ENFER DE LA CORRUPTION (L’)
- Howland Chamberlain, John Garfield, Marie Windsor, Paul Fix, Roy Roberts, Stanley Prager, Thomas Gomez
- Abraham Polonski
- Film noir, Mafia, Thriller
- 1948
- Force of Evil
- USA
- Abraham Polonski, Ira Wolfert
- David Raksin
Synopsis
New York fin des année 1940. Joe Morse est un brillant avocat qui a aussi de grandes notions capitalistes. Il conseille Ben Tucker et a monté un meccano pour rassembler toutes les petites entreprises de paris clandestins pour les regrouper en un seul énorme consortium qui multiplierait ainsi l’afflux d’argent et les bénéfices. D’ici 24 heures Ben Tucker en truquant un pari va assécher tous les petits bookmakers réfractaires à cette concentration capitaliste et les mettre en faillite. Un de ce ces réfractaires est le Leo Morse, le frère de Joe…
CRITIQUE
Abraham Polonski avec ce film réalise une des perles du cinéma noir hollywoodien.
Film allégorique sur le capitalisme. Les dialogues sont assez surprenants et ne nomment pas réellement les choses.
Ainsi les organisations mafieuses de bookmakers deviennent des banques. Abraham Polonski se refuse aussi tout sermon ou plaidoyer ce qui n’amoindrit pas la charge gauchiste contre l’argent et les conglomérats (mafieux ou non) qui le détournent et devient ainsi vecteur de corruption.
Le scénariste et réalisateur utilise aussi la parabole de Caïn et Abel pour décrire les relations entre les deux frères Morse.
Tout ceci donne au film un ton étrange pour ce film thriller tout en le singularisant énormément par rapport aux productions de l’époque pour ce genre de films.
Le réalisateur tourne des plans d’architectures qui rappellent l’oeuvre de Giorgio de Chirico. C’est vraiment admirable. Les personnages sont écrasés par la ville et ses constructions.
Reste que le film suscite quelques déceptions.
La première étant la romance entre l’avocat et une secrétaire de son frère. Le film est trop court (1h20) pour se permettre cette histoire dans l’histoire. Elle affaiblit ainsi l’histoire initiale.
La musique de David Raksin omniprésente fatigue le spectateur, et les dialogues en forme de parabole s’ils enthousiasment certains critiques, m’ont paru parfois ampoulés et abscons.
Il n’empêche que le film contient des scènes flamboyantes et pas forcément celles où il y a de l’action.
LA SCÈNE D‘ANTHOLOGIE
Au petit matin Joe Morse traverse Wall Street vers Trinity Streetpour se diriger vers Trinity Church. Abraham Polonski filme la scène en plan très large, l’avocat étant tout petit dans cette rue étroite. Celle-ci est déserte ce qui amplifie l’impression d’écrasement.La photographie de George Barnes est d’une beauté sans pareille.
L’ANECDOTE
Abraham Polonski (1910-1999) qui a ouvertement milité au sein du parti communiste américain fut placé sur la liste noire du maccarthysme. Sa carrière en fut sérieusement altérée. Banni des studios, il y est revenu peu à peu en tant que scénariste et sous pseudonyme.
Il a été le co-scénariste de « Police sur la ville » « Madigan« (1968) de Don Siegel. Il n’a retrouvé son statut de réalisateur qu’au début des années 1970. Abraham Polonski de nos jours fait figure d’icône du cinéma outre atlantique.