’il peut coller au roman plus que ne l’ont fait Niven Bush et Tay Garnett. Notamment en gommant la sophistication de l’actrice principale, mais aussi grâce à une censure quasi disparue, montrer la relation torride entre l’employé et la femme du patron. Il reprend lui aussi le titre du roman.