Synopsis
Albin et Renato couple homosexuel la bonne cinquantaine chacun tiennent à Saint-Tropez un cabaret nommé « La cage aux folles ». Albin y tient le rôle vedette. Mais en vieillissant il devient de plus en plus capricieux. Renato doit utiliser mille stratagèmes pour calmer son amant et l’inciter à aller sur scène tous les soirs. Ce soir là, Laurent le fils de Renato vient rendre visite à son père et lui annonce qu’il est amoureux et va se marier. Problème, le père de sa fiancée, Andréa, est un homme politique cadre d’un parti réactionnaire drapé dans la « défense des bonnes mœurs ». Laurent demande à son père de rencontrer sa future belle famille mais de soigner le décor un peu trop exubérant, et d’éloigner Albin qui ferait tâche au tableau…
CRITIQUE
Voici un film qui a bien du mal à passer les années. La faute à une adaptation d’une pièce de théâtre de Jean Poiret plutôt calamiteuse. Jean Poiret a travaillé sur l’adaptation de sa pièce au cinéma. Mais il renonce. Il n’y parvient pas.
Edouard Molinaro se tourne vers Francis Veber. Ils partent sur une île des Caraïbes pour travailler le scénario et par deux fois renoncent. Les producteurs ont du les remotiver y compris financièrement.
Le film cherche tant bien que mal à sortir de la scène de théâtre pour s’aérer mais peut-être aurait-il mieux valu capter la pièce… ce qu’aucun producteur français n’a voulu financer.
De plus le remplacement de Jean Poiret par Ugo Tognazzi n’a pas été fructueux. Et le doublage de la voix de l’acteur transalpin par Pierre Mondy n’est pas non plus formidable.
Jean Poiret a du se plier aux contraintes de la coproduction (une grande partie de la distribution et de l’équipe technique étant italienne).
Les décors du film sont ternes et la photographie assez mauvaise, ce qui est assez surprenant de la part de techniciens italiens.
Edouard Molinaro tourne comme il enfile des perles, avec un rythme certain, mais qui engendre une monotonie. Même la scène dite « de la biscotte » est bâclée tournée dans un décor de bar terne. Elle est de plus suivie d’une scène calamiteuse avec des clients homophobes.
Ugo Tognazzi qui reprend le rôle tenu par Jean Poiret au théâtre, n’est pas à la fête. Pourtant c’est un acteur rompu à la comédie.
Mais là, il ne semble pas très à son aise. Il faut dire qu’il a le rôle du clown blanc face à l’Auguste, Michel Serrault qui prend toute la lumière.
Ce dernier sauve le film du naufrage complet par une interprétation certes outrée, mais qui emporte le rire. César.
Benny Luke n’est pas de reste et compose une bonne inoubliable.
Venantino Venantini cachetonne. Le film pouvait se passer de lui.
Quant à Michel Galabru il pâtit de beaucoup de scènes extériorisées et donc (mal) réécrites pour le film. Quand il est face au duo (Serrault-Tognazzi) il a tendance à en faire un peu trop pour exister.
La musique d’Ennio Morricone n’est guère mise en valeur. Il faut dire que le maestro ne s’est pas trop foulé pour l’occasion. Il décoche quand même un tango extravagant.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
L’arrivée pendant le repas entre les deux familles d’Albin déguisée en sage quinquagénaire.
L’ANECDOTE
Un fidèle lecteur du site rueducine.com et fan absolu d’Ennio Morricone au ravissant pseudo de Titou Dady me fait savoir qu’Edouard Molinaro, lors de mémoires filmées, a vécu ce tournage comme un enfer.
Entre Michel Serrault qui ne retrouvait pas ses marques par rapport à la pièce de théâtre, notamment parce qu’on lui demandait des scènes plus « réelles » que les folies du théâtre, (ce qui le mettait de mauvaise humeur), et Ugo Tognazzi qui est arrivé sur le tournage sans avoir appris une seule ligne du scénario et qui refuse de faire le film en français (alors que c’est une langue qu’il maîtrisait parfaitement), ânonnait un dialogue en italien sans aucun rapport avec la situation filmée. Ceci ayant obligé Molinaro et Veber à retravailler les dialogues en fonction des mouvements de lèvres de Tognazzi sur la table de mixage.
L’acteur italien a même un jour déchiré le script et décidé qu’il quittait le tournage. C’est son avocat qui le ramène à la raison quand il lui fait valoir qu’il devra verser des indemnités à la production…