Synopsis
Jim Slater est à Gila Valley. Il recherche des tombes. Mais le coin a aussi la réputation de receler une fortune en or cachée par ces hommes enterrés avant d’être anéantis par les apaches. Quand venue de nulle part surgit Karyl Orton une femme à cheval. Alors qu’une méfiance réciproque mêlée de curiosité les lie, Karyl Orton demande à Jim d’aller lui chercher des cigarettes. Alors que Jim fouille dans les sacoches du cheval de Karyl, un tireur embusqué lui tire dessus. Mais il le manque. Jim n’a pas d’autre choix que d’aller chercher le tireur et le descendre. Quand il s’est enfin débarrassé de l’assassin, Jim s’aperçoit que le mort est un adjoint du shérif de Silver City. Il décide de ramener le corps au bureau du shérif…
CRITIQUE
C’est du bon John Sturges.
Un début de film prenant et une tension tout au long du film avec des méchants nombreux et une femme ambiguë.
Il faut dire que le scénariste est Borden Chase et qu’il a écrit quelques grands westerns : « La rivière rouge » (« Red river« ) (1948) de Howard Hawks, « Winchester 73 » (1950) de Anthony Mann, « Les affameurs » (« Bend of the river« ) (1952) de Anthony Mann et « L’homme qui n’a pas d’étoiles » (« The man without a star« ) (1955) de King Vidor.
Il est aussi à l’origine du film « Vera Cruz » (1954) de Robert Aldrich. Ce n’est donc pas un manchot pour le genre.
Il adapte un roman de Frank Gruber (1904-1969) spécialiste prolifique de la littérature policière et western.
Si dans ce film il n’est pas question de thèmes pionniers dont est friand Borden Chase, (les ouvertures de voies, les premiers barbelés, l’introduction de nouvelles armes qui révolutionneront la conquête de l’ouest…) le scénario s’aventure dans la psychologie, voire avec parcimonie, des thèmes freudiens sur la relation père-fils. A savoir comment se construire en fonction du fait que son père soit un héros ou un salaud.
Mais John Sturges évite d’entrer de plein pied dans le sur-western (western dans lequel la psychologie prend le pas sur l’action) comme par exemple « 3h10 pour Yuma » (1957) de Delmer Daves ou « Le train sifflera trois fois » (« High noon« ) (1952) de Fred Zinneman
John Sturges qui s’est fait reconnaître par le western « Fort Bravo » (1953), trouve ici un sujet assez original et y met les formes pour le rendre intéressant.
Une réalisation carrée sans fioriture qui va toujours à l’essentiel, un technicolor magnifique et un montage qui limite les scènes de transition sans être trop elliptique.
Mais John Sturges n’a quand même pas la capacité à sublimer ses sujets comme Howard Hawks, Raoul Walsh, ou Anthony Mann. Il a fait un bon film, il y avait peut-être matière à faire un grand film.
John Sturges est cependant entouré d’un formidable casting.
Un Richard Widmark toujours impeccable donnant toujours une dimension psychologique complexe à ses personnages.
Donna Reed est à la limite de la femme fatale. Son rôle de femme sans grande humanité ni grande sincérité lui va comme un gant.
John McIntire est un bon méchant. Mais il arrive un peu tardivement dans le film. Dommage!
Herman Stein signe une musique qui flirte avec les codes du film noir plus qu’avec ceux du western.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène d’ouverture avec le tireur embusqué dans les hauteurs. Le piège est bien mis en image.
L’ANECDOTE
Dernier grand rôle au cinéma pour Donna Reed (1921-1986). Elle a tourné dans de grands films comme « Le portrait de Dorian Gray » (1945) de Albert Lewin, « La vie est belle » (1946) de Frank Capra, « Tant qu’il y aura des hommes » (1953) de Fred Zinneman.