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Synopsis

Sicile début des années 1960, petite ville de Sciacca, Agnese Ascalone qui a un peu plus de 16 ans faute avec Peppino Califanno, un étudiant et fiancé officiel de sa sœur Matilde. Mais elle se repent et son comportement étrange met en alerte sa mère et son père Vincenzo Ascalone. Ce dernier pour une question d’honneur de la famille Ascalone exige alors un mariage entre Agnese et Peppino qui s’y refuse estimant qu’il est dans son droit que sa femme fut vierge et que si Agnese a succombé si facilement qu’en sera-t-il dans l’avenir? …

CRITIQUE

Sur un scénario signé Agenaro « Age » Incrocci et Furio Scarpelli, connus sous l’appellation Age & Scarpelli maîtres des scénarii de comédies à l’italienne, appuyés par Luciano Vincenzoni, qui avait déjà collaboré avec le duo précité mais qui dans les années 1970 et 1980 s’est fourvoyé dans des œuvres mineures, et le réalisateur Pietro Germi homme du nord de l’Italie éprouvant un amour-haine pour la Sicile, « Séduite et abandonnée » est un film qui naît sous les meilleurs auspices. Et s’avère être un chef d’œuvre.

Pietro Germi (1914-1974) et ses scénaristes décortiquent les mœurs sexuelles et morales de la Sicile des années 1950-1960. Le discours du père de famille Ascalone ressemble étrangement par son vocabulaire et par les moyens qu’il exerce pour parvenir à ses fins (le mariage de sa fille mineure et déflorée avec un étudiant un peu bête et lâche) au vocabulaire utilisé par les pontes de la mafia. « Honneur », « famille », « vengeance »,  et « respectabilité ».

Le réalisateur prend pour témoin de l’affaire le chef des carabiniers qui rêve d’une Italie sans Sicile bien plus séduisante à ses yeux. Ce chef carabinier semble bien être Pietro Germi lui-même.
Le réalisateur est horrifié par les mœurs de certains siciliens à la vendetta facile pour des raisons vaines et égoïstes comme l’honneur et la famille quand une police et des tribunaux sont à leur disposition pour régler ces différends.

Il s’interroge aussi comme dans son opus précédent « Divorce à l’italienne » (« Divorzio all’italiana« ) (1961) sur le bien fondé de la législation italienne qui régit les mœurs de façon étrange, favorisant la violence envers les femmes.

Magnifique répartition des rôles Saro Urzi (1913-1979) qui a la puissance d’un Raimu mais avec une gestuelle encore plus méditerranéenne et brouillonne.
Et Stefania Sandrelli allie la beauté, la grâce ainsi que le talent.
Tous les seconds rôles comme Aldo Puglisi le tombeur bêta, Leopoldo Trieste le baron déchu, Lando Buzzanca le fils idiot, Umberto Spadaro le consigliere retors, Oreste Palella le chef carabinier anéanti par le spectacle et Paola Biggio la grande perdante de l’histoire sont excellents et servent la comédie de façon magistrale.

Je n’oublie pas la superbe musique de Carlo Rustichelli qui n’hésite pas à emprunter à la musique western pour illustrer cette tragi-comédie bouffe.

Film rare sur les écrans français (petits et grands) à surveiller de près!

 

LA SCÈNE D’ANTHOLOGIE

Le maréchal des carabiniers de Sciacca dans son bureau a affiché sur le mur de son bureau la carte de l’Italie. Et lorsqu’il met la main sur la Sicile de façon à l’occulter complètement, le maréchal est bien plus satisfait du résultat. Tout est dit!

L’ANECDOTE

Ce film est le deuxième film d’inspiration sicilienne de Pietro Germi. « Divorce à l’italienne » (« Divorzio all’italiana« ) (1961) en est le tout premier…

NOTE : 17/20

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