Synopsis
France, dans une ville de la fin des années 1960, Tavernier dit « Le mandarin », un ancien de la guerre d’Indochine s’est reconverti dans l’immobilier. Il a aussi quelques ambitions politiques bien qu’il soit fasciste. Mais en sous main c’est un truand et un trafiquant de drogue. Il impose par la violence les tenanciers de boite nuit d’ouvrir leur négoce à ses trafics. Mais avec Robert Dassa il tombe sur un os. Celui-ci refuse malgré les passages à tabac qu’il subit. Il finit par être tué par deux hommes de main de Tavernier. L’inspecteur Barnero qui voit la ville sombrer dans la pourriture à cause de Tavernier pense que c’est une chance pour lui de faire cesser les activités du mandarin…
CRITIQUE
Ce film de Yves Boisset marque par sa violence.
A l’époque le grand réalisateur de ce genre de films est Jean-Pierre Melville. Mais chez ce maître du film noir la mort par arme à feu était stylisée. Yves Boisset introduit de façon insistante les écoulements de sang et le côté gore (sans doute inspiré par la vague du giallo italien) des meurtres.
Yves Boisset n’en est qu’à son troisième film mais a pas mal roulé sa bosse en tant qu’assistant réalisateur.
On a pu le voir sur le set du film de Sergio Leone « Le colosse de Rhodes« , en 1961 ou sur le film de Claude Sautet « L’arme à gauche » et « Paris brûle -t-il? » (1966) de René Clément.
C’est peut-être pour cela qu’il fait preuve d’une grande maîtrise et dans sa réalisation et dans sa direction d’acteurs.
Le film souffre un peu de sa production franco-italienne qui l’oblige à faire venir les acteurs italiens Gianni Garko que l’on double avec un accent anglais, et Adolfo Celi.
Yves Boisset se pose en auteur de cinéma, si ce n’est militant, tout au moins qui réfléchit sur les problématiques que soulèvent certains faits divers. Dans ce film il pose la question: jusqu’où peut aller le pouvoir d’un policier? A-t-il droit de vie ou de mort même sur le pire des assassins?
Mais la force de Boisset réside dans le fait que tout en voulant faire un cinéma engagé, il n’en oublie pas pour autant le spectacle et se base sur un scénario rigoureux et efficace.
Superbe interprétation de Michel Bouquet froid comme un serpent.
La musique d’Antoine Duhamel est assez dissonante, elle peut rebuter le spectateur.
Ce film est recensé dans la page : LE FILM POLICIER ET LE THRILLER FRANÇAIS DE 1945 à nos jours.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le face à face entre l’inspecteur vengeur et le truand désarmé. Belle scène entre un Michel Bouquet déterminé dans son désir de supprimer l’assassin de son ami et Michel Constantin qui tente de sauver sa peau en justifiant son geste.
L’ANECDOTE
Ce qui connut au film à sa sortie quelques déboires avec la censure, car sous la présidence du « très libéral » Georges Pompidou le cinéma devait montrer patte blanche. Notamment les maires ayant un pouvoir de censure locale. Le film s’est vu interdire ici et là pour ses scènes de violence et peut-être aussi pour une image ternie de la police et donc par ricochet du pouvoir qui la dirige.