Synopsis
Paris Daniel Salmon, un journaliste et romancier part sur la Côte d’Azur pour se changer les idées après un divorce difficile. Son éditeur lui dégote un appartement. En fait celui d’un autre journaliste parti pour quelques semaines en reportage. Dès son entrée dans le taxi il est pris par une sombre histoire de vieille femme assassinée que lui raconte le chauffeur, et qui habitait dans l’immeuble où se situe son appartement…
CRITIQUE
Tourné en 1982 (un an après l’élection de François Mitterrand) ce sont les photos de Valery Giscard d’Estaing qui sont exposées sur les murs de la mairie de la ville. C’est donc une fois encore à la France Giscardienne et ses potentats locaux que le film décrit. Comme Pierre Granier Deferre dans « Adieu poulet » (1975) ou comme Etienne Périer avec « Un si joli village » (1978) ou enfin « Mort d’un pourri » (1977) de Georges Lautner.
Le personnage incarné par Victor Lanoux qui règne sur la cité balnéaire du film et rêve d’en faire un lieu de plaisirs pour riches, fait furieusement penser à Jacques Médecin député et maire de Nice sous la bannière Rassemblement Pour la République (RPR) de 1965 à 1990. Ses frasques financières (corruption, fraude fiscale, détournements de fonds…) amènent le parti chiraquien à le lâcher. Qu’à cela ne tienne il se rapproche du Front National de Jean-Marie Le Pen. Pourri jusqu’à la moelle et condamné par la justice, avec de forts soupçons d’avoir autour de lui des hommes de mains n’hésitant pas à éliminer physiquement les curieux et les gêneurs, il achève sa carrière et sa vie en fuyant en Uruguay.
Si le sujet avait de grosse potentialités (meurtres sous fonds de trafic immobilier), le parti pris de la voix off plombe sérieusement le film. Comme le dit ma mentor en matière de scénario Angela Scandura, « Au cinéma il vaut mieux montrer plutôt que de raconter« . D’autant que la voix off n’apporte rien au récit si ce n’est de le ralentir. Et d’instiller un léger ennui.
Dommage! Le film outre le potentiel du scénario avait un atout primordial sa distribution impressionnante pour un premier film de cinéma de la part de Boramy Tioulong (1940-2013).
Jean-Louis Trintignant excelle bien entendu.
Victor Lanoux (1936-2017) n’est jamais meilleur que dans des rôles de salaud. Non seulement il joue un maire véreux mais en plus un tyran domestique et avec une certaine délectation semble-t-il.
Marie-France Pisier (1944-2011) et Stéphane Audran (1932-2018) apportent la touche féminine de la distribution avec (et c’est regrettable) des personnages plutôt sacrifiés et passifs.
Enfin la musique de Jacques Loussier manque de renouvellement dans sa mélodie, et là aussi apporte un brin de lassitude.
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LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le couple Vallorba rentre d’une soirée au restaurant, il demande à sa femme de le rejoindre dans sa chambre. A peine a-t-elle fermée la porte qu’il la gifle. Et lui reproche d’avoir dû louvoyer avec la vérité devant ses enfants, à propos de la vieille femme décédée de mort violente et qui possédait le terrain où l’ensemble hôtelier va être construit.
L’ANECDOTE
Premier et unique film de Boramy Tioulong pour le cinéma. Il a tourné avant et après ce film mais pour la télévision.