Synopsis

Ankara 1944 Diello, le valet de l’ambassadeur de Grande Bretagne en Turquie, prend contact avec le bras droit de l’ambassadeur nazi Franz Von Papen, Ludwig Carl Moyzisch. Diello qui n’a été que valet toute sa vie, voit par le biais de l’espionnage une façon de prendre sa revanche sociale et de s’enrichir très vite. L.C. Moyzisch transmet les tous premiers renseignements qui s’avèrent précis et vérifiés. Les allemands le surnommeront Cicéron. Diello a besoin d’aide et fait appel à une comtesse polonaise qu’il a servi quelques années auparavant et qui ruinée par la guerre s’est réfugiée en Turquie. Elle a cependant conservé des relations dans le corps diplomatique allemand. Diello lui demande de lui garder l’argent qu’il va amasser et de louer une vaste demeure où elle pourra inviter lors de fastueuses soirées les personnes avec lesquels il traitera des informations qu’il livrera…

CRITIQUE

Basé sur des faits réels, et adapté des mémoires de Ludwig Carl Moyzisch, Joseph L. Mankiewicz s’offre cependant de larges privautés avec les faits.

Mais cela ne l’empêche pas de faire un grand film d’espionnage et aussi de mœurs.

C’est une histoire de revanche.
Revanche du valet sur la classe qu’il a servi et qui l’a humilié en étant maître du jeu que ce soit vis-à-vis des allemands ou de la comtesse.
Revanche de la comtesse sur les allemands qui l’ont ruiné.
Mais aussi (même si c’est en délié) revanche de l’aristocratie militaire allemande sur les dignitaires nazis vulgaires et bornés auto-aveuglés par leur paranoïa, alors que la défaite s’annonce et que l’opération Overlord qui ouvrira un deuxième front à l’ouest et dont ils auront eu les détails, leur passera sous le nez, sans qu’ils aient su la contrer.

Joseph L. Mankiewicz met merveilleusement en scène ces gens (les espions) sans scrupules ni idéologies qui n’ont qu’un seul but s’enrichir quelque soit le moyen quitte à favoriser dans une guerre un régime odieux.
Pour cela il a comme fantastiques acteurs le très britannique James Mason et la superbe française Danielle Darrieux au sommet de sa beauté. Tous deux servent magnifiquement le film.
Les autres rôles sont aussi très bon notamment Oscar Karlweiss en Moyzisch et John Wengraf en Von Papen désabusé ainsi que Herbert Berghof en Colonel Von Richter à la fois séduit par Cicéron lorsqu’il est face à son espion, puis méfiant dès qu’il s’en éloigne.

La réalisation minutieuse est irréprochable. Les scènes de tensions sont magnifiquement orchestrées, et les scènes d’exposition bien amenées et pour un film complexe.

La musique de Bernard Herrman vous emballe tout ça comme avec du papier cadeau! Un régal!

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Cicéron passe un marché avec son ex-employeur la comtesse Anna Staviska ruinée et aux abois. Belle scène de deux ambitieux qui ne veulent pas trop montrer à quel point ils sont dépendants l’un de l’autre.

L’ANECDOTE

Le film se base d’une part sur les mémoires de Ludwig Carl Moyzisch qui a relaté quelques années plus tard dans un livre ces faits d’espionnage. D’autre part des mémoires de Elyesa Bazna dit « Cicéron » par les services secrets allemands. Le réalisateur a rencontré le véritable espion durant le tournage des extérieurs à Ankara.

NOTE : 17/20

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