SERGIO LEONE (1929-1989), RÉALISATEUR, Biographie, Filmographie
- Burt Young, Charles Bronson, Claudia Cardinale, Clint Eastwood, Danny Aiello, Eli Wallach, Elizabeth MacGovern, Frank Wolff, Gabriele Ferzetti, Gian Maria Volonté, Henry Fonda, James Coburn, James Hayden, James Russo, James Woods, Jason Robards, Joe Pesci, Larry Rap, Lea Massari, Lee Van Cleef, Mario Brega, Robert De Niro, Rod Steiger, Rory Calhoun, Steve Reeves, Treat Williams, Tuesday Weld, William Forsythe
- Bob Robertson, Sergio Leone
- Biographie, Buddy movie, Mafia, Peplum, Politique, Western, Western italien
- 1929-1989
- Italie, USA
- Age & Scarpelli, Bernardo Bertolucci, Dario Argento, Fulvio Morsella, Luciano Vincenzoni, Sergio Donati
- Dans Savio, Edda Dell'Orso, Ennio Morricone, I Cantori Moderni
Synopsis
Sergio Leone a d’abord fait ses armes en tant qu’assistant à la réalisation notamment sur des films comme « Le voleur de bicyclette » (1948) de Vittorio de Sica « Quo Vadis » (1951) de Mervyn Leroy qui sera son premier péplum et pour lequel il est le réalisateur de la seconde équipe; il tournera certaines scènes d’action. Il a aussi travaillé en tant qu’assistant réalisateur de seconde équipe sur « Ben-Hur » (1959) de William Wyler, et a aidé Andrew Marton pour le tournage de la légendaire course de chars.
Juste avant Sergio Leone était assistant de Mario Bonnard sur « Les derniers jours de Pompéi » (1959). Mario Bonnard ayant des problèmes de santé il a remplacé le réalisateur et a donc réalisé son premier film: un péplum.
Devant cette réussite on lui demande de tourner un second péplum : « Le colosse de Rhodes » (1960). Succès.
En 1962 il reprend sa casquette d’assistant pour le film « Sodome et Gomorrhe » Robert Aldrich, mais les deux hommes ne s’entendent pas et Leone sera finalement remercié. Le genre du péplum ne plaît pas beaucoup à Sergio Leone. Sa chance c’est qu’en 1963 le genre subit un désintérêt brutal et la société de production « Titanus » est en faillite. Il faut donc réaliser d’autres films.
A la télévision une série allemande « Winnetou » rencontre un grand succès. Ce western télévisé rejette les codes américains du genre. Ce western « choucroute » un peu fleur bleue et écolo va très vite péricliter. Mais cela va donner des idées aux réalisateurs et scénaristes italiens. Ils vont délibérément salir le genre, en faisant de leur héros des hommes sans foi ni loi. Des films westerns noirs, très violents, certains nihilistes (chez Sergio Corbucci) d’autres avec un message politique socialiste (chez Sergio Sollima ou Damiano Damiani).
Sergio Leone en 1964 tourne « Pour une poignée de dollars« . C’est l’adaptation en western du film de Akira Kurosawa « Yojimbo » (1961) et l’esprit d’une pièce de Goldoni « Arlequin serviteur de deux maîtres ». Sergio Leone compte tenu de son budget serré engage Clint Eastwood qu’il a vu dans une série américaine de western « Rawhide« , et un acteur de théatre Gian Maria Volonté. Sergio Leone tourne ses extérieurs en Espagne, ses intérieurs a Cinecittà. Pour la musique il fait appel à un jeune musicien Ennio Morricone. Qui s’avérera être un camarade de collège… Ce dernier lui sert une musique jamais entendue jusqu’à présent et qui marque les esprits. Ennio Morricone introduit à sa musique sans pareille, des bruitages et des sifflets. Des sons amplifiés et des chœurs sauvages.
Clint Eastwood en plein accord avec son réalisateur épure les dialogues de son personnage et crée un héros avare de paroles voire taciturne, violent et roublard.
Sergio Leone utilise la technique du Techniscope pour des raisons économiques mais parvient à maximiser ses possibilités pour ses plans extraordinaires. Que ce soient des gros plans ou des plans larges.
Le western italien (dit spaghetti) trouve son premier immense succès populaire.
Au générique original, scandé par les coups de fouets et les coups de feu, Sergio Leone se nomme Bob Robertson et Ennio Morricone, Dan Savio. Le film sort dans une salle de banlieue de Rome. Et le bouche à oreille transformera ce film en un phénomène qui fera le tour du monde. Sergio Leone accompagné de Ennio Morricone et Clint Eastwood vient de lancer un nouveau genre dans lequel vont s’engouffrer pléthore de cinéastes ayant plus ou moins de talent.
Ce qui fera dire à Sergio Leone: « Je suis le père de cinquante fils de putes« . Il faut dire que le personnage de Sergio leone est bien moins sympathique que son œuvre. Le personnage est très imbu de lui-même, peu de gens trouvent grâce à ses yeux. C’est aussi un tyran sur son plateau.
1965 Sergio Leone fort de son succès et avec un budget multiplié par trois, remet le couvert. Il enchaîne avec le tournage de « …Et pour quelques dollars de plus« . Il rappelle Clint Eastwood ravi, et Gian Maria Volonté pour incarner un méchant encore pire que dans le premier opus. Il veut Henry Fonda mais peine perdue. Il se rabat sur Lee Marvin qui ne peut pas, il songe donc à Lee Van Cleef, gueule incroyable qui a débuté dans « Le train sifflera trois fois » en 1952 pour jouer un méchant et a ensuite creusé son sillon dans ce répertoire au cinéma dans des petits rôles ou à la télévision tout au long des années 1950 et jusqu’à son débarquement dans le western italien où il enchaînera les rôles grâce à son physique (et aussi son talent).
Fulvio Morsella et Luciano Vincenzoni aident le réalisateur au scénario et aux dialogues. Des flash-backs seront introduits dans le récit afin de donner de l’épaisseur aux personnages.
Sergio Leone demande à Ennio Morricone de composer la musique du film à la lecture du scénario. Car dorénavant la musique sera enregistrée avant le tournage pour permettre aux acteurs de se mouvoir sur la musique du film. La musique de ce film est plus belle que « Pour une poignée de dollars« . Notamment deux morceaux magistraux: la musique du duel dans l’église qui commence sur la musique d’une montre se poursuit par un orgue et finit sur un solo de trompette en forme de degüello. La musique d’adieu au colonel Mortimer avec hautbois et chœurs.
Le sujet traité par Sergio Leone est rare au cinéma: il s’agit de deux chasseurs de prime qui s’associent afin d’anéantir une bande de hors-la loi. Leur chef « Indio », assassin notoire se drogue à la marijuana et cela le rend incontrôlable. Le sujet des chasseurs de prime sera repris avec un certain bonheur par Sergio Corbucci dans « Le grand Silence » (« Il grande Silenzio« ) (1968).
« …Et pour quelques dollars de plus » est un grand succès et permet à Sergio Leone d’achever sa trilogie des dollars avec son nouvel opus « Le bon , la brute et le truand » (« Il buono, il brutto, il cattivo« ) l’année suivante (1966). Pour cette chasse au trésor à travers un ouest déchiré par la guerre de sécession qu’est le film Clint Eastwood et Lee van Cleef sont là. Parmi eux un nouveau venu Eli Wallach qui avait tourné dans trois films marquants « Baby Doll » de Elia Kazan (1956), « Les 7 mercenaires » de John Sturges (1960) et « Les désaxés » (« The misfits« ) de John Huston (1961). Il interprètera Tuco rôle hautement picaresque, qui deviendra récurrent dans les prochains films de Sergio Leone.
Au scénario et dialogue il est aidé par Luciano Vincenzoni et le duo Age & Scarpelli qui savent manier la comédie et ont déjà signé plusieurs chefs d’œuvres du cinéma italien: « Le pigeon » de Mario Monicelli (1958) « La grande guerre » toujours de Mario Monicelli (1959), « La marche sur Rome » (« La marcia su Roma« ) de Dino Risi (1962), « Les monstres » (« I mostri« ) de Dino Risi (1963) et « Séduite et abandonnée » (« Sedotta ed abbandonata« ) de Pietro Germi (1964). Ces quatre là signent le premier chef d’œuvre du Maître du western italien. Mais du travail des deux compères Age & Scarpelli il ne restera pas grand chose, Sergio Leone étant mécontent de leur vision du western.
Sergio Leone promène trois personnages pas plus recommandables les uns que les autres à la recherche d’un trésor caché par un soldat sudiste. Les alliances seront diverses et éphémères entre les trois hommes. Ils vont vivre en marge du chaos que provoque le conflit sécessionniste tout en profitant de ce chaos pour commettre leurs méfaits.
Enorme fresque de près de 3 heures dans sa version intégrale, aux Etats-Unis et en France c’est une version tronquée de 2 heures 40 qui passera dans les salles. Bien entendu Ennio Morricone signe une musique qui marque les esprits. Au générique les Chœurs de I Cantori Moderni interprétant des cris de coyotes. Le morceau nommé « l’estasi dell’oro » durant lequel Tuco court dans le cimetière de Sad Hill à la recherche d’une tombe est sublime. La voix de la soprano Edda dell’Orso y est pour beaucoup. Enfin le film s’achève sur un triello (duel à trois) encore avec la trompette en forme de degüello.
Sergio Leone ne veut plus faire de western d’ailleurs il un grand projet qui s’appelle « Il était une fois l’Amérique » qui raconte l’histoire de gangsters dans les années 1920-1930. Les producteurs américains accueillent Sergio Leone à bras ouvert mais ne financent pas son projet effrayés par les moyens nécessaires pour fabriquer le film. Tous veulent qu’il refasse un western avec pour promesse de produire son projet par la suite.
Sergio Leone réclame de l’argent pour son prochain western et convoque à l’écriture Dario Argento et Bernardo Bertolucci qui ne sont pas encore les futurs cinéastes qu’ils deviendront dans les années 1970. Puis avec Sergio Donati il remanie le script jusque sur le tournage. Il avait travaillé sur « …Et pour quelques dollars de plus » (« Per qualche dollaro in più« ) sans être crédité au générique. Entre temps il a collaboré sur deux grands westerns italiens « Colorado » (« La resa dei conti« ) inédit en France de Sergio Corbucci (1966) et « Le dernier face à face » (« Faccia a faccia« ) de Sergio Sollima (1967). Il retravaillera sur le projet fourni par les deux premiers.
C’est la Paramount qui va financer royalement en 1968 le western du Maître « Il était une fois dans l’ouest » (« C’era una volta il west« ).
Clint Eastwood lui refuse le clin d’œil à la série des dollars en ne voulant pas mourir au début du film aux côtés de Eli Wallach et Lee van Cleef qui eux étaient partants. Mais il parvient à faire venir Henry Fonda et Charles Bronson ainsi que Jason Robards pour lequel il voue une admiration sans borne. Sont aussi du casting deux stars italiennes : Claudia Cardinale et Gabriele Ferzetti. Ainsi que quelques guests comme Lionel Stander, Frank Wolff et Paolo Stoppa. Peu de scènes sont tournées aux États-Unis (Monument Valley). C’est surtout en Espagne et à Cinecittà pour les intérieurs que le tournage aura lieu.
Bien entendu la partition musicale Ennio Morricone donne à chaque personnage un caractère. Celui d’Harmonica étant un tube mondial. Rarement une musique de film avait autant marché dans les charts.
Ce film sera le summum du genre. Son succès mondial sera phénoménal. Mais ce n’est pas pour autant que les studios américains lui permettront de s’atteler à la réalisation de son rêve.
Sous la contrainte des studios qui le font un peu chanter sur de vagues promesses de financement de son grand film sur l’Amérique, il se résigne donc à se lancer dans la production d’un film proposé par un studio « Il était une fois… la révolution » (« Giù la testa!« ).
Titre français trompeur laissant supposer un lien direct avec l’opus précédent alors que le sujet et l’ambiance sont radicalement différents.
Le réalisateur Peter Bogdanovich devait le réaliser. Mais un désaccord artistique fait qu’il jette l’éponge. Sergio Leone se tourne donc vers son assistant à la réalisation Giancarlo Santi. Mais Rod Steiger principale vedette du film avec James Coburn refuse de tourner si ce n’est pas Sergio Leone qui est le metteur en scène. Par la force des choses, Sergio Leone se voit obligé de tourner le film et de mettre de côté sa recherche de financement pour son projet « Il était une fois l’Amérique« .
Sergio Leone convoque d’urgence Sergio Donati pour remanier le scénario. Comme ils l’ont fait sur « Il était une fois dans l’ouest » ils réécriront les scènes jusque sur les lieux de tournages.
Ennio Morricone avait déjà composé la musique. Celle-ci n’a plus le caractère western des films précédents. Elle est plus nostalgique mais tout aussi magnifique.
Le propos du film étant d’une amertume prononcée. Révolutions et politique dans quelque lieu sur la planète que ce soit n’amènent que désillusions et perte de l’innocence. Le film est donc la rencontre d’un chef de famille nombreuse bandit, un peu voleur de poules et naïf, avec un ex-membre de l’IRA reconverti dans le mercenariat révolutionnaire, artificier, et cynique. Ces deux personnages seront mêlés à la révolution zapatiste mais chercheront à s’en dégager pour ne pas être happés par elle. En vain.
Sans atteindre les chiffres de fréquentations de « Il était une fois dans l’ouest« , « Il était une fois… la révolution » est un film très rentable. Mais pour Sergio Leone c’est le début d’une longue, très longue recherche de plus de 10 ans pour le financement de ce qui sera son chef d’œuvre ultime: « Il était une fois en Amérique » (« Once upon a time in America« ). Adaptation d’un roman de Harry Grey ex-gangster juif connu sous le nom de Harry Goldberg. Entre temps il perd le nom de son projet et doit le réadapter.
Pendant ces dix années, Sergio Leone hante les festivals à la recherche de financements, et produit quelques projets. « Mon nom est Personne » (« Il mio nomme e Nessuno« ) de Tonino Valerii (1973). Il sera aussi réalisateur de la seconde équipe, « Un génie, deux associés, une cloche » de Damiano Damiani (1975), Deux westerns italiens qui annoncent la fin du genre épuisé d’auto-parodie. « Qui a tué le chat? » (« Il gatto« ) de Luigi Comencini (1977), « Un jouet dangereux » (« Il gioccatolo« ) de Giuliano Montaldo (1979) et deux films du comique italien Carlo Verdone « Un sacco bello » (1980) « Bianco, rosso, e Verdone » (1981). Tous ces films sont musicalisés par Ennio Morricone.
Sergio Leone annonce lors d’un festival qu’il va réaliser une grande fresque télévisée sur la vie de Marco Polo en coproduction avec la Chine. Mais finalement le projet est mené à bien par Giuliano Montaldo avec des coproducteurs américains et sera tourné en 1982 puis diffusé sous le titre « Marco Polo« . Une fois de plus Ennio Morricone illustrera de sa musique la série télévisée.
Sergio Leone rencontre le producteur américain Arnon Milchan qui est très intéressé par le projet de « Il était une fois en Amérique » (« Once upon a time in America« ). Il parvient à faire suivre la Warner bros. et enfin le tournage peut commencer. Ce ne seront pas Richard Dreyfus et Gérard Depardieu les acteurs principaux comme il en avait rêvé dix ans auparavant. Mais Robert de Niro et James Woods, entourés d’une flopée d’immenses acteurs: Treat Williams, Elizabeth MacGovern, Tuesday Weld, James Hayden, Joe Pesci, Larry Rap, Danny Aiello, William Forsythe, Burt Young, Mario Brega, James Russo et la débutante Jennifer Connelly.
Ennio Morricone sublime les images avec sa musique ultra nostalgique et signe peut-être la plus belle musique de film jamais composée. Encore une fois celle-ci était déjà enregistrée avant le début du tournage.
Tonino Delli Colli est à la photographie. Il parvient par son talent à donner une identité visuelle aux trois époques du film 1922 la jeunesse, 1933 la montée en puissance des gangsters grâce à la prohibition, 1968 l’heure des règlements de comptes, des bilans désastreux, et des échecs de deux vies.
Le tournage se fait dans le plus grand secret aux Etats-Unis, Canada, France et Cinecittà pour les intérieurs. Le budget initial ne suffit pas il faut tirer les rallonges… car le tournage dure plus d’une année. Enfin le film sort aux États-Unis et… c’est un bide! Par chance en Europe cela se passe un peu mieux le film rentre dans ses frais. Mais les producteurs deviennent frileux devant les exigences artistiques (et financières qui en découlent) du metteur en scène. Il a un nouveau projet: « Les 900 jours de Leningrad » mais le montage financier est long et épuisant.
Sergio Leone meurt le 30 avril 1989 sans avoir pu mener à bon port son dernier film tentaculaire. Et sur un chef d’œuvre accompli mais mal apprécié du public.