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Synopsis

Rome, via del tempio au n°1 la rue est déserte un homme entre dans l’immeuble, il entre dans un appartement et surprend une belle femme en déshabillé.  C’est Augusta sa maîtresse. D’abord surprise, elle va vers lui l’enlace et lui demande « Aujourd’hui tu me tues de quelle façon? » – « Je te tranche la gorge! lui répond-il. Ils font l’amour et pendant l’acte, l’homme lui tranche la gorge avec une lame de rasoir. Il sort du lit, prend une douche s’habille et met en scène le lieu du crime. Il laisse aussi quelques traces susceptibles de le faire arrêter: Ses empreintes sur une bouteille et un verre, un fil de sa cravate bleue accroché volontairement à un ongle d’Augusta, et ses traces de pas dans le sang de sa victime. Puis il va au boulot. Il est commissaire de la police la criminelle nouvellement promu chef de la brigade politique…

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CRITIQUE

Avec ce film Elio Petri atteint le faîte de sa carrière.

Que ce soit avec le public qui va se ruer pour voir le film ou avec la critique enthousiaste. Le film rayonnera aussi dans les festivals du monde. Il reçoit notamment à Cannes le grand prix spécial du jury, ainsi que le prix de la critique  internationale. C’est « M.A.S.H« . de Robert Altman qui reçoit cette année là, la palme d’or.
rueducine.com-oscar1A Hollywood il reçoit l’Oscar du meilleur film étranger.

Après ce film une incompréhension entre Elio Petri et le public ainsi que la critique ira s’élargissant à chaque film qu’il réalisera. Encore aujourd’hui le réalisateur paie cette désaffection. Je vais tâcher par cet article de le réhabiliter et lui rendre la place qu’il mérite aux côtés des plus grands cinéastes italiens.

« Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » rencontre le succès non seulement par les qualités intrinsèques du film (réalisation, jeu des acteurs, photographie, décors, musique) mais aussi parce qu’une rumeur sulfureuse le précède.
Non pas une rumeur à connotation sexuelle mais bel et bien politique.
Le scénario est tellement anti policier, mais aussi de façon sous-jacente un tel questionnement sur le pouvoir et ses dérives autoritaires, que des rumeurs d’interdiction et de censures submerge la sortie du film. Ce qui pousse le public à se jeter dans les salles de cinéma. A tel point que dans les grandes villes d’Italie certains d’entre eux créent des séances supplémentaires au-delà de minuit pour pouvoir satisfaire la demande.

Les amis du scénariste Ugo Pirro et de Elio Petri conseillent à ces deux fous qui s’en sont pris à la sacro-sainte police et au pouvoir politique qui la dirige, la Démocratie Chrétienne (DC), de fuir l’Italie et d’aller se faire oublier avant que des mandats d’amener les concernant ne circulent.
Il faut dire que les deux compères n’y sont pas allés de main morte. La charge est féroce. Et la description de stratégie de tension appliquée par la DC face à la contestation ouvrière et étudiante qui est entrain de se radicaliser, est plutôt bien affûtée. A tel point que durant le montage du film a lieu l’attentat de la Piazza Fontana qui inaugure les années de plomb. Ce qui ne manquera pas de plonger dans l’embarras producteurs et auteurs du film : Il ne faudrait pas que dans ce climat mortifère, le film devienne contre-productif et que le public retourne son propos d’opposition à la politique sécuritaire du pays par une police toute puissante et intouchable.

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Le film en lui-même est une merveille de réalisation à la fois baroque et limpide, souligné par une interprétation extatique de Gian Maria Volontè chantre de la gauche prolétarienne.
Il prend le rôle à bras le corps de ce commissaire promu à la brigade politique après avoir brillé à la criminelle. L’acteur alterne avec maestria les scènes de soumissions et de dominations que ce soit avec sa maîtresse ou sa hiérarchie et ses collègues. De l’une à l’autre le voici petit enfant pris la main dans le pot de confiture, prêt à pleurer, puis devenir apôtre de Mussolini, menton relevé le verbe fort et les idées fascisantes sous couvert de servir la démocratie.
Son personnage schizophrène et convaincu de son immunité face à ses collègues, frappe les esprits. Le voici fier de son impunité mais en même temps travaillé par son désir irrépressible d’ordre démocratique et de sécurité qui le pousse à semer des indices menant les enquêteurs à le soupçonner de meurtre.

Florinda Bolkan apporte elle aussi son lot d’ambiguïté, puisque c’est elle qui est demandeuse de rapports sadomasochistes dans sa relation avec le commissaire de police. C’est elle qui le pousse à enfreindre la loi en sa présence.  C’est elle qui lui demande de reproduire des crimes qu’il a résolu antérieurement et dont elle devient la vedette par des mises en scène dans leurs appartements. L’actrice montre que son talent de comédienne n’est pas usurpé. Elle apparaît en début de films puis lors de flash-back habilement distillés au long du métrage.

Enfin Salvo Randone acteur fétiche du réalisateur apparaît en témoin forcé. Virtuose dans les seconds rôles, une fois de plus il fait montre d’une grande capacité à jouer les personnages faibles. Encore une fois il joue un plombier, métier du père d’Elio Petri.

Les décors comme dans « La dixième victime » (« La decima vittima« ) (1965) montrent l’attrait qu’avait Elio Petri pour l’art contemporain et la pop art.
La photographie de Luigi Kuveiller souligne les gris du commissariat de police et les couleurs en dehors et lui donne un extraordinaire cachet.

Mais on retiendra surtout la musique géniale du maestro Ennio Morricone qui décoche avec ce film une de ses musiques à base de mandoline, cordes, clarinette, guimbarde, caisse claire et synthétiseur d’une clarté sans pareille. Une musique agressive et volontairement pompière. Dans le ton outrancier et ironique du film.
Cette marche grotesque est le reflet de ce commissaire de police qui arpente les couloirs en vitupérant et en flattant « à la sicilienne » ses subordonnés leur pinçant la joue, avant de finir par une légère tape, ou qui pratique la torture tout en se remplissant la bouche du mot « démocratie » et de ses dérivés.

 

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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le commissaire interroge un suspect d’extrême gauche et par la torture mais aussi la gouaille propagandiste sur une société sans valeurs démocratiques parvient à ses fins : Obtenir le nom d’un complice pour la pause d’une bombe dans le commissariat.

L’ANECDOTE

Lors de son film précédent « Un coin tranquille à la campagne » (« Un tranquillo posto di campagna« ) (1968) Elio Petri contacte Ennio Morricone et le prévient : « Mon cher Morricone, j’ai l’habitude de ne travailler qu’une seule fois avec les compositeurs que j’engage. Alors ce film sera sûrement le premier et le dernier« . La surprise fut donc grande pour Ennio Morricone quand il fut rappelé pour « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon« .
Le maestro évoque ses souvenirs avec Elio Petri avec beaucoup d’émoi. C’est un des réalisateurs qui a su lui dire l’importance qu’avait sa musique dans ses œuvres.

NOTE : 18/20

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