Synopsis
1939 à 500 mètres du Berghof de Adolf Hitler un homme armé d’un fusil à lunette met en joue le chancelier nazi. Il tire mais le fusil n’est pas armé. Il introduit une balle et s’apprête à tirer quand un soldat allemand lui tombe dessus, le coup part en l’air et rameute les gardes. L’homme, un anglais de bonne famille dénommé Thorndike, chasseur de fauve en Afrique, est arrêté et amené dans le bureau d’un chef des services secrets nazis. Celui-ci tente de lui faire avouer que cette tentative d’assassinat sur le chancelier Hitler a été commandité par le gouvernement anglais. Malgré la torture, face au refus de Thorndike de signer des aveux, le dignitaire nazi veut simuler un accident par une chute mortelle de l’anglais dans les montagnes qui entourent le repaire de Hitler…
CRITIQUE
Fritz Lang participe à la propagande antinazie lancée par Hollywood au déclenchement de la seconde guerre mondiale.
Les scénaristes Dudley Nichols et Lamar Trotti (script doctor) adaptent un feuilleton de Geoffrey Household qui sera réuni en roman.
Avec ce film Fritz Lang participe pleinement à la politique antinazie du pays même si les Etats-Unis ne sont pas encore entrés en guerre cela ne saurait tarder (07/12/1941).
Ce film est une allégorie de la bataille du bien (la démocratie) contre le mal (la dictature). Deux hommes représentent chaque camp.
Le britannique Thorndike d’origine aristocratique lancé au début du film dans la traque de la bête fauve qu’est le chancelier Hitler. Mais juste pour la beauté du geste. C’est quand il s’aperçoit que le chef des nazis est réellement à portée de son fusil qu’il se fait arrêter. Walter Pidgeon est superbe de morgue et d’inconséquence.
L’allemand aussi d’origine aristocratique mais à l’intelligence pervertie par la politique et qui possède des moyens supérieurs à son adversaire.
L’anglais doit lutter par sa connaissance du terrain et son instinct de survie.
Fritz Lang décrit ainsi parfaitement le rapport de force entre l’Allemagne et l’Angleterre. Cette dernière après la débâcle française, assiégée par les armées de Hitler, bombardée, repliée sur elle-même, devra sa victoire lors de la bataille d’Angleterre (06/1940-05/1941) à son organisation et son instinct de survie.
Le réalisateur tourne des scènes sèches de poursuites dans les rues sombres de Londres, les couloirs et les tunnels du métro des lieux oppressants où la tension est permanente. Pour finir dans une grotte où s’est réfugié le chasseur du début du film devenu gibier. Les poursuivants de Thorndike sont de vraies sales gueules, parmi lesquelles celle émaciée de John Carradine.
Un des films les plus forts de la carrière hollywoodienne de Fritz Lang.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La première scène où Thorndike a au bout de son fusil Adolf Hitler, il tire sans avoir chargé le fusil puis lance un salut de satisfaction et s’apprête à repartir satisfait d’avoir eu son gibier.
L’ANECDOTE
Fritz Lang cinéaste autrichien ayant signé quelques chefs d’oeuvre en Allemagne « Docteur Mabuse le joueur » (« Doktor Mabuse der Spieler« ) (1922), « Metropolis » (1927), « M le maudit » (1931) réfugié dès l’avènement de Hitler en 1933 d’abord en France puis en 1934 aux Etats-Unis. Il s’intègre rapidement au système de studios Hollywoodien il y signera quelques grands films parmi lesquels « L’Ange des maudits » (« Rancho notorious« ) (1952) ou « Règlement de comptes » (« The big heat« ) (1953).