A CHACUN SON DÛ
- Franco Tranchina, Gabriele Ferzetti, Gian Maria Volonté, Giovanni Pallavicino, Irene Papas, Leopoldo Trieste, Luigi Pistilli, Salvo Randone
- Elio Petri
- Mafia, Politique, Thriller
- 1967
- A ciascuno il suo
- Italie
- Elio Petri, Ugo Pirro
- Luis Enriquez Bacalov
Synopsis
Dans un village du centre de la Sicile dans les années 1960, le pharmacien Arturo Manno reçoit des lettres de menace de mort. Ses amis Laurana, Roscio et Rossello sont au courant et le rassurent. C’est sûrement un mari jaloux. Il faut dire qu’Arturo Manno multiplie les conquêtes au nez de sa femme qui est laide. Peu de temps après avoir reçu une énième lettre, Manno part à la chasse avec Roscio. Mais ils tombent dans un guet-apens et sont assassinés. La police conclut à un crime d’honneur vis-à-vis de Manno et à l’assassinat d’un témoin gênant pour Roscio. Mais pour le professeur Paolo Laurana ce meurtre l’intrigue. Et cet homme réservé, célibataire, peu sûr de lui se lance dans une enquête. Il est amené à fréquenter la veuve de Roscio cousine de l’avocat Rossella…
CRITIQUE
Ce film est une libre adaptation d’une nouvelle du grand écrivain sicilien Leonardo Sciascia (1921-1989) qui a tant écrit sur la Sicile, son pays d’origine, et la mafia qui la gangrène depuis des siècles. De ses origines moyenâgeuses jusque dans les années 1980. Que ce soit sous forme de roman, nouvelles ou articles journalistiques.
C’est sur l’aspect des mœurs sexuelles que le film se focalise. Et sur tout ce que cela comprend : Hypocrisie catholique, frustrations, mariages arrangés mais aussi crime d’honneur et crime de jalousie.
Tout au long du film on pense que son sujet est la mafia. Sa violence, sa corruption jusque dans la magistrature et la politique, l’omerta qui la protège, et l’oppression sociale qu’elle engendre.
Mais en fait tout cela n’est que l’ambiance du film. Le véritable sujet est le sexe.
Scénario magistral signé Ugo Pirro qui inaugure une fructueuse collaboration avec le réalisateur Elio Petri. Le scénario est primé à Cannes.
La réalisation de Elio Petri s’attache à filmer les personnages au plus près pour y rechercher une vérité qui ne verra pas le jour. Mais aussi par des effets de zooms, d’images comme volées dans la rue, le cinéaste montre que la mafia est omniprésente dans les rues de Palerme et règne en sous main.
Elio Petri enrôle pour la première fois Gian Maria Volonté. Et ce dernier est bluffant en petit prof plus que trentenaire, timide, frustré sexuellement, qui vit chez sa mère et tombe amoureux de la veuve de son ami assassiné. Cet homme insignifiant qui rase les murs, serre son porte document sur lui continuellement mine de rien progresse dans son enquête et inquiète.
Gabriele Ferzetti en avocat véreux est sensationnel. Enfin Irene Papas en femme fatale à elle seule mérite que l’on s’attarde sur le film.
La musique de Luis Enriquez Bacalov loin des stéréotypes de la musique mafieuse utilise les rythmes et les sons brésiliens qui à l’époque étaient très à la mode. C’est surprenant mais ça marche!
LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE
Paolo Laurana rencontre à Palerme un parlementaire communiste et ancien ami de cellule politique. La discussion finit mal. Même le communiste pourtant à la pointe de la guerre anti-mafia, devient réfractaire à l’enquête que mène Laurana.
L’ANECDOTE
Le film récolte 4 Nastri d’argento pour le scénario, la réalisation, le premier rôle et le second rôle masculin.