BRIGADE SPÉCIALE
- Arthur Kennedy, Biaggio Pelligra, Giampiero Albertini, Ivan Rassimov, Luciano Catenacci, Maria Rosaria Omaggio, Maurizio Merli, Tomàs Miliàn
- Umberto Lenzi
- Policier, Poliziottesco
- 1976
- Roma a mano armata
- Italie
- Dardano Sacchetti, Umberto Lenzi
- Franco Micalizzi
Synopsis
Rome années 1970, la ville est saisie par une violence quotidienne. La police a bien du mal à faire son travail. Les lois ne sont plus adaptées. Le commissaire Leonardo Tanzi qui cherche à arrêter un marseillais nommé Ferrender reçoit une information sur une réunion de truands dans un tripot clandestin où devrait se trouver Ferrender. Là-bas pas de Ferrender mais il arrête un dénommé Savelli malfrat supposé de sa bande. Celui-ci ne parle pas et sans aucune preuve Tanzi doit le relâcher. Entre temps un braquage de paris hippiques finit par le meurtre d’un gardien. Tanzi suit une piste qui le mène au beau-frère de Savelli qui travaille dans une boucherie en gros; un certain Moretto personnage bossu et retors…
CRITIQUE
L’année 1976 s’avérera prolifique pour Umberto Lenzi qui tourne trois films du genre poliziottesco. Dont deux sont écrits par Dardano Sachetti et lui-même. « Brigade spéciale » et « Le clan des pourris« ( « Il trucido e lo sbirro« ). Le troisième « Opération casseur » (« Napoli violenta« ) est écrit par Vincenzo Mannino. Ses trois films profitent à plein du succès de ce genre alors en plein boom en Italie. Ce seront trois beaux succès pour le réalisateur qui devient ainsi le maître du poliziottesco.
Outre la trame policière qui est souvent intéressante voire captivante, ce filon est un témoignage du traumatisme par la violence que connaît l’Italie des années 1970-1980. Qu’elle soit purement criminelle ou parfois politique. Dans certains films ultérieurs cf « Romanzo criminale » (2005) de Michele Placido, on verra que la délimitation entre truands, mafia, et magouille politique est loin d’être franche.
Umberto Lenzi a fait appel à Maurizio Merli qui l’année précédente sur le film « Rome violente » de Franco Martinelli a connu la célébrité en incarnant un flic implacable et en reprenant les moustaches façon Franco Nero, acteur viril italien. Ce rôle de flic brutal et jusqu’au-boutiste (un peu « L’inspecteur Harry » italien) lui collera comme un gant jusqu’en 1980 où le filon s’éteint comme bien d’autres auparavant (le filon du peplum, le filon du western, le filon du giallo…)
Le commissaire Leonardo Tanzi comme Harry Callahan peste contre les lois qui entravent la police et plaide pour une brigade spéciale affranchie de ces entraves. Il n’hésite pas à tabasser violemment celui qui ne veut pas parler.
Umberto Lenzi n’amène aucun humour là où en France par exemple Jean-Paul Belmondo dans « Peur sur la ville » (1974) de Henri Verneuil fait passer la dragée de la violence du policier par le second degré. Tout est au premier degré mais je pense que c’est une volonté de Lenzi décidé à faire le portrait d’une Italie malade de sa violence.
Le message passe ou ne passe pas selon le spectateur. L’un peut y voir un flic aussi odieux que ceux qu’il pourchasse, d’autres un flic dépassé par l’ampleur de la tâche et qui ne trouve que la violence pour apaiser sa frustration.
Face à Maurizio Merli, l’impeccable Tomàs Miliàn acteur cubain, qui après des études d’interprétation à Miami et New York se rend en Italie où il trouve des rôles. Miliàn fait une composition mémorable d’un bossu, hargneux, assassin et sans scrupule aucun. Il faut dire qu’il est aussi aidé par le doublage de sa voix signé Ferruccio Amendola qui lui donne un accent romain qui fait sensation.
Côté vedette féminine c’est pas terrible. Les femmes sont plutôt montrées comme victimes et n’ont qu’un rôle anecdotique.
La musique de Franco Micalizzi rappelle un mélange de Lalo Schifrin et d’Ennio Morricone. C’est efficace.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La dernière poursuite en voiture entre la police romaine et Moretto. Très spectaculaire. Umberto Lenzi s’affirme comme un maître du filone poliziottesco.
L’ANECDOTE
La surprise de ce film est que le spectateur italien s’est énormément identifié au personnage du bossu, qui affichait une idéologie antibourgeoise de la société et de la famille. En 1977 Umberto Lenzi tourne « Échec au gang » (« La banda del gobbo« ) où Tomàs Miliàn reprend son personnage de gangster assassin et « L’infâme, le cynique, le violent » (« Il cinico, l’infame, il violento« ) dans lequel Maurizio Merli reprend le rôle du commissaire Tanzi.