BARRY LYNDON
- Gay Hamilton, Hardy Krüger, Marie Kean, Marisa Berenson, Murray Melvin, Patrick Magee, Ryan O'Neal, Steven Berkoff
- Stanley Kubrick
- Aventures, Drame, Espionnage, Guerre
- 1975
- Grande Bretagne, USA
- Stanley Kubrick
- Leonard Rosenman
Synopsis
En Irlande au XVIII° siècle, Redmond Barry amoureux de sa cousine, provoque en duel un capitaine de l’armée anglaise prétendant de celle-ci. Il s’enfuit et aprés été dépouillé par des bandits, s’engage dans l’armée, qu’il finit par déserter après une bataille de la guerre de 7 ans, où il voit mourir un ami. Pris par l’armée de Prusse dans laquelle il est enrôlé de force, lors d’une autre bataille il sauve son capitaine et celui-ci en fait un espion. Chargé d’espionner le chevalier de Balibari, il est retourné par ce dernier, et les deux hommes s’enfuient de Prusse pour aller vivre la vie de joueurs professionnels dans les cours d’Europe. A une table de jeu il rencontre la comtesse Lady Lyndon, qui veuve, l’épousera et donnera à Redmond Barry, titres, fortune et descendance…
CRITIQUE
A mon avis, le plus beau film de tous les temps.
Tout y est sublime, l’histoire, la réalisation, les costumes, la lumière (le traitement des extérieurs comme des tableaux de peintures du XVIII°, et les scènes intérieures tournées à la lumière des seules bougies). Stanley Kubrick accumule les exploits pour relever les défis qu’il s’est fixé.
L’interprétation de Ryan O’Neal dans son plus grand et plus beau rôle est magistrale. Il incarne à la perfection ce personnage à la fois arriviste, goujat et veule qui ne sait que faire de l’amour et de la fortune une fois conquises de haute lutte.
Marisa Berenson, magnifiquement belle, et d’un jeu tout en douceur, est une Lady Lyndon sublime dans son amour jusque dans le malheur.
Enfin Murray Melvin tout en finesse en prêtre qui laisse passer l’orage quand il n’a plus la mainmise sur les pensées de Lady Lyndon, et qui reprend son emprise moraliste lorsque Barry Lyndon délaisse sa femme.
Bien entendu l’ensemble du casting est exceptionnel. Et l’on sait que Stanley Kubrick était capable de faire jouer et rejouer inlassablement une scène jusqu’à obtention de ses desiderata.
Stanley Kubrick fait l’excellent choix d’accompagner le film d’une voix off. Celle-ci n’appartenant à aucun des personnages dans le film. La voix off est un personnage « hors film » qui commente les images souvent avec cynisme et un humour parfois assez noir. Celle-ci contredit même parfois les images du film ou anticipe les scènes pour montrer, l’inéluctabilité des faits.
Film somme qui embrasse plusieurs genres (la guerre, l’espionnage, le drame, l’aventure, le mélo, la comédie dramatique, le film de cape et épée…).
Mais surtout film d’une noirceur terrible. Sur l’homme, son âme fascinée par l’échec et son destin fatal.
La structure du film (avec une symétrie entre la première partie et la seconde), la musique parfaite pour illustrer les images font de ce film un objet rare et précieux.
Un trésor du 7ème art.
Les arrangements signés Leonard Rosenman de morceaux divers de musique traditionnelle Irlandaise à la musique classique allant de Bach à Mozart, de Schubert à Frédéric II de Prusse, de Haendel à Paisiello sont une merveille d’intelligence pour épouser les images. Elle renforce le récit et sa dramaturgie. Sans ce travail forcené sur la musique le film n’aurait pas cette dimension incroyable.
Nous l’avons donc vu, Stanley Kubrick convoque tous les arts du XVIII ème siècle, la peinture, la musique et la littérature par l’entremise de la voix off pour faire de ce film un film éblouissant sur une société en deliquescence à quelques années de la révolution française. Porté par un personnage peu aimable, qui fait du mensonge et la tricherie sa trajectoire de vie.
Les 3 heures quatre minutes et quatre secondes semblent être la durée parfaite du film. On sort de la projection avec un sentiment de plénitude, sentiment assez rare, généralement c’est un petit goût de manque ou de trop plein qui taraude le spectateur.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Redmond Barry est à la table de jeu avec Lady Lyndon, uniquement éclairée par des chandeliers. Lady Lyndon quitte la table de jeu, puis Redmond Barry fait de même et rejoint Lady Lyndon qui est sortie hors du château. Les deux se retrouvent dehors. Ils sont éclairés par la pleine lune. en arrière-plan on voit le château, et ses éclairages. Redmond saisit une main, puis l’autre et embrasse Lady Lyndon. Le tout sur fond du trio pour piano n°100 de Franz Schubert retravaillé par Leonard Rosenman. Je ne connais pas quoi que ce soit de plus beau.
L’ANECDOTE
Le film n’a rencontré aucun succès aux Etats -Unis. Il a juste permis de rentrer dans les frais du studio grâce au succès public en Europe. Ce film a dépassé son budget initial de plus de 100%. Même si Stanley Kubrick travaille en comité restreint (ce qui permet de baisser les coûts salariaux) le dépassement des jours de tournages dû à la méticulosité du réalisateur grèvent fortement le budget du film.