Synopsis
Marc Tourneuil est sur un parcours de golf avec son Président Jack Marmande de la banque Phénix pour lequel il est un conseiller averti. Celui-ci tombe terrassé sur le green. A l’hôpital on lui diagnostique un cancer des testicules. Les proches du président imaginent déjà le futur de la banque sans lui en partageant les fauteuils des présidences. Mais Jack Marmande remis, propulse Marc Tourneuil au fauteuil de président, il se ménage un fauteuil de vice-président et conseiller. Manque l’aval de l’actionnaire principal américain. Ceux-ci après une négociation salariale compliquée avec Tourneuil entérinent sa nomination. Marc Tourneuil affiche son volontarisme et ses ambitions pour la banque voulant tourner le dos au système managérial de Marmande…
CRITIQUE
Que l’humaniste Costa-Gavras s’attaque au monde de la finance et de ses injustices cela va finalement de soi. Là où le réalisateur surprend c’est par le ton employé.
Le film oscille sans cesse entre reportage, récit satirique, et thriller ce qui est assez déstabilisant. Heureusement Costa-Gavras a du métier et tient son film de bout en bout. Tout d’abord un scénario adapté d’un roman de Stéphane Osmont écrit sur un ton féroce de satire sociale et politique à la première personne du singulier.
Le travail des scénaristes a été de garder cet esprit mordant tout en lui conservant l’intérêt du thriller financier et de la lutte de la banque européenne contre le fonds de pension américain. Magouilles internationales, ambitions démesurées, et pré-carrés défendus âprement, guéguerres de chefs, et coups tordus. Saupoudrez de luxe, drogues, et putains. Arrosez tout cela de plans sociaux drastiques et de cours en bourse jamais assez haut, et vous avez un aperçu de l’ambiance du film.
Costa-Gavras dépeint des personnages avides de pouvoir, tout le temps entre deux réunions, deux avions privés, deux restaurants classés où les événements se chevauchent les uns les autres dans un monde où l’argent ne dort jamais. Cet aspect du film est une des grosses réussites du film. D’autant que le spectateur n’est jamais perdu. Alors certes on pourra taxer le film de simplification des arcanes financières; mais le contraire eut été à l’encontre de la compréhension du récit.
Je reprocherai juste à Costa-Gavras d’avoir voulu à trois ou quatre reprises dans le film, nous montrer les réelles pensées (en général violentes) de Tourneuil vis-à vis de certains personnages. Ces mini-scènes cassent le rythme et n’apportent pas grand chose au personnage de Tourneuil. La toute dernière scène montrant un enfantillage inutile, nuit aussi à la bonne clôture du film. Dommage.
Costa-Gavras et ses scénaristes parviennent cependant à décrire un monde de communication par internet avec le monde entier et immédiat, alors qu’elle a bien plus de mal à exister avec les proches et l’entourage. Sans cesse interrompu, ou incompris Marc Tourneuil est enfermé dans un monde de plus en plus virtuel. Un monde de jeux vidéo qui façonne une jeunesse dont on ne sait encore ce qu’il en ressortira.
Belle distribution.
Gad Elmaleh surprend dans ce rôle sérieux et s’avère avoir les épaules assez larges pour tenir un tel rôle d’arriviste assoiffé d’argent et de pouvoir.
Hippolyte Girardot et Bernard Le Coq frétillent dans ce bocal de requins avec une certaine gourmandise qui fait plaisir à voir.
Gabriel Byrne incarne l’arrogance américaine avec talent.
Belle musique de Armand Amar qui allie avec bonheur rythmique électronique et instruments classiques (piano, violon, flûte).
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Tous les cadres supérieurs de la banque sont dans les couloirs de l’hôpital où Jack Marmande vient de se faire diagnostiquer un cancer des testicules. Tout ce beau monde glose sur l’avenir de la banque et les couilles fatales au banquier. Le ton du film est donné.
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L’ANECDOTE
Gabriel Byrne tourne pour la deuxième fois dans un film de Costa-Gavras. En 1983 il avait tourné avec Jill Clayburg et Jean Yanne dans « Hanna K« .