1 votes 5

Synopsis

Philippe de Broca est né avec une cuillère en argent dans la bouche comme beaucoup de réalisateurs qui ont débuté dans les années 1950-1960.
Il est un peu fainéant à l’école mais sait mettre le coup de cravache nécessaire pour obtenir son baccalauréat et pouvoir faire des études de cinéma. Il sort diplômé en 1953.
Il est enrôlé dans l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Il y officie en tant que cinéaste. Philippe de Broca ne supporte pas la guerre et ses horreurs. Il se jure de ne jamais tourner de drame et de toujours privilégier le rire.

Après un périple africain d’une année, il devient assistant réalisateur pour deux films d’Henri Decoin. Puis pour Claude Chabrol dans son époque Nouvelle Vague « Le beau Serge« , « A double tour » et « Les cousins »  ainsi que François Truffaut pour « Les quatre cents coups« .
Mais Philippe de Broca. Ne fera jamais partie de ce courant de cinéma.
Les tournages commandos? Très peu pour lui. Les scénarios écrits la nuit pour le lendemain matin? C’est pas son truc.

Cependant il fait appel à Claude Chabrol pour devenir le producteur de ses deux premiers films. « Les jeux de l’amour » (1959) qui reçoit un prix extraordinaire au Festival de Berlin, et « Le farceur » (1960).

Il a pour scénariste Daniel Boulanger (1922-2014)  qui écrira plusieurs de ses films. A la musique Georges Delerue (1925-1992) qui l’accompagnera jusqu’à son décès.
Jean-Pierre Cassel tient le premier rôle dans ces deux films.

Puis il tourne  « L’amant de 5 jours » (1961) toujours avec Jean-Pierre Cassel (1932-2007) qui non seulement est de la même génération mais tous deux ont la même apparence physique. C’est un comme un jumeau. Avec lui il tourne des comédies contemporaines dont les thèmes principaux sont l’amour et l’oisiveté. Cette collaboration s’achève avec « Un monsieur de compagnie » (1964).

Entre temps il tourne son premier film en costume « Cartouche » avec Jean-Paul Belmondo en héros virevoltant. Daniel Boulanger écrit le scénario. Comme il écrira les 5 films suivants. Premier gros succès public.

Ils enchaînent avec « L’homme de Rio » (1964) aventures exotiques sud américaines et succès planétaire deviendra l’objet d’inspirations pour de futurs grands cinéastes comme Steven Spielberg.

Une recette qui marche s’exploite. « Les tribulations d’un chinois en Chine » (1965) toujours avec Jean-Paul Belmondo, est un film d’aventures du côté de l’Asie.  Ces deux derniers films offrent une boucle temporelle et psychologique étonnantes.
Les aventures trépidantes vécues semblent n’avoir aucun impact sur la vie du héros qui recouvre sa morne vie d’avant. Retour à la caserne et à la vie d’appelé pour le premier, replongée dans la vie de milliardaire et la dépression pour le second.

Philippe de Broca crée sa société de production « Fildebroc » que sa femme Michelle va gérer et tourne son film le plus « étrange », le plus « baroque » en 1966. Avec « Le roi de coeur » il prend à bras le corps le thème de la folie »douce ». Car les fous du film ne sont pas des dangereux individus apportant de la violence et de l’insécurité. Bien au contraire ils sont vecteurs de poésie, d’enchantement, de bienveillance. Ils investissent une petite ville désertée par les habitants qui ont fui la guerre.
Oui le film manque de rythme, oui le film tourne en rond comme les fous autour de la place du village, oui le film a été un échec commercial mais il apporte au spectateur tant de moments chaleureux et improbables qu’il mérite d’être découvert par un large public. Au générique Alan Bates, Jean-Claude Brialy, Pierre Brasseur, Adolfo Celi, Geneviève Bujold, Françoise Christophe, Michel Serrault, Micheline Presle…

Philippe de Broca retourne à la comédie plus « rationnelle » avec « Le diable par la queue » (1968). Un malfrat après un gros coup s’introduit dans un château-hôtel. Les femmes y ont  bien des charmes et le châtelain aime le farniente. Le film est un succès en salles. Jean Rochefort y fait un numéro remarquable.

Deux ans plus tard Philippe de Broca tourne « Les caprices de Marie » (1970). Ce n’est pas sa meilleure comédie mais encore une fois elle contient des grands moments de loufoquerie voire de surréalisme comme importer un village complet aux Etats-Unis pour en faire un parc d’attraction. Philippe de Broca tombe amoureux de son actrice Marthe Keller.

L’année suivante il tourne « La poudre d’escampette » (1971) peut-être sa moins bonne comédie. Malgré Michel Piccoli, Marlène Jobert et Michael York le film ne fonctionne pas et la comédie est plus terre à terre qu’à l’habitude. Est-ce l’absence de Daniel Boulanger? Est-ce Jean-Loup Dabadie qui n’est pas à la hauteur? Sûrement les deux. Deuxième infidélité : pas de Georges Delerue à la musique mais Michel Legrand. Et c’est, hélas, moins bien.

Ce n’est pas le film « Chère Louise » avec Jeanne Moreau toujours signé Jean-Louis Dabadie qui aidera Philippe de Broca à remonter la pente. D’autant qu’il opte pour un film au ton plus dramatique. Mais on retrouve Georges Delerue à la musique. Musique exceptionnelle.

Peut-être lassé des deux précédents échecs, il se rappelle qu’avec Jean-Paul Belmondo il a fait des cartons au box office. Et il propose « Le magnifique » (1973) à Bébel. Bien leur en prend de le tourner. Le film est un délice d’humour surréaliste qui mélange la vie réelle d’un écrivain de série noire avec la vie fantasmée de son héros.  Francis Veber est au scénario et aux dialogues. Mais très vite entre de Broca et Veber le torchon brûle. On appelle Jean-Paul Rappeneau comme script docteur. Claude Bolling à la musique et c’est réussi. Pour accompagner Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, et Vittorio Caprioli (coproduction franco-italienne oblige).
Le film est un nouveau carton plein pour Philippe de Broca – et Jean-Paul Belmondo.

Sur la lancée ils tournent « L’incorrigible » (1975) scénario et dialogues signés par Michel Audiard. Le film contient quelques soucis narratifs mais Jean-Paul Belmondo y est à son apogée dans la folie, l’art du déguisement voire du travestissement, et de la cabotinerie de bon goût. Le film contient des accélérations de rythme assez phénoménales notamment dans les délires d’escroqueries.
Les dialogues de Michel Audiard font mouche notamment dans la bouche de Julien Guiomar. Geneviève Bujold est l’actrice principale. Charles Gérard et Daniel Ceccaldi complète la distribution. Georges Delerue revient avec une musique à la fois burlesque et mélancolique. Du grand oeuvre.

Retour aux premières amours de la comédie façon Philippe de Broca. « Julie pot de colle » (1977) rappelle les premières comédies avec Jean-Pierre Cassel. Avec plus de folie. C’est Jean-Claude Carrière qui est au scénario et aux dialogues.

« Tendre poulet » (1978) permet de revenir à une comédie où le quotidien est plus « réaliste » même si en période post mai 68 les amours entre une commissaire et un prof de grec ancien à la Sorbonne semblent improbables.
Le film mêle comédie sentimentale et enquête policière. Annie Girardot et Philippe Noiret sont le duo d’acteurs vedettes. Catherine Alric et Hubert Deschamps complètent la distribution. Le film est plébiscité par le public.

Suit « Le cavaleur » (1978). Portrait d’un homme en quête de séduction perpétuelle. C’est sans doute la plus belle réussite filmographique de Philippe de Broca. Et sûrement le film le plus autobiographique.
Jean Rochefort est merveilleux et les thèmes de la mélancolie et du temps qui passe effleurent toujours la pellicule.
Michel Audiard écrit le film pour Yves Montand, Jean Rochefort finalement choisi, demandera des adaptations.

Une suite à « Tendre poulet » a été mise en chantier après le succès du film.
« On a volé la cuisse de Jupiter » (1979) transporte la commissaire et le prof de grec ancien en Grêce pour un film entre aventures et comédie policière.
Michel Audiard est toujours à l’écriture. C’est moins bien que le premier opus. Mais rien de déshonorable. Juste que les personnages ne sont plus des surprises. On retrouve donc Annie Girardot, Philippe Noiret et Catherine Alric. Francis Perrin s’accroche aux wagons.

Philippe de Broca adapte une bande dessinée « Psy » (1981) de Gérard Lauzier. C’est ce dernier qui écrit le scénario. Le film est mineur dans la carrière du réalisateur. Patrick Dewaere, et Annie Duperey sont les têtes d’affiche. Mort Schuman à la musique.

Il revient au film d’aventures avec Catherine Deneuve et Philippe Noiret. Le scénario de « L’africain » est écrit par Gérard Brach. Le trafic de défenses d’éléphants est le fond du film. La comédie le vecteur.
C’est enlevé, les deux stars s’amusent visiblement. Au petit matin Catherine Deneuve invective les crocos trop bruyants. Et laisse des souvenirs de tournage impérissables.
Belle musique ample de Georges Delerue.

Philippe de Broca tourne une grande fresque. Trop grande peut-être pour le format du cinéma. En effet « Louisiane » (1984) est une coproduction Antenne 2 (ex France 2) et Rai 2. Des producteurs espagnols, américains et canadiens mettent aussi de l’argent dans le film.
Bref c’est conçu pour être un téléfilm de 6 épisodes de 52 minutes. Donc pour le grand écran il va falloir couper dans les scènes!
Film qui raconte la survie d’une plantation en Louisiane pendant la guerre de sécession. Le film n’est pas une comédie mais un drame sur fond historique. Philippe de Broca aimerait y exceller mais ce n’est pas le cas. Les quasi trois heures de projection ne suffisent pas pour susciter l’intérêt à un film sans réelle vedette hormis Victor Lanoux.
C’est un four. Il y rencontre Magot Kidder qui partagera sa vie quelques années.

Philippe de Broca écrit seul son nouveau film « La gitane » (1986). Claude Brasseur et Valérie Kaprisky tiennent l’affiche.
Le film n’a pas le charme de ses comédies des années 1960-1970. La mayonnaise ne prend pas.

Retour au drame historique avec « Chouans! » (1988). Retour de Daniel Boulanger à l’écriture. Les guerres vendéennes sous la révolution française sont le fond historique. Le film est meilleur que « Louisiane« , mieux calibré (bien que toujours destiné à être diffusé en 4 épisodes de 52 minutes à la télévision). Et pourtant le film n’entre pas dans ses frais. Une génération montante d’acteurs Stéphane Freiss et Lambert Wilson tiennent les grands rôles avec Philippe Noiret et Sophie Marceau. Philippe de Broca qui se voit plus réalisateur de drames historiques que de comédies familiales en conçoit une certaine amertune.

Ce n’est hélas pas le film « Les 1001 nuits » (1990) qui rassérènera le réalisateur qui fait un four retentissant. Le film est à nouveau mal calibré passant de 97 minutes au cinéma à 195 minutes à la télévision. La sortie du film vire au cauchemar moins de 230 000 entrées France.

Nouveau flop avec la comédie « Les clés du paradis » (1991). Une histoire de frères qui échangent leur vie.

Philippe de Broca calme les chevaux et prend un long temps de réflexion, et voit quelques projets sombrer dans les méandres de la production avant son prochain film!
Adaptation d’un roman de Paul Féval et relecture moderne. (un film d’André Hunebelle avec Jean Marais et Bourvil était sorti en 1959). Jean Cosmos et Jérôme Tonnerre écrivent le scénario.

« Le bossu » (1997) est enfin un énorme succès pour Philippe de Broca qui parvient à faire sa fresque historique. Philippe Sarde compose une superbe musique.

En 2000 mal lui en prend de vouloir retourner au film d’aventures avec un Jean-Paul Belmondo de 67 ans. Et une Arielle Dombasle loin d’être la meilleure actrice en France. Le scénario de Philippe de Broca n’est guère folichon. Patatras: moins de 80 000 entrées pour « Amazone ».

L’ultime film de Philippe de Broca est une adaptation d’un roman d’Hervé Bazin.  « Vipère au poing » (2004) permet au réalistaeur de finir sa carrière sur un film « qualité française » et avec un score honorable au box office.

Le cinéma de Philippe de Broca est synonyme de comédies mâtinées de poésie, et de contemplation. Les héros de Philippe de Broca aiment la pêche, se poser au bord d’une plage, contempler la vie par la fenêtre, ou la lune sur une poutre. Même dans les films à costumes il offfre de beaux moments de répits (repos) à ses personnages hyperactifs. C’est aussi pour ces moments furtifs que Philippe de Broca est si précieux.

 

 

 

 

 

Video & Photo

30 photos

Write a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *