Synopsis
Agen années 2010, la direction de l’usine Perrin qui appartient à un consortium allemand annonce la fermeture du site. Les syndicats font cesser le travail et bloquer les stocks. Ceux-ci ne comprennent pas qu’un accord signé deux ans auparavant et pour une durée de cinq ans, avec la direction, pour pérenniser l’emploi, soit ainsi bafoué. Ils ont sacrifié des milliers d’heures supplémentaires et l’ensemble de leur primes respectant ainsi une signature d’accord que l’entreprise abandonne de façon soudaine pour un manque de résultats économiques…
CRITIQUE
Film coup de poing dont la force vient de son aspect documentaire.
Stéphane Brizé dont on connaît la fibre sociale à travers ses oeuvres précédentes, « Mademoiselle Chambon » (2009) ou « La loi du marché » (2015), dissèque une lutte syndicale sur la durée avec au début une sorte d’union et de fraternité intersyndicale, et au fil du temps et de l’usure jouée par la direction, le début des dissensions entre syndicat et à l’intérieur même des syndicats.
On y voit aussi le jeu pervers du pourrissement du conflit par le donneur d’ordre, qui fait commettre des erreurs par les syndicalistes qui jouent tout simplement leur avenir, et ne tiennent plus que par la colère et les nerfs.
La violence arrive de façon ineluctable et pourtant tellement préjudiciable au combat syndical. Mais la partie d’en face fait tout pour mettre à la faute des ouvriers qui ne perçoivent plus l’horizon de leur vie et constatent que dans cette lutte « Ils n’ont plus rien à perdre« . Constat erroné que la fin du film soulignera de façon dramatique.
Stéphane Brizé à invité à l’écriture du scénario un syndicaliste, Xavier Mathieu qui a vécu la fermeture du site de Continental de Clairoix en 2009 dont le film s’inspire largement.
Cependant le personnage principal s’inspire plutôt du syndicaliste Edouard Martin qui lui a connu la même année la fermeture du site sidérurgique ArcelorMittal.
Vincent Lindon qui interprète donc Laurent Amédéo, syndicaliste qui endosse le leadership de la lutte ouvrière, fait une performance stupéfiante, même si l’on sait qu’il est un acteur pétri d’un talent exceptionnel. Il arrive quand même à nous étonner par sa capacité à rendre palpable au spectateur le caractère nécessaire (qui ne peut pas ne pas être) de son interprétation.
La musique de Bertrand Blessing avec ses guitares saturées soulignent les passages dramatiques du film. On peut dire que l’osmose entre image et son est parfaite.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Face à ses échecs face à la direction, les médias et une partie de ses collègues, qui compromettent jusqu’aux primes de départ, Laurent Amédéo en arrive aux extrémités. Images choc filmées comme depuis un téléphone portable. Difficile à oublier.
L’ANECDOTE
Quatrième collaboration entre Stéphane Brizé et Vincent Lindon. Une relation professionnelle des plus fructueuse pour le cinéma français.
NOTE : 16/20