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Synopsis

rueducine.com-Jean-Rochefort-photo (5)C’est avec une infinie tristesse que j’ai appris la mort de Jean Rochefort ce 9 septembre 2017.
Il fut un des plus grands acteurs de sa génération. Celle des Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret, Bruno Cremer et Claude Rich.
Né à Paris en 1930, le petit Jean fait des études médiocres dans sa scolarité. D’autant que celle-ci est bouleversée par la guerre, où il se retrouve à Vichy et assiste à la fin de l’occupation à l’affligeant spectacle des femmes tondues en public qui le marquera définitivement.
A 16 ans il est employé à la Banque de France comme tâcheron dans les bureaux.
L’été de ses 17 ans sa scolarité est catastrophique par rapport à celle de son frère aîné Pierre (avec lequel il ne s’entendra vraiment jamais), cependant il passe un été à Saint Lunaire, village balnéaire breton avec une bande d’ami(e)s. Sa verve et ses facilités à créer des univers sont un atout de séduction auprès des jeunes femmes. Quelques pellicules amateur où il interprète des personnages fantasques ont survécu de cette époque.
A l’automne et hiver 1948 il se retrouve à Saint Lunaire, fâché avec son père qui le méprise, à réfléchir sur son avenir. Il s’y ennuie. Il y rencontre Pierre Besson un jeune peintre. Et tous deux lient une amitié et décident de vivre de leur art.

Ils montent à Paris. Jean va suivre les cours du conservatoire national supérieur d’art dramatique. Il fera partie de ce que l’on appellera rétrospectivement la « bande du conservatoire ». Elle est composée de Annie Girardot, Françoise Fabian, Michel Beaune, Pierre Vernier, Bruno Cremer, Claude Rich, Jean-Pierre Marielle, Jean-Pierre Mocky et Jean-Paul Belmondo, le meneur de la bande.
Mais Jean Rochefort est recalé pour passer le concours. Il tombe dans une profonde déprime. C’est Jean-Pierre Marielle qui en passant chez lui le convainc de passer une audition dans la troupe de théâtre Grenier-Hussenot qui à l’époque avait un franc succès.
Il fait quelques apparitions dans des films pour la télévision en 1957 et 1958. Son premier rôle crédité est celui d’un barman dans le film de Michel Deville et Charles Gérard « Une balle dans le canon » (1958).
Puis il apparaît dans son premier film de costumes « Le capitaine Fracasse » (1961) de Pierre Gaspard-Huit avec en vedette Jean Marais. Dans ce film il croise Philippe Noiret (1930-2006). Ces deux acteurs ne cesseront de se rencontrer dans leur filmographie respective. Ils seront les meilleurs amis du monde.
Les seconds rôles des films à costumes très en vogue dans les années 1960. Mais il fait aussi confiance en des projets internationaux qui sont plus ou moins voués à rencontrer un public restreint. Comme ce film franco soviétique tourné par Marcello Pagliero « Vingt mille lieues sur la terre » (1960).
Mais son premier grand succès est « Cartouche » (1962) de Philippe de Broca. C’est Jean-Paul Belmondo qui en est la vedette avec Claudia Cardinale. Jean Rochefort interprète un acolyte du célèbre bandit. Il parvient à obtenir ce rôle grâce à ses amis. D’une part Jean-Pierre Marielle renonce au rôle pour une autre proposition, d’autre part Jean-Paul Belmondo demande à Alexandre Mnouchkine d’embaucher Jean Rochefort qui (ment-il) sait monter à cheval! Jean Rochefort sera contraint de suivre des cours en accéléré ce qui n’empêchera pas les chutes et les blessures.rueducine.com-Jean-Rochefort-photo (11)
Ce film sera le révélateur de sa passion pour l’équitation. Il ira se perfectionner en Camargue sur des chevaux plus petits et deviendra un cavalier émérite. Il entraînera dans sa passion son ami Philippe Noiret. Cette passion commune donnera une amitié quasi fusionnelle entre les deux hommes qui aménageront dans le même village en Ile de France et seront voisins.
Il continue sur la lancée avec « Le masque de fer » film de cape et épée de Henri Decoin avec à nouveau en tête d’affiche Jean Marais. Jean Rochefort joue un bandit.
Après l’obscur « Fort du fou » (1962) de Léo Joannon, il tourne dans une coproduction franco italienne « Symphonie pour un massacre » troisième film de Jacques Deray.
Jean Rochefort continue à enchaîner les seconds rôles dans des films plus ou moins remarquables citons en quelques uns : « La porteuse de pain » (1963) de Maurice Cloche, « La foire aux cancres » (1963) de Louis Daquin, « Les pieds nickelés » (1964) de Jean-Claude Chambon dans lequel il y interprète Croquignol. Charles Denner étant Filochard et Michel Galabru, Ribouldingue.

Enfin il renoue avec le film de cape et épée avec les deux premiers opus de la série des Angéliques. « Angélique marquise des Anges » et « Merveilleuse Angélique » tous deux de l’année 1964 et tous deux tournés par Bernard Borderie. Il joue un policier aux côtés de Michèle Mercier et Robert Hossein.
Il retrouve en 1965 Jean-Paul Belmondo pour « Les tribulations d’un chinois en Chine« (1965) de Philippe de Broca avant de repartir dans un troisième Angélique, « Angélique et le Roy » (1965) toujours de Bernard Borderie. Soit quatre gros succès consécutifs pour Jean Rochefort.
Mais rien n’y fait il n’est toujours pas en tête d’affiche. Et se pose bien des questions. D’autant que son film suivi « A cœur joie » (1966) de Serge Bourguignon est un échec critique et public malgré Brigitte Bardot. Suivi d’un second échec public « Qui êtes vous Polly Magoo? » (1966) de William Klein. Film objet, en noir et blanc qui malgré son prix Jean Vigo fait très peu d’entrées. Le film deviendra culte avec les années auprès des cinéphiles.

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A nouveau Jean Rochefort et Philippe Noiret se retrouvent sur le plateau.
1968 voici enfin Jean Rochefort en tête d’affiche avec Macha Méril pour « Ne jouez pas avec les martiens » de Henri Lanoë comédie pas vraiment réussie et oubliée. Autre film oublié pour lequel il tient le haut de l’affiche « Pour un amour lointain » (1968) d’Edmond Séchan. 60 000 entrées sur l’ensemble du territoire. C’est à dire peanuts.
Le mauvais sort s’acharne.
Jean Rochefort comme la plupart de ses copains du conservatoire sont passés à côté de la Nouvelle Vague. Seul Jean-Paul Belmondo en est devenu l’icône en tournant avec Jean-Luc Godard, « A bout de soufle » puis « Pierrot le fou« .
Jean Rochefort se réfugie dans le cinéma de Philippe de Broca qui le fait tourner dans « Le diable par la queue » (1969) dans le rôle du châtelain sans le sous qui a transformé son château au toit percé en hôtel et tend des traquenards à ses clients victimes de pannes auto inexplicables. C’est Yves Montand qui tient le premier rôle.
Cela permet à Jean Rochefort de renouer avec le succès populaire.
Jean Rochefort se lance dans l’élevage des chevaux destinés à la compétition pour le saut d’obstacles. C’est une activité coûteuse. Mais cette passion est sûrement supérieure à celle du cinéma. La passion et le besoin de la financer vont pousser Jean Rochefort à tourner des films « alimentaires ».
Il ne sombrera jamais dans la basse gaudriole, cependant il peut arriver que certains choix de tournage contrarient sa carrière au cinéma. Jean Rochefort les nommera « les films avoine ».
L’année 1970 permettra à Jean Rochefort de tourner dans trois films qui ne connaîtront pas de postérité. « Le temps de mourir » de André Fawargi, « La liberté en croupe » de Édouard Molinaro et « Céleste » de Michel Gast.
L’année 1971 sera pour l’acteur une année quasiment sabbatique. Il ne tournera que pour la télévision une captation de la pièce de théâtre « Le misanthrope » dans laquelle il joue Alceste.

Jean Rochefort en 1972 pratique un changement physique. Il opte pour la moustache. Celle-ci deviendra légendaire, et il sera bien difficile pour l’acteur de s’en séparer (à de rares exceptions). Celle-ci permet à Jean Rochefort de d’harmoniser son visage et d’affirmer sa personnalité de gentleman pince sans rire maniant un humour décalé et sophistiqué.
« Les feux de la chandeleur » (1972) de Serge Korber dans lequel il partage l’affiche avec Annie Girardot devenue l’actrice préférée des français. Ce mélo qui eut du succès en son temps est de nos jours difficile à voir non pour son sujet mais pour sa réalisation prétentieuse et boursouflée.
Il enchaîne avec un immense succès populaire signé Yves Robert. « Le grand blond avec une chaussure noire » (1972). Film de comédie sur l’espionnage et les grenouillages qui le composent. Il y joue le colonel Toulouse chef de l’espionnage français. Mais c’est un second rôle. La vedette du film est Pierre Richard.rueducine.com-Jean-Rochefort-photo (10)
Et joue dans un autre succès « L’héritier » (1973) de Philippe Labro. Une fois encore il joue derrière Jean-Paul Belmondo qui incarne un magnat français de l’industrie, de la finance et de la presse un conseiller de celui-ci.
Cette même année il joue dans « Le complot » de René Gainville. Jean Rochefort joue un cadre militaire qui se range derrière l’O.A.S. et fomente un complot contre le général de Gaulle. Il a pour partenaires Michel Bouquet, Michel Duchaussoy, Marina Vlady et Raymond Pellegrin.
Il se rend en Italie pour tourner un thriller raté de Michele Lupo « L’homme aux nerfs d’acier » (1973). Film « avoine » donc.
Retour en France mais tournage avec un acteur italien : Marcello Mastroianni qui reprend le rôle écrit pour Yves Montand. Yves Robert convoque les deux acteurs pour « Salut l’artiste » (1973). Film hommage aux petits acteurs et seconds rôles qui courent le cachet. Le film n’est pas franchement réussi. Peut-être parce que la comédie vire trop à l’aigre.
Toujours dans la comédie, Jean Rochefort participe au septième film de Michel Audiard « Comment réussir quand on est con et pleurnichard » (1974). Ce n’est pas le meilleur film du célèbre scénariste et dialoguiste.
Mais nous retiendrons surtout cette année 1974, comme celle où Bertrand Tavernier tourne son premier film inspiré d’un roman de Georges Simenon, « L’horloger de Saint-Paul« .

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Il prévoit d’avoir dans sa distribution Philippe Noiret qui aide le réalisateur à monter son film financièrement. Il prévoit aussi dans le rôle du policier François Périer. Mais celui-ci se désiste préférant tourner un autre film. Philippe Noiret souffle le nom de Jean Rochefort à Bertrand Tavernier.
Le réalisateur sera enchanté d’avoir à l’affiche de son premier film ces deux hommes qui donnent une sacrée plus-value au film et des conditions de tournage optimales.
Le film est un beau succès et la carrière de Bertrand Tavernier est lancée.

Jean Rochefort tourne la suite pas très indispensable des aventures du grand blond. « Le retour du grand blond » n’a pas la fraîcheur du premier opus. La comédie est bien plus poussive. Mais Jean Rochefort est toujours impeccable dans le rôle du colonel Toulouse.
Il participe au film « Le fantôme de la liberté » de Luis Buñuel. Le film est construit sous forme de cadavre exquis. Luis Buñuel ré-affirme avec ce film son appartenance à la mouvance surréaliste 50 ans après sa création en 1924. Il l’avait déjà fait avec « Un chien andalou » (1929).

Retour en Italie pour tourner un des plus grands films de la comédie à l’italienne signée Luigi Comencini. « Mon dieu comment suis-je tombée si bas? » (« Mio Dio come sono caduta in basso!« ). Jean Rochefort joue l’archétype du séducteur français. Un second rôle. Entre lui et le réalisateur italien l’ambiance est délétère.
Heureusement il retrouve ses amis Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et Bertrand Tavernier pour « Que la fête commence… » (1975).
Film historique qui se situe sous la régence de Philippe d’Orléans. Jean Rochefort interprète merveilleusement l’abbé Dubois qui reprend les pouvoirs qu’ont eu Richelieu puis Mazarin. Entre les ambitions personnelles de Dubois et le désir d’apaisement de Philippe d’Orléans, les deux hommes maintiennent malgré tout une amitié.
Le trio Rochefort, Noiret, Marielle est prodigieux.

Claude Chabrol (1930-2010) qui tourne au rythme hallucinant d’un à deux film par an tourne son second film de l’année 1975 « Les innocents aux mains sales« . Jean Rochefort y a un second rôle. Il interprète un avocat.  C’est Romy Schneider et l’acteur américain Rod Steiger qui tiennent l’affiche.  Ce qui sur le papier semblait un drame bourgeois comme les aimait tant le réalisateur, vire au pas terrible. Claude Chabrol dira lui-même de ce film : « Les Innocents aux mains sales«  était bizarre : il y avait dedans un jeune premier italien qui était hallucinant de médiocrité, épouvantable, mais vraiment à chier (rires)… Romy Schneider était la seule femme du film – même les figurants étaient des hommes – et c’était intéressant de voir que cette fille pouvait se mettre avec n’importe quel crapoteux. Il faut bien dire ce qui est : ce film n’est pas terrible. »rueducine.com-Jean-Rochefort-photo
Jean Rochefort tourne dans un film franco-danois « Un divorce heureux » (1975) de Henning Carlsen. Film à a distribution française, André Dussolier, Bulle Ogier, Bernadette Lafont sont aussi au générique. Mais le film sort quasi incognito et est aujourd’hui totalement oublié.

Un jeune réalisateur issu du journal « Pilote » et de la publicité sur un scénario basé sur des planches du dessinateur iconoclaste Marcel Gotlib. Patrice Leconte recrute un duo improbable de flics Jean Rochefort et Coluche pour « Les vécés étaient fermés de l’intérieur« .
Ce dernier pendant le tournage s’ingénie à déstabiliser Jean Rochefort. De plus Patrice Leconte accumule les bourdes sur son premier film. Jean Rochefort hors-de-lui s’en prend au réalisateur et se fâche à tel point que les deux hommes ne s’adressent plus la parole.
Pis Jean Rochefort tente un putsch auprès des producteurs et se fait bombarder réalisateur au milieu du tournage. Mais l’équipe technique reste solidaire de Patrice Leconte qui finalement reprend sa prérogative et achève le film tant bien que mal dans un climat délétère.
Le film est une catastrophe. Le public ne se déplace pas. Jean Rochefort connaît les pires moments professionnel de sa vie.

Jean Rochefort pense pouvoir se sortir de cette panade avec le réalisateur français le plus inventif et sulfureux de ces années 1970, Bertrand Blier. Mais « Calmos » (1976) qui se veut être le film qui prend à contre-pied la libération sexuelle de la femme malgré les truculents Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Bernard Blier est maladroit et ressemble à un bout à bout de scènes plus ou moins réussies. La fin est horrible de laideur. Le film est un nouvel échec public et critique pour Jean Rochefort qui ne sait plus à quel saint se vouer pour retrouver le succès et sombre régulièrement dans de profondes dépressions allant parfois jusqu’à remettre en question la pertinence de persister dans le métier d’acteur.

La délivrance vient avec « Un éléphant ça trompe énormément » (1976) de Yves Robert. Film sur l’amitié de quatre hommes, et leur déboires avec les femmes. Jean Rochefort est à la tête d’une distribution dans laquelle figurent Claude Brasseur, Victor Lanoux et Guy Bedos. Outre un film de copains, le film est une photographie des années Giscard et de Paris.

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La France se reconnaît dans ce film et offre un immense succès qui manquait tant à Jean Rochefort.
Fort de ce succès Jean Rochefort a vent d’un scénario de Pierre Schoendoerffer sur un commandant de navire militaire atteint d’un cancer des poumons qui part pour une ultime mission. Or Jean Rochefort sait son ami Pierre Besson gravement atteint de cette maladie le plus souvent fatale et s’il a la pudeur (et la trouille) qui l’empêchent de lui rendre visite, sûrement pense-t-il que tenir un tel rôle serait un bel hommage à son ami. Il fait donc des pieds et des mains pour obtenir le rôle, qu’il décroche à force de persuasion.
Mais à un mois du tournage, le doute l’envahit. Le tournage s’annonce éprouvant. Froidures et tempêtes sont au  programme, ainsi que vie à la rigueur militaire. Il veut se faire porter pâle et écrit une lettre au réalisateur comme quoi il renonce. Colère noire de Schoendoerffer et du producteur qui le menacent des pires avanies s’il ne se présentait pas à Lorient pour appareiller.
Jean Rochefort la trouille au ventre se présente donc à bord de l’escorteur Jauréguiberry. Il a pour collègues de tournage son ami du conservatoire Claude Rich, Jacques Perrin et Jacques Dufilho.
Jean Rochefort fait preuve d’abnégation lors du tournage et obtient même le respect des marins professionnels gradés ou non qui au fur et à mesure des jours de tournage admirent l’acteur pour le réalisme de sa prestation.

 

rueducine.com-cesar« Le crabe tambour » (1977) est un succès critique et aussi public même s’il n’atteint pas les chiffres d’entrée de ses comédies. Mais il permet à Jean Rochefort de triompher à la cérémonie des Césars.
Trois mois après la sortie du film Pierre Besson décède.
Il retrouve Yves Robert pour la suite des aventures du quatuor de potes. « Nous irons tous au paradis » est un peu plus amer que « Un éléphant ça trompe énormément » mais séduit tout autant le public.

Nous retrouvons Jean Rochefort et Philippe Noiret dans une production franco américano-allemande  signée Ted Kotcheff dans laquelle des cuisiniers meurent à la façon de leur meilleures recettes. « La grande cuisine » (« Who is killing the great chefs of Europe ?« ) est un gros échec.
Jean Rochefort tourne avec Philippe de Broca « Le cavaleur » (1979) un film co-écrit avec Michel Audiard. Jean Rochefort y interprète un séducteur, pianiste virtuose, qui court le jupon et s’embrouille dans les mensonges. Jean Rochefort est admirable dans ce rôle assez subtil.
Sur le tournage il tombe amoureux de l’actrice Nicole Garcia. Mais elle est citadine et lui campagnard. La liaison dure 7 ans. Et malgré la venue d’un enfant, l’indifférence de Nicole Garcia pour les chevaux, scelle le destin funeste du couple.
Jean Rochefort tourne avec un réalisateur inconnu Achim Kurtz et dont le film restera dans les armoires de la production. « Grandison » (1979). Il a pour partenaire féminine Marlène Jobert alors en pleine gloire. Étrange cet Achim Kurtz qui produit son film qui sera son unique film et son unique réalisation et ne le sort pas en salles.

Il retrouve Yves Robert pour une comédie sur la lâcheté, « Courage fuyons » (1979). Jean Rochefort partage l’affiche avec Catherine Deneuve. Hélas la comédie patine par endroits. Elle conserve cependant quelques moments anthologiques où l’acteur excelle dans son interprétation de la lâcheté, soutenu par une écriture douce amère de Jean-Loup Dabadie et Yves Robert.

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Après quoi comme il en a pris l’habitude il se tourne vers un cinéaste plus confidentiel Moshé Mizrahi. « Chère inconnue » (1979) est un film touchant. Simone Signoret y est pour beaucoup.
Petit crochet en Italie pour un film de Giorgio Capitani en 1980 « Je déteste les blondes » (« Odio le blonde« ). Le titre du film n’étant qu’un titre de livre, et non le sujet du film. Le film a une triste carrière en France. Un peu meilleure en Italie.

Les années 1980 vont être compliquées pour Jean Rochefort qui tournera deux fois moins que dans la décennie précédente. Il subira pas mal d’échecs « Frankestein 90 » (1984) d’Alain Jessua, « Réveillon chez Bob » (1984) de Denys Granier-Deferre, « La galette du roi » (1985) de Jean-Michel Ribes, « Le moustachu » (1987) de Dominique Chaussois;
il connaîtra aussi quelques succès d’estime, « Un étrange voyage » (1980) d’Alain Cavalier, « Il faut tuer Birgitt Haas » (1981) de Laurent Heynemann, « L’indiscrétion » (1981) de Pierre Lary, « Le grand frère » (1982) de Francis Girod, « Un dimanche de flic » (1983) de Michel Vianey, « L’ami de Vincent » (1983) de Pierre Granier-Deferre.
Avec « Il faut tuer Birgitt Haas » et « L’ami de Vincent » il partage l’affiche avec Philippe Noiret. Les deux hommes dans ces deux films montrent une symbiose dans leur jeu qui rendent les films où Noiret et Rochefort jouent ensemble indispensables à tout cinéphile.

Ce n’est qu’en 1988 avec « Tandem » de Patrice Leconte que Jean Rochefort retrouve un public. Sa performance marque les esprits. Cependant lors de la cérémonie des César, le film nommé à de multiples reprises lutte contre « Au revoir les enfants » de Louis Malle et « Le grand chemin » de Jean-Loup Hubert. Le film ne remporte que le césar de la meilleure affiche.
Après la fâcherie lors du tournage des « Vécés étaient fermés de l’intérieur« , Patrice Leconte qui estime Jean Rochefort veut que celui-ci fasse de même. Il prend son courage à deux mains et lui apporte le scénario. Il repart sur une promesse de lecture de la part de l’acteur. Mais Patrice Leconte n’est guère optimiste. Jusqu’au lendemain où Jean Rochefort l’appelle et lui dit « Je t’interdis de faire le film avec un autre« .
Jean Rochefort surprend le plateau par sa gestuelle lors des premiers tours de manivelle. Devant un Gérard Jugnot dubitatif il rétorque « T’inquiète j’ai bossé!« .
Les années 1990 commencent en fanfare avec « Le mari de la coiffeuse«  (1990). Le tandem Patrice Leconte – Jean Rochefort devient mythique. Jean Rochefort trouve le rôle de sa vie avec cet homme qui contemple sa femme à longueur de journées de labeur. Chef d’oeuvre!rueducine.com-Jean-Rochefort-photo
Mais pour Jean Rochefort les années 1990 et 2000 sont pour lui l’occasion de lancer des réalisateurs pour leur premier long métrage. Pierre Salvadori « Cible émouvante » (1993), Philippe Lioret « Tombés du ciel » (1993) « Barracuda » (1997) de Philippe Haïm.
Mais aussi de faire partie d’un cinéma animé par une jeunesse montante et talentueuse. « Blanche » (2001) de Bernie Bonvoisin, « Akoibon » (2005) d’Edouard Baer, « Ne le dis à personne » (2006) de Guillaume Canet, « Désaccord parfait » (2006) d’Antoine de Caunes, « La clef » de Guillaume Nicloux, « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » de Samuel Benchetritt.
Avec Guillaume Canet il lie un lien particulier. Les deux hommes étant cavaliers confirmés, Guillaume Canet faisant même des concours de saut d’obstacle.
Il retrouvera par 4 fois Patrice Leconte. Pour « Tango » (1993) avec Philippe Noiret dans lequel il tient un second rôle. « Les grands ducs » (1996) avec Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle. Tous trois (sur)jouent des ringards du théâtre, « Ridicule » (1996) et « L’homme du train » (2002) affiche qu’il partage avec Johnny Hallyday.
Jean Rochefort n’a jamais abandonné le théâtre excepté pendant une période de dix ans de 1971 à 1982. Puis sur ses dernières années, l’âge et les douleurs dorsales contrariant l’acteur.
Il tourne son dernier film « Floride » (2015) de Philippe Le Guay avec Sandrine Kiberlain. Et y interprète un vieil homme atteint de la maladie d’Alzheimer.rueducine.com-Jean-Rochefort-photo (16)

En 1999 il reçoit un César d’honneur. Il fait un numéro hilarant de 5 minutes sur la scène où lui est remise la statuette.

Jean Rochefort toujours attiré par les jeunes créateurs accepte de devenir un boloss des belles lettres. D’abord diffusé sur le net par Youtube, puis sur France 5 à la télévision, il résume les chefs d’œuvres de la littérature dans un langage inspiré des banlieues des années 2010.  Les textes sont écrits par Quentin Leclerc et Michel Pimpant. Jean Rochefort n’était pas peu fier de foutre la littérature cul pardessus tête et de choquer les pisse-froid. Un régal!rueducine.com-Jean-Rochefort-photo (3)

Jean Rochefort était (avec Philippe Noiret) l’élégance française personnifiée ainsi qu’un raffinement dans l’humour. Il représentait une typologie qui ne s’appliquait qu’à ces deux amis celle du gentleman farmer.  Balayant d’une pirouette et d’un sourire les évocations des crises de dépression qu’il a eu à subir au long de sa carrière.

En 2001 Jean Rochefort reçoit le scénario qu’il n’imaginait jamais recevoir. Celui de Don Quichotte de la Mancha, intitulé « The man who killed Don Quixote » et proposé par Terry Gilliam. Le réalisateur est célèbre pour des films magnifiques comme « Brazil » (1985), « Fisher King, le roi pêcheur » (1991) et « L’armée des 12 singes » (1995).
Un univers à part, très porté sur les effets spéciaux. Bref un curriculum à allécher le moindre acteur. Jean Rochefort accepte et travaille pendant une année les dialogues anglais avec un professeur particulier.
Un mois avant le tournage il rend visite au réalisateur qui prépare le film à Madrid. Jean Rochefort commence par aller voir le cheval qui sera sa Rossinante pour le tournage.
Le cheval suit un régime drastique, on lui voit les côtes. Jean Rochefort est atterré par l’état physique du cheval. On tente de le rassurer en lui disant que c’est un régime sur la durée (40 jours) et qu’il ne souffre pas. Mais il n’est pas convaincu et les tentatives du réalisateur de lui changer les idées en le noyant dans ses recherches techniques pour les effets spéciaux de la scène des moulins à vent n’y fait rien.
Jean Rochefort rentre à Paris le moral en berne. Il doute sur sa participation au film. Mais la pression de son entourage parvient à le convaincre d’aller sur le tournage. Au jour de prendre l’avion, il arrive en retard et se plaint de douleurs abdominales. Mais il prend l’avion et commence le tournage avec Johnny Depp comme partenaire.

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Jean Rochefort arrive sur un tournage chaotique. Les extérieurs se situent à côté d’une base militaire et les avions ne cessent de passer au-dessus, un orage dantesque emporte une partie du matériel avec les torrents de boue, et Jean Rochefort est perclus de douleurs. Deux jours après Jean Rochefort ne peut plus supporter d’être à cheval. Il rentre à Paris et on lui diagnostique une double hernie discale ainsi qu’une infection de la prostate.
Le tournage se poursuit sans lui, mais très vite Jean Rochefort annonce qu’il renonce à ce film. « De toute façon je n’aimais pas ce type » (Terry Gillian) dira-t-il à posteriori.
Il renoncera aussi à monter à cheval. Ce qui signifie pour lui une petite mort.
En 2001 son ami Jean-Paul Belmondo est victime d’un accident vasculaire cérébral qui handicapera notre Bébel dans ses déplacements et son élocution et l’écarteront des tournages ou des planches.
Jean Rochefort subit un second choc en 2006 lorsque son ami Philippe Noiret meurt d’un cancer. Annonçant le début de la fin d’une génération.
Le décès de Claude Rich en 2017 alors qu’il est lui-même hospitalisé n’arrange pas les choses.
Il meurt trois mois plus tard.

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