Synopsis
Rome années 1960, Otello Celetti vit avec sa femme et son fils chez son beau frère qui tient une boucherie. Otello ne travaille pas depuis la fin de la guerre, des éclats d’obus logés dans l’arrière train l’empêchant (selon ses dires) tout travail manuel. Or Otello n’a pas fait d’études et ne peut prétendre non plus à un poste administratif. Son fils de 10 ans travaille déjà comme mécanicien et s’est comporté en héros en sauvant de la noyade le fils d’un conseiller municipal. Comme cadeau de remerciement le fils demande un emploi pour son père « qui a très envie de travailler » dit-il…
CRITIQUE
Surtout ne pas croire la précaution liminaire du film qui assure que ce film ne s’inspire pas de faits réels et qu’il est l’oeuvre de l’imagination des auteurs etc…etc… Le film s’inspire bel et bien de faits ayant eu lieu en juillet 1959.
Un agent de police met une contravention au procureur de la ville de Rome pour sa conduite dangereuse et notamment un dépassement interdit. Tout d’abord celui-ci s’insurge et avoue à mi-mot que son dépassement n’était pas dangereux.
Photos à l’appui un mensuel soutient le procureur face au flic. Mais celui-ci n’en démord pas. Alors au long de l’été la presse fouillera la vie privée du petit fonctionnaire.
De déballage en déballage (sa sœur est prostituée à Milan) cela finira par donner raison au procureur… Édifiant! Rodolfo Sonego scénariste préféré d’Alberto Sordi s’empare du sujet et le retranscrit à sa manière c’est à dire avec force humour et large méchanceté.
Alberto Sordi qui n’a pas encore son jeu totalement affiné et parfois en rajoute un peu. Mais il incarne à merveille ce fainéant détesté de son voisinage pour ses conseil (in)avisés sur la façon dont travaillent ceux qu’il rencontre. Lui qui ne rêvait que de devenir motard, grâce à son fils et à son sans gêne avec le maire de la ville, finit par obtenir ce qu’il veut. La palette d’Alberto Sordi dans la fainéantise, la bêtise, la naïveté, la couardise, la vanité ou l’entêtement est exceptionnelle.
Vittorio De Sica en maire pas très reluisant que ce soit sur le plan marital (il trompe allègrement sa femme) ou politique (il trempe dans des magouilles immobilières) est lui aussi très bon.
Le film tape à bras raccourci sur les puissants et les faibles et fait un portrait des italiens guère flatteur. Entre corruption morale des élites et lâcheté et dépendance assumée des italiens modestes vis -à-vis de l’Etat. Luigi Zampa avec un tel scénario et un acteur aussi génial n’a plus qu’à faire consciencieusement son métier. Cela suffit pour faire de ce film une pépite de la comédie à l’italienne.
La musique de Piero Umiliani est une des faiblesses du film. Elle est juste illustrative. Par chance elle ne le dénature pas.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
La scène de réprimande du maire pour le comportement laxiste de l’agent Otello Citelli devant une vedette du cinéma et de la télévision. Scène clef du film.
L’ANECDOTE
Deux scènes ont été censurées. L’une de morale politique sur l’injustice et l’autre de morale catholique sur la quasi nudité et l’adultère. Les deux scènes seront rétablies dans la version restaurée en 2004 par a cinémathèque de Bologne et le concours de Sky TV.