Synopsis
Trois escrocs se déguisent, l’un Franco, en chauffeur, le deuxième Picasso, en jeune prêtre et le troisième, le plus âgé, en émissaire de la curie romaine. Ils vont chez des pauvres paysans et leur raconte une sombre histoire de meurtre et de corps enterré avec un trésor durant la dernière guerre et de rédemption. Le faux trésor a été enterré par un comparse quelques temps plus tôt. Et contre 500 messes à 1000 lires la messe, payables au comptant pour l’âme du pêcheur, les trois escrocs creusent trouvent le trésor et l’abandonnent, ils partent à Rome claquer l’argent gagné…
CRITIQUE
Sans être la suite de « Les inutiles » (« I vitelloni« ) (1953) écrit par le même trio de scénaristes, « Il bidone » est dans la même veine. C’est une peinture sociale acerbe de trois gagne-petit qui s’en prennent à plus petits et misérables qu’eux grâce à la crédulité des pauvres hères face à la religion et la puissance de l’église. Dès qu’ils osent s’en prendre à des personnes d’une autre trempe ils essuient un échec cuisant.
Federico Fellini ne leur fait pas de quartier à ces salauds. Et sa caméra les méprise. Ils sont lâches, veules et ignobles dans leur moralité.
Federico Fellini tourne son 4ème long métrage encore sous l’influence du Néo-réalisme mais annonce aussi avec ce drame un des grands thèmes de la comédie à l’italienne à savoir l’escroquerie. « Gendarmes et voleurs » (« Guardie e ladri« ) (1951) de Mario Monicelli et Steno ou « L’homme aux cent visages » (« Il mattatore« ) (1959) de Dino Risi étant deux des films les plus représentatifs dans cette veine-ci.
Il semble qu’arnaquer son prochain fut un grand sport italien dans l’après seconde guerre mondiale.
Dans la distribution deux vedettes américaines venues rechercher un second souffle dans leur carrière auprès de Cinecittà.
Broderick Crawford est ici excellent en arnaqueur vieillissant et qui s rappelle d’un coup qu’il est aussi un père.
Quant à Richard Basehart en mari veule et menteur avec sa femme est peut-être le plus attachant des trois.
Franco Fabrizi qui était de l’aventure de « Les inutiles« est une fois de plus miraculeux dans ce personnage odieux dont il a le secret. Il a beaucoup fait dans sa filmographie pour flinguer l’image de l’italien sympathique.
Nino Rota signe une bonne musique. Ce n’est pas sa meilleure avec Federico Fellini mais les bases de ses chefs d’œuvres « La dolce vita » (1960) et « Huit et demi » (1963) sont là.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La dernière arnaque où Augusto a reformé une équipe et s’en prend à une famille dont la fille est atteinte de poliomyélite. L’ignominie du personnage portée jusqu’au bout.
L’ANECDOTE
Ne voulant pas modifier la fin âpre de son film demandée par les producteurs, il est possible que la dureté du propos ait amené le film à l’échec dans son exploitation en salles.