Synopsis
Victor vit en Afrique noire, sur un territoire protégé du Kenya entre les grands lacs et la forêt des pygmées qu’il survole avec son petit avion-taxi . Une fois encore il constate que des éléphants ont été tué pour leur ivoire. Il en réfère au conservateur du parc naturel qui lui assure avoir pris les mesures nécessaires. Ce dernier lui demande d’aller chercher à l’aéroport de la capitale régionale une femme et son assistant qui ont l’intention d’investir dans la région. En arrivant sur l’aéroport il aperçoit un trafiquant d’animaux nommé Poulakis. Victor pique une colère noire et saccage l’aéroport. Lorsqu’il rencontre la femme et son assistant qu’il doit ramener dans son village, il s’aperçoit qu’il s’agit de Charlotte sa femme de laquelle il n’a pas divorcé et qu’elle vient implanter un Club Med dans la région…
CRITIQUE
Philippe de Broca rêve de renouer avec son film mythique « L’homme de Rio » (1964) où avec l’aide d’Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger et Jean-Paul Rappeneau il avait su mélanger l’aventure, le dépaysement et la comédie.
Trois ingrédients harmonieusement mélangés et soutenus par un rythme effréné.
Beaucoup de ses films ont voulu être composés sur cette base: « Les tribulations d’un chinois en Chine » (1965), « La poudre d’escampette » (1971), « Le magnifique » (1973), « On a volé la cuisse de Jupiter » (1980), et « Amazone » (2000). Plus jamais il ne retrouvera cette grâce qui toucha son chef d’œuvre.
« L’africain » qui est plutôt une bonne comédie n’atteint donc pas le niveau de « L’homme de Rio« . C’est juste une question de rythme.
Pourtant les acteurs ont la pêche.
Catherine Deneuve qui a souvent brillé en tant qu’emmerdeuse dans les comédies comme « La vie de château » (1965) ou « Le sauvage » (1975) les deux réalisés par Jean-Paul Rappeneau, emballe le film dès qu’elle apparaît.
Philippe Noiret est lui aussi dans le ton.
Je pense que la faiblesse du film est dans la volonté du réalisateur de vouloir nous en mettre plein la vue avec les paysages africains. Ceux-ci sont trop exposés à nos yeux, et la scène sur le bateau qui remonte le fleuve un peu longuette.
De plus l’histoire « policière » est mal construite et là c’est la faute de Gérard Brach le scénariste et aussi du réalisateur. Le méchant ne fait que des apparitions épisodiques pourtant Jean Benguigui fait un trafiquant grec libidineux plutôt intéressant.
Cependant le film est tout de même plaisant à voir et quelques bons moments entre Catherine Deneuve et Philippe Noiret, qui forment un beau couple de cinéma et nous permet de rire bien souvent.
La musique de Georges Delerue est une fois encore somptueuse. Surtout le morceau qui souligne la tendresse éternelle qui unit le couple.
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Le saccage de « l’aéroport » par Victor. Une cahute en bois qui tombe et c’est le poste de commandement qui s’écroule, un pilône lui aussi en bois avec en haut une cabane et c’est la tour de contrôle qui menace de s’écraser au sol.
L’ANECDOTE
Philippe de Broca a dit à propos de Catherine Deneuve sur le tournage :
« Le matin, comme tout le monde, elle secouait ses chaussures pour chasser les scorpions, elle se mettait un peu de crème pour éloigner les moustiques, elle criait aux crocodiles qui faisaient un bruit d’enfer en remuant leurs mandibules : » Vos gueules, les crocodiles ! « . Tout juste si, au Kenya, elle ne flattait pas les éléphants comme des chiots inoffensifs« .