CHEYENNES (LES)
- Arthur Kennedy, Caroll Baker, Dolores Del Rio, Edward G. Robinson, James Stewart, Karl Malden, Patrick Wayne, Richard Widmark, Sal Mineo
- John Ford
- Western
- 1964
- Cheyenne autumn
- USA
- James R. Webb
- Alex North
Synopsis
1878 dans une réserve de l’Oklahoma où les indiens ont accepté de se replier en attendant d’obtenir de bonnes terres promise par l’Etat américain, les Cheyennes périclitent sur une terre aride où la nourriture est rare et le ravitaillement de l’armée aléatoire. Au bout d’une année d’espérance alors qu’une réunion entre les chefs de la tribu et le gouvernement doit avoir lieu, les membres de Washington au bout d’une journée d’attente finissent par envoyer un télégramme annonçant qu’ils renoncent à la réunion. Les indiens dépités rentrent au camp. Le capitaine Archer et la quaker Deborah Whright qui instruit les enfants cheyennes sont profondément choqués par ce qui vient de se passer. Les Cheyennes décident pour leur part de retourner dans le Dakota, leurs terres natales et verdoyantes…
CRITIQUE
Ultime western de John Ford (1894-1973) qui réalisera un ultime film en 1966 « Frontière chinoise » (« 7 women« ). John Ford met un point d’honneur à réhabiliter les indiens et honorer la geste de la longue marche des Cheyennes de l’Oklahoma vers le Montana. C’est ce que raconte le film. Et de façon plutôt brillante!
Seule ombre au tableau, un assez long passage iconoclaste dans la ville de Dodge City où un Wyatt Earp primesautier magnifiquement interprété par James Stewart tombe malencontreusement comme un cheveu dans la soupe de ce drame indien. La rupture de ton est singulière. Bien trop. Mais cela nous permet au passage de regretter un film entier signé John Ford et James Stewart sur la vie de Wyatt Earp…
John Ford semble cette fois ne pas privilégier la légende à l’histoire et restitue le calvaire indien sous une certaine authenticité. John Ford cependant s’il centre son sujet sur la honteuse éradication programmée des Cheyennes (et des amérindiens en général) continue de prendre le point de vue du blanc.
Le film est tout de même centré sur le personnage du capitaine Archer tenu par un bon Richard Widmark (1914-2008).
A ce jour il n’existe pas de western ayant pour unique point de vue celui des indiens durant les guerres indiennes.
Parfois le héros indien est marginalisé (« Bronco Apache« ) (1954), ou métis (« Hombre« ) (1967). Mais ne s’inscrivent jamais dans les guerres indiennes.
Même le somptueux « Danse avec les loups » (« Dance with wolves« ) (1990) de Kevin Costner qui offre la part belle aux sioux conserve pour héros principal un blanc qui devient indien.
John Ford parvient cependant par des images souvent somptueuses de montrer le drame du génocide indien. Le plus souvent sans dialogue. Là réside le génie du réalisateur.
On peut aussi regretter une musique d’Alex North pas si inspirée que ça.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La petite bande de survivants indiens se retrouvent après un harassant et mortel périple de plus de 2500 kilomètres, se retrouve affamée et transie de froid au Fort Robinson tenue par un officier qui n’entend rien aux indiens et se borne à exécuter les ordres. Les indiens refusent de repartir et se disent prêts à mourir sur place plutôt que subir un second exode qui leur serait fatal. Dolores Del Rio (1904-1983) est sublime.
L’ANECDOTE
John Ford n’a pas pu tourner avec de véritables cheyennes. Pas assez nombreux. Il a donc tourné avec des Navajos.